Suite à l’expansion des attaques terroristes du nord vers le centre du Mali où de nombreuses attaques sont signalées contre les FAMa, les forces de la MINUSMA et des civils, la Force Barkhane est décidée désormais à évoluer avec la réalité du terrain. Ainsi, après une série d’opérations militaires dans le nord-est, la Force française anti-jihadiste Barkhane annonce sa volonté d’étendre ses efforts de l’autre côté du fleuve Niger, dans la zone adjacente du Gourma, frontalière du Burkina Faso.
Pour rayonner dans le Gourma, Barkhane a fait sortir de terre une base avancée à proximité de la ville de Gossi, selon une source sécuritaire, propre à accueillir quelques centaines de militaires français. En effet, cette zone où les FAMa subissent régulièrement des attaques et où les populations sont régulièrement la cible d’attaques terroristes, devient de plus en plus un ‘’no man’s land’’. Le Gourma est « réputé être une zone sanctuaire » pour plusieurs groupes armés, implantés notamment dans les forêts et à la frontière avec le nord du Burkina Faso, souligne le général Frédéric Blachon, commandant de l’Opération Barkhane.
Outre quelques éléments de l’EIGS, dans le sud-est, plusieurs groupes armés sévissent dans la zone, selon des sources de renseignement militaire. Parmi les plus actifs figure la « katiba (cellule combattante) Gourma », affiliée à la principale alliance jihadiste du Sahel liée à Al-Qaïda.
Son chef, Al-Mansour Ag Alkassim, a été tué en novembre lors d’un raid français dans le Gourma, mais le groupe continue de poser des engins explosifs artisanaux et d’organiser des attaques complexes, selon l’état-major de Barkhane.
Le groupe jihadiste Ansaroul Islam, lui, est implanté dans le sud du Gourma, à la frontière burkinabè. Il est accusé de semer la terreur dans le nord du Burkina Faso, en proie, depuis 2015, à une spirale de violence que les autorités semblent incapables d’enrayer, et qui s’est propagée dans l’est du pays.
« Quand vous êtes dans le Gourma, vous êtes à la poignée de l’éventail. Vous êtes notamment en mesure d’apporter un appui au Burkina s’il venait à le souhaiter », relève le général Blachon, justifiant ainsi cette décision de Barkhane d’étendre sa toile dans cette zone géographique très stratégique.
Selon le chef d’état-major des armées françaises, Lecointre « en fonction des progrès que nous ferons en matière de sécurité et développement et de réinstallation de l’État malien, il y aura une bascule de l’effort dans le Gourma, avec une présence plus légère dans la zone du Liptako ».
En plus du nord-est, plus à l’Ouest, dans la région de Mopti où opère le groupe jihadiste du prédicateur radical peul Amadou Koufa, Barkhane se dit apte à intervenir, a indiqué un responsable de la force antiterroriste au Sahel : « on est en mesure d’intervenir si besoin ».
Mais « le gouvernement malien a toujours fait savoir qu’il s’occupait de cette zone. C’est une question de fierté nationale », tempère un autre haut responsable militaire, écartant pour l’heure l’hypothèse d’une opération française dans cette région, à l’image de l’implantation entamée dans le Gourma.
Barkhane estime que dans le Liptako, à la frontière entre le Mali et le Niger, où elle se bat, depuis fin 2017 contre le groupe appelé État islamique au Grand Sahara (EIGS), des évolutions certaines ont été enregistrées.
« On a atteint un certain point de développement, de restauration de l’État malien et d’affaiblissement de l’ennemi », estime le chef d’état-major français, le général François Lecointre.
« À Ménaka, il y a un véritable retour des habitants, la réinstallation de l’État et le retour des forces maliennes, parce qu’ils pensent que l’ennemi est désormais à leur portée », fait valoir le général Lecointre.
Ainsi, explique-t-il, « aujourd’hui, nous nous préparons à une extension dans une autre région contigüe, le Gourma, pour conduire la même action », tout en continuant à soutenir le processus de stabilisation du Liptako où sont actuellement déployés 500 soldats français.
Le Gourma reste secoué par des mouvements terroristes, depuis 2017. Dans cette localité, particulièrement à Gossi, les populations ainsi que les représentants de l’État sont souvent victimes d’assassinats ciblés, d’enlèvements, ainsi que d’actes de banditisme sur les axes routiers et la bande du fleuve Niger.
Par Sidi DAO
Info-matin