A la faveur du lancement du mois de lutte contre le Sida, le 1er décembre, le Réseau malien des associations de personnes vivant avec le VIH (RMAP+) a animé une conférence de presse, à son siège, à Médina Coura. Cette conférence a été l’occasion pour les responsables du Réseau de rappeler leurs missions et lancer un cri de détresse face à la menace qui plane sur la prise en charge des malades du Sida.
La conférence était animée par la présidente du RMAP+, DIERMA Oumou DIARRA, en présence de la présidente de ARCAD-SIDA, Dr DEMBELE Bintou KEITA, et plusieurs responsables du Réseau venus de Bamako et de l’intérieur du pays.
La présidente, DIERMA Oumou DIARRA, a souligné que le RMAP+ œuvre pour une implication physique et intellectuelle des personnes vivant avec le VIH dans l’organisation de leur prise en charge médicale et psychosociale et pour étendre la prise en charge communautaire des patients dans toutes les localités du pays.
Selon elle, le Réseau assure l’accompagnement psychosocial à travers l’auto support ;les visites à domicile et à l’hôpital ; l’aide à l’observance ; l’appui nutritionnel ; l’appui scolaire, vestimentaire et nutritionnels aux orphelins et enfants infectés et affectés par le VIH.
« Les membres du Réseau contribuent à rompre la chaine de transmission du VIH, à travers les sensibilisations avec des témoignages à visage découvert. De nos jours, le RMAP+ compte 62 associations réparties sur l’ensemble du territoire national », a affirmé DIERMA Oumou DIARRA.
Elle a indiqué que les objectifs du Réseau sont entre autres : remonter les informations du sommet à la base ; être des interlocuteurs auprès des autorités, des autres structures et acteurs de la lutte contre le Sida ; contribuer à la mobilisation des ressources locales pour le soutien des actions des associations de personnes vivant avec le VIH ; favoriser l’intégration socioéconomique des personnes vivant avec le VIH…
La conférencière a saisi l’occasion pour lancer un cri de détresse face au retrait annoncé du Fonds mondial de la prise en charge des ressources humaines des sites de soins, d’accompagnement et de conseil. Une situation qui exposera des milliers de personnes séropositives à l’absence de soins et de conseil psycho social.
Selon la présidente du Réseau, 24 000 patients sont menacés soit 55% de la file active du Mali. C’est pourquoi a-t-elle interpellé les autorités en précisant que si l’Etat ne prenait pas le relais pour assurer la rémunération du personnel, les premiers sites fermeront à la fin de ce mois de décembre.
« 166 salariés composés de médecins, de pharmaciens, d’infirmiers et de conseillers psycho sociaux, membres des associations de personnes vivant avec le VIH SIDA seront licenciés », s’est-elle inquiétée.
Pour Mme DIERMA Oumou DIARRA, afin de pallier à cette situation, l’Etat doit prendre les dispositions pour que le personnel médical de ces sites de soins soit intégré à la fonction publique. De même, le RMAP+ réclame une subvention pérenne sur budget d’Etat pour la rémunération des conseillers psycho-sociaux qui font un travail précieux au sein des structures de prise en charge.
La conférencière a déploré que depuis plus de 25 ans, les actions en faveur des personnes vivant avec le VIH Sida restent en grande partie tributaires de financements extérieurs qui ne sont pas éternels. Pour éviter le pire, après la rupture du financement des bailleurs, la présidente du RMAP+ a interpellé les autorités à mobiliser plus de financements nationaux. Selon elle, cela doit être concrétisé par la création d’une ligne budgétaire dédiée à la société civile dans le budget national de lutte contre le VIH Sida.
Les conférenciers ont largement déploré le manque de leadership dont souffre la lutte contre le Sida au Mali depuis quelques années. Pour eux, cela se justifie par le désengagement des plus hautes autorités qui doivent montrer la voie, afin que les progrès réalisés dans la lutte contre le Sida ne tombent à l’eau.
Selon Amadou SANGHO, membre du Réseau, le budget alloué à la lutte contre le VIH/Sida en Côte d’Ivoire s’élève à 22 milliards de FCFA ; 12 milliards de FCFA au Burkina Faso et seulement 2 milliards de FCFA au Mali.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin.