La lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées est loin d’être gagnée car le Comité national de coordination, mis en place par les autorités depuis 2011, peine à faire des résultats sur le terrain malgré les moyens mis à sa disposition. Pour remédier à la situation, un atelier national de renforcement des capacités des membres du Comité se tient depuis hier à l’hôtel Radisson Blu.
L’ouverture des travaux était présidée par le secrétaire général du ministère de la Justice, Sombé Théra. C’était en présence de la représentante de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Mme Henna Mustonen, du représentant du l’Union européenne, Julien Bouzon, du représentant du Haut commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme (HCDH), Guillaume Ngefa. Cet atelier de 3 jours vise à renforcer les capacités des membres du Comité national de coordination afin d’assurer une pleine efficacité dans la coordination des actions de lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants. Son financement est assuré par les Pays-Bas dans le cadre d’un projet commun entre l’ONUDC et le HCDH et par l’UE dans le cadre d’un projet commun dénommé GLO.ACT. Le Mali, à l’instar des autres pays de la sous région, est concerné par les crimes de la traite des personnes et le trafic illicite de migrants sous toutes ses formes. Depuis 2010, notre pays s’est donc engagé dans cette lutte à travers plusieurs initiatives. C’est ainsi que le 3 février 2011, le gouvernement a adopté le décret portant création du Comité national de coordination de la lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées.
Ensuite, une loi luttant contre ce fléau a été votée par l’Assemblée nationale. Un plan d’action national 2015-2017 a été ainsi lancé en mars 2016 et le Comité national de coordination fut doté d’un budget de 200 millions de Fcfa pour l’année 2017 en vue d’une mise en œuvre effective et efficace de ce plan.
Dans son intervention, la représentante de l’ONUDC a fait savoir que la traite des personnes et le trafic illicite des migrants exige une réponse multipartite où les acteurs gouvernementaux travaillent ensemble en rassemblant les agents d’application de la loi, les acteurs judiciaires, de la santé et des services sociaux. Henna Mustonen a noté que le Comité national de coordination est confronté à de nombreux défis dans la mise en œuvre intégrale du mandat qui lui a été confié. Cet atelier, a-t-elle déclaré, marque une étape importante pour que le Comité puisse produire des résultats escomptés. En outre, Henna Mustonen a indiqué que la présente réunion bénéficie de la présence du secrétaire permanent et de la directrice générale des structures nationales de coordination du Sénégal et du Niger afin de partager les bonnes pratiques et de renforcer les échanges d’informations entre les pays voisins. Elle a, enfin, réitéré l’engagement de l’ONUDC à accompagner le gouvernement malien dans l’élaboration de réponses efficaces aux crimes de la traite des personnes et du trafic illicite de migrants.
Quant au représentant du Haut commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme, il a rappelé qu’au cours des dernières années, la traite des personnes est passée au premier plan des préoccupations internationales. «Les femmes, les enfants et les personnes en situation de précarité économique sont les victimes de ce fléau. Ils sont souvent réduits au silence, sans voix et sans porte-parole», a-t-il dit. Guillaume Ngefa dira que la réponse des États à cette problématique nécessite une coopération tous azimuts. Il a également rappelé que le bureau du HCDH a été depuis plus de 20 ans le fer de lance de la promotion d’une approche de la traite et du trafic des migrants, fondé sur les droits de l’Homme.
Dans son allocution, le secrétaire général du ministère de la Justice a constaté que l’adoption du plan d’action triennal 2015-2017 et sa mise en œuvre ont révélé des insuffisances dans la connaissance et la compréhension des concepts-clés que contiennent les protocoles énumérés plus haut. Sombé Théra dira que malgré les efforts financiers considérables fournis par le gouvernement, l’application du plan d’action n’est malheureusement ni effective, ni efficace.
«Prenant conscience de cet état de fait, le ministre de la Justice a sollicité l’appui technique de l’ONUDC pour le renforcement des capacités des membres du Comité afin d’apporter une réponse adéquate à la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées. Il s’agira à travers cette formation, fruit d’un partenariat fructueux entre le ministère de la Justice et l’ONUDC, de doter les acteurs d’outils adéquats pour une pleine efficacité dans la coordination des actions de lutte contre la traite des personnes», a-t-il indiqué.
M. Thera a saisi l’occasion pour solliciter l’accompagnement de l’ensemble des membres du Comité national de coordination et les personnes ressources, en l’occurrence les ONG, en vue de venir au bout de la traite des personnes.
« Je ne doute aucun instant que les différents outils de formation et les meilleures pratiques et expériences de l’ONUDC sur la traite des personnes et les pratiques assimilées permettront aux participants de forger leurs compréhensions quant aux différences et similitudes entre ces crimes en vue d’une réponse adéquate à la lutte contre ce phénomène », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, le secrétaire général du ministère de la Justice a exhorté les participants à des échanges fructueux, riches et sincères. Enfin, il a remercié l’UE, la République fédérale d’Allemagne et le royaume des Pays-Bas pour leur contribution à la réalisation de cette activité.
Mamadou SY
Source: Essor