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Lutte contre l’apatridie : LA CEDEAO SE MOBILISE

Elle organise dans la capitale ivoirienne une réunion ministérielle qui devra déboucher sur une Déclaration de l’ensemble des pays membres exprimant leur engagement contre le phénomène

Alassane dramane Ouattara president ivoirien

Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Dramane Ouattara, a présidé hier à Abidjan la cérémonie d’ouverture de la conférence ministérielle régionale sur l’apatridie en Afrique de l’Ouest. Première du genre, cette rencontre co-organisée par la CEDEAO et le HCR, réunit les ministres des Affaires étrangères, de la Justice et de l’Intérieur de toute la région, c’est-à-dire les ministres dont les portefeuilles ont un rapport quelconque avec la question de l’apatridie. C’est le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Mahamadou Diarra, qui représente notre pays à cette conférence où l’on note également la présence du Haut-commissaire de  l’UNHCR, António Guterres, et des représentants de haut niveau des organisations régionales et continentales comme la CEDEAO, l’Union africaine, l’Organisation de la conférence islamique et l’Union du fleuve Mano. Les organisations de la société civile, les institutions nationales des droits de l’homme, les organismes des Nations Unies, des experts internationaux et des représentants diplomatiques d’Afrique de l’Ouest sont également présents.
Le rendez-vous d’Abidjan analysera les causes profondes de l’apatridie et ses conséquences éventuelles en Afrique de l’Ouest. La rencontre formulera aussi des recommandations pour l’identification des populations apatrides et concevra des solutions en leur faveur selon une approche basée sur les droits. La conférence s’attèlera aussi et surtout à promouvoir des stratégies globales en matière de prévention et de réduction des cas d’apatridie par une approche de collaboration et des partenariats solides entre les États de la région, les organisations régionales et internationales et la société civile. Cette conférence  fournira une occasion unique et constituera une plate-forme solide permettant de promouvoir la conception de stratégies dans une région active et disposée à lutter contre l’apatridie. Elle se penchera sur l’identification et la protection des apatrides ainsi que la prévention et la réduction des cas d’apatridie, et examinera les mesures devant être prises pour mettre fin à l’apatridie dans la région.
La rencontre ministérielle intervient après celle des experts qui, au cours d’une réunion technique, ont procédé à des échanges d’informations, d’expériences et de points de vue pour parvenir à des recommandations concrètes sur la manière dont l’apatridie peut être éradiquée en Afrique de l’Ouest. La réunion ministérielle examinera et approuvera les recommandations présentées par les experts.
Sur les dix millions de personnes apatrides ou à risque d’apatridie dans le monde, au moins 750.000 vivent en Afrique de l’Ouest. Ce chiffre est juste une estimation. Il y a en effet plusieurs groupes de personnes qui pourraient être apatrides ou à risque d’apatridie qui n’ont pas encore été évaluées. Ces individus sont généralement dans cette situation parce qu’ils rencontrent des difficultés à prouver leurs liens d’appartenance à un Etat, à cause par exemple, de l’absence d’enregistrement des naissances et de documents personnels retraçant leurs origines et susceptibles de confirmer leur identité. Les populations dépourvues de certificats de naissance, les enfants abandonnés, les migrants bloqués sans papiers et les personnes vivant dans des zones de succession d’Etats et de différends frontaliers constituent quelques-uns des principaux groupes de personne à risque d’apatridie en Afrique de l’Ouest. Privées de nationalité, les personnes apatrides le sont aussi de leurs droits humains fondamentaux et contraintes de vivre dans l’ombre.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le patron de l’UNHCR, António Guterres, s’est réjoui qu’à travers l’Afrique, une prise de conscience accrue s’opère sur l’importance du droit à la nationalité. Cette évolution s’appuie sur le lancement, le mois dernier, d’une étude remarquable de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples au sommet de l’Union africaine. La région de la CEDEAO, a souligné le patron de l’UNHCR, joue un rôle de pionnier à cet égard. En effet, sept pays de la région ont signé et ratifié les deux conventions des Nations Unies relatives à l’apatridie. Ainsi lors de la réunion ministérielle de 2011 à Genève, les Etats de l’Afrique de l’Ouest sont ceux qui ont pris le plus grand nombre d’engagements relatifs à la nationalité et à la citoyenneté. António Guterres n’a pas manqué de souligner l’importance du partenariat dans la lutte contre l’apatridie qui constitue, selon lui, un enjeu pluridisciplinaire nécessitant la mobilisation de toutes les parties prenantes. L’engagement de la région de la CEDEAO à mettre fin à l’apatridie prouve que les uns et les autres ont compris qu’en définitive le concept d’«appartenance  va au delà des textes juridiques et des pièces d’identité, et nécessite la volonté politique de promouvoir la tolérance et l’acceptation de l’autre, et l’espace social humain où tous les membres de la société peuvent être reconnus et auquel ils peuvent contribuer et appartenir », a énoncé António Guterres.
Le président Alassane Dramane Ouattara a présenté cette rencontre comme une nouvelle avancée contre l’apatridie dans la région. Il a invité les gouvernements à prendre des dispositions nécessaires pour mettre fin au fléau avant 2020. Il y va de la stabilité de nos Etats ainsi que de leur développement, a souligné le président ivoirien qui a exhorté les uns et les autres à définir une stratégie globale de lutte contre le fléau de l’apatridie qui constitue un drame de droit humain.
Notre pays n’a pas encore ratifié les deux conventions relatives à l’apatridie. Mais cela ne saurait tarder. Le ministre Mahamadou Diarra a annoncé que son département a déjà donné un avis favorable à cet effet et soumis les documents au ministère en charge des Affaire étrangères. Aussi, le Mali, a annoncé le ministre Diarra, en partenariat avec le HCR, va bientôt délivrer à  6500 enfants refugiés mauritaniens non reconnus par leur pays des actes de naissance leur donnant la nationalité malienne.
La conférence sera sanctionnée par une déclaration sur le droit à la nationalité. Cette déclaration dite d’Abidjan doit être signée par les pays membres de la CEDEAO afin d’exprimer publiquement leur engagement à mettre fin à l’apatridie dans un proche avenir.
M. A. TRAORE

source : L Essor

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