Une délégation malienne, composée de plusieurs personnalités de la société civile, des médias, des collectivités territoriales, de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), a séjourné du 16 au 23 mars 2019 au Rwanda. Le voyage organisé et financé par Mali Justice Projet (MJP), a permis aux participants de s’enquérir du modèle rwandais de lutte contre le mal de la corruption. Un atelier de restitution a été organisé jeudi 18 juillet 2019 au CNPM pour, non seulement partager l’expérience du pays de Paul Kagamé avec le plus grand nombre d’acteurs, mais aussi et surtout voir ce qui peut être fait pour renforcer la lutte contre la corruption au Mali.
- Jean Lavoie, directeur du projet MJP/USAID, qui s’est réjoui de la réussite de la mission, a rappelé qu’il est important de s’inspirer de l’expérience d’ailleurs tout en respectant les différences. « Si le Mali a des institutions démocratiques bien implantées, des institutions de contrôle nombreuses et une société civile dynamique, le pays est malheureusement confronté à un niveau de corruption qui gangrène l’économie, les services sociaux et surtout et avant tout, la confiance des citoyens et citoyennes dans leurs institutions », a déclaré M. Lavoie qui ajoute que l’impunité constitue l’un des principaux maux de ce pays.
Selon lui, certes tous les modèles ne peuvent et ne doivent pas être copiés-collés et calqués sans adaptation et prise en compte des différences, cependant toute mesure visant à renforcer la lutte contre l’impunité, le contrôle institutionnel, le dialogue et le plaidoyer, la reconnaissance des valeurs et pratiques traditionnelles pour créer de nouvelles voies de résolution des plaintes et conflits, devraient être source d’inspiration et de réflexion. C’est pourquoi, dira-t-il, « nos collègues ici présents qui ont séjourné au Rwanda lors de cette mission ont pu prendre connaissance de la rigidité du système, qui conduit cependant à une maîtrise rigoureuse de la gestion des finances publiques ». Il a appelé les participants à entretenir des relations privilégiées avec les partenaires rwandais de façon à ce que les leçons apprises de part et d’autre puissent continuer à bénéficier aux deux pays.
Pendant trois heures, les membres de la délégation qui a séjourné au Rwanda ont entretenu l’assistance sur ce qu’ils ont vu et entendu dans le cadre de la lutte contre la corruption.
D’abord, Salihou Guiro du MJP a expliqué le contexte du voyage et les initiatives du MJP dans la lutte contre la corruption et les tracasseries routières.
Baba MAIGA (CNDH) et Amadou MALET (OCLEI) ont fait une présentation comparée des structures et institutions pour assurer l’état de droit et la bonne gouvernance au Rwanda et au Mali. Si les deux pays disposent de textes et institutions chargées de lutter contre la corruption, il apparaît nettement une réelle volonté politique des plus hautes autorités rwandaises, à commencer par le Président Kagamé, à s’impliquer dans la lutte contre la corruption. A en croire les présentateurs, le modèle rwandais repose sur des piliers comme : tolérance zéro aux délinquants, redevabilité.
Yaya BAMBA, Président du Conseil Régional de Sikasso a parlé de la gestion des collectivités territoriales et de l’informatisation de tous les segments de l’administration.
Mme DIAWARA Bintou COULIBALY, Présidente de l’APDF et Mme SAGARA Saran BOUARE, quant à elles, elles ont abordé l’implication des femmes du Rwanda dans la lutte contre la corruption. Ici aussi, en matière de promotion du genre, le Rwanda a un taux de plus de 60% de femmes à l’Assemblée nationale.
Le rôle et l’importance de la société civile dans la lutte contre la corruption ont été exposés par Me Alifa Habib KONE, Président des Jeunes et Sidiki TRAORE, Coordonnateur de la Plateforme de Sikasso.
Notre confrère David DEMBELE du Réseau Malien des Journalistes d’Investigation (RMJI), a entretenu l’assistance sur le digital et les medias dans la lutte contre la corruption au Rwanda.
L’exercice a permis aux participants composés d’organisations de la société civile et de responsables des services en charge de la lutte contre la corruption, de comprendre comment l’expérience du Rwanda peut être utile au Mali dans le combat quotidien contre la corruption qui freine le développement du pays.
DTK