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LUTTE CONTRE LE TERRORISME Le Président Macky Sall face au lobby des mollahs

Le coup de filet dans les rangs de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal par l’interpellation et l’incarcération de cinq de ses membres, dans le cadre d’une enquête antiterroriste ouverte depuis le mois de juin, est certes un exemple de fermeté, mais c’est aussi une grande épreuve du pouvoir de Macky Sall face au lobby des mollahs sénégalais.

 president senegalais macky sall  

Comme nous l’annoncions dans notre  numéro précédent, le Sénégal est désormais directement confronté à la menace terroriste. Heureusement que les services de sécurité de ce pays, très vigilants jusqu’à présents, ont pu permettre des actions préventives efficaces, notamment en tuant dans l’œuf toute tentative de création d’un réseau fondamentaliste musulman qui pourrait constituer un terreau fertile pour la poussée terroriste. Mais les imams et prédicateurs manifestent leur désapprobation suite à l’arrestation de cinq d’entre eux, accusés d’apologie du terrorisme.

La structuration de la société musulmane sénégalaise, selon un modèle presque féodal où le pouvoir spirituel et l’influence religieuse appartiennent à des familles reconnues, n’a pourtant pas posé un problème à l’évolution moderne de ce pays qui s’accommode tant bien que mal de cette réalité. C’est même une identité de la société sénégalaise. Il y a peu, on s’en glorifiait pratiquement, puisque cela peut constituer un rempart sûr contre l’idéologie propagée par les groupes de la centrale terroriste comme Aqmi, l’Organisation de l’Etat islamique, Boko Haram, les Frères musulmans et bien d’autres encore, proches de pays du Golfe persique ou de certaines puissances financières de la péninsule arabique.

Mais depuis un certain temps, le danger semble venir des imams et prêcheurs dont certains, profitant du boom télévisuel au Sénégal, sont parvenus à étendre leur influence sur les populations à travers des émissions dites « religieuses ». Bien que n’étant pas issus de ces familles religieuses traditionnelles. Les grandes familles qui produisaient des imams ont été vite débordées par de grands idéologues sortis de grandes écoles du monde arabe, où ils ont été formatés selon une pratique islamique qui divorce d’avec ce qui se fait au Sénégal.

La sortie de Macky Sall comme quoi, même si elle heurte parce que crue, est un appel à la raison. L’air menaçant, le chef de l’Etat laissera entendre : «Nous ne saurions accepter, chez nous, qu’on vienne nous imposer une autre forme de religion; on n’a pas connu jusque-là qu’un Islam modéré et tolérant. C’est une question de la société toute entière, ce n’est pas seulement celui des États ».

Du côté de la pratique religieuse, les divergences se multiplient et les mosquées poussent comme des champignons, mais avec une stigmatisation dangereuse. On distingue la mosquée mouride, celle tidiane, celle des Ibadou Rahmane que l’on appelle wahabbites sous d’autres cieux, celle des chîtes, etc.

Naturellement, ces mosquées qui poussent comme des champignons sont construites très souvent avec des financements occultes de grandes institutions de propagande du fondamentalisme musulman. Le wahabbisme saoudien ou qatari insiste sur la voie culturelle comme la meilleure voie pour propager leur idéologie. Ce n’est pas un hasard si dans la plupart des pays arabes en proie au terrorisme, les mosquées sont surveillées comme du lait sur le feu, parce que centres d’activités de formation et de recrutement de djihadistes.

C’est pour dire qu’en l’état actuel des choses, la surveillance des mosquées est une nécessité qu’impose la lutte contre le terrorisme car ces lieux de culte se trouvent très vulnérables, parce ciblés par la centrale mondiale du terrorisme international qui se couvre du manteau de l’islam.

Après un coup de gueule à travers un communiqué qui dénonce les interpellations de ses membres, la Ligue des imams du Sénégal avait semblé mettre de l’eau dans son vin et avait donné un signal fort de prise de conscience par rapport au danger, en participant à la sensibilisation des populations par des prêches taillés sur mesure.

Sur la base de preuves accablantes que détiendraient les services antiterroristes de la Sécurité nationale, un des leurs, en l’occurrence l’imam Alioune Ndao de Kaolack, a été alpagué et incarcéré avec d’autres co-accusés dans le cadre de l’enquête antiterroriste consécutive à l’arrestation du Sénégalais appelé Diokhané à l’une des frontières nigériennes. Diokhané aurait des liens étroits avec des responsables de Boko Haram.

La Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (Lips) est contre la mise en détention des accusés

L’imam Aliou Ndao et ses co-accusés sont poursuivis pour apologie du terrorisme. Mais lors d’une rencontre avec la presse, le jeudi 5 novembre, le secrétaire général adjoint de la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal, Youssoupha Sarr, porte-parole du jour, affirmait que «le Sénégal doit prendre en compte ses particularités socioreligieuses qui lui confèrent des leviers enviables sur lesquels, il peut agir pour prévenir et éradiquer le terrorisme autre que la répression». Autrement dit, la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (Lips) est contre la mise en détention des accusés. Pour lui, le Sénégal dispose de moyens autres que les poursuites judiciaires pour prendre en charge la question. Comprenez donc que, pour les imams, les poursuites judiciaires engagées contre l’imam Aliou Ndao et les autres personnes pour «apologie du terrorisme ne sont pas la meilleure attitude à adopter» dans cette affaire.

Que dire alors des milliers de personnes poursuivies tous les jours par la justice sénégalaise et parfois emprisonnés pour des motifs divers et variés, mais moins graves que l’apologie du terrorisme ? Si dans un  pays comme le Sénégal l’Etat commence à adopter une justice à double vitesse pour faire plaisir à des cercles d’influence islamique, ce serait une grave source de faiblesse et la porte ouverte à toutes les dérives que l’on situe déjà et éventuellement de son côté.

Le Président Macky Sall persiste et signe

Du côté du pouvoir, on ne veut pas lâcher du lest. Profitant du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique qu’il présidait mardi dernier, le Président sénégalais s’est prononcé sur l’arrestation d’imams en des termes sans équivoque : «Nous ne saurions tolérer, pour des raisons politiciennes, un certain type de discours ». Tout en reconnaissant que «la question du terrorisme est forcément liée à la question de la pauvreté et de l’exclusion sociale », il a précisé qu’il faut une formation des Imams dans le sens d’un Islam tolèrent. « Et c’est le model d’Islam que nous avons adopté depuis que l’Islam a pénétré en Afrique, en tout cas dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest ». L’air grave, à la limite menaçant, Macky a déclaré : «Nous ne saurions accepter, chez nous, qu’on vienne nous imposer une autre forme de religion; on n’a pas connu jusque-là qu’un Islam modéré et tolérant. C’est une question de la société toute entière, ce n’est pas seulement celui des États ».

Et le Président Sall de poursuivre : « Lorsqu’on voit des formes nouvelles par exemple le port du voile intégral dans la société alors que cela ne correspond ni à notre culture, ni à nos traditions, ni même à notre conception de l’Islam, nous devons avoir le courage de combattre cette forme excessive de nous imposer une manière d’être. C’est la même logique que je pose également à d’autres modèles que l’on veut nous imposer. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas accepter que des modèles qui viennent de je ne sais d’où soient imposés en Afrique parce que simplement, les Africains sont pauvres. Nous devons le refuser en tant qu’Africains».

Il est clair que si ce sont des imams et prédicateurs chargés de la sensibilisation et de l’éducation des fidèles musulmans qui sont incriminés avec des preuves éventuelles d’apologie du terrorisme, l’on se demande bien quelle attitude l’Etat devrait-il adopter en dehors de l’application de la loi.

C’est dire que Macky Sall qui jusqu’à présent fait preuve de fermeté dans la prévention et la lutte contre le terrorisme, aura fort à faire face au club des mollahs qui, visiblement, ne supporte pas qu’on touche à un de ses potes, quel qu’en soit le motif.

 

Source: la redaction

 

 

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