Comme il se le doit, le vérificateur général Samba Baby a mené ses enquêtes, produit son rapport annuel 2019 et l’a remis à qui de droit. Il met ainsi la balle dans le camp des autorités chargées de sanctionner les voleurs de la République.
En effet, lors de la cérémonie de remise du rapport annuel 2019 de son bureau au chef de l’État, le Vérificateur général Samba Alhamdou BABY a rappelé les 31 missions qu’ils ont conduites en 2019. Selon lui, les vérifications de performance, au nombre de huit, ont porté sur des entités en charge de la gouvernance du service public de l’État et des collectivités territoriales.
Les assurances du président de la Transition quant à la mise en œuvre des recommandations du bureau du Vegal
En réponse au vérificateur général, le président de la Transition a déploré les manquements quant à la mise en œuvre des recommandations antérieures formulées par le bureau de celui-ci.
De la compréhension du chef de l’État, Bah N’daw, le bureau du vérificateur général déplore
« le faible progrès dans la mise en œuvre des préconisations précédemment faites » par lui dans le seul souci d’améliorer la gouvernance publique. Selon lui, ces recommandations du bureau du Végal ont été formulées pour une saine gestion de nos entreprises et de l’administration malienne, pour le bien-être du peuple malien.
Le chef de l’État a, ainsi, promis de mettre en œuvre les recommandations que viennent de formuler Samba Alhamdou Baby et ses collègues. «Soyez certain alors, Monsieur le Vérificateur général, que la situation ne restera pas en l’état! », a-t-il rassuré le vérificateur général avant d’ajouter : «Car dès ce lundi, les départements ministériels concernés seront mobilisés pour que les responsables des entités incriminées sachent que la performance n’est pas facultative, mais obligatoire ». Comme il l’a fait lors de son investiture, le président de la Transition s’est montré exigeant en ce qui concerne l’application de la loi. «Il n’y a pas d’hésitation possible : c’est soit le Mali, soit la porte ! », a-t-il menacé avant d’instruire au Premier ministre de prendre les dispositions dans ce sens.
Selon le rapport tel qu’expliqué par le président de la Transition, le secteur des mines en particulier nécessite d’être mieux suivi par l’État. «En plus de possibles déperditions financières en raison du non- paiement des dividendes et de certains impôts dûs à l’État, vous évoquez, à juste raison, la question environnementale et donc la responsabilité sociale des industries extractives » , a rappelé le colonel major à la retraite. Même s’il reconnait que la transition ne peut pas tout faire, le chef de l’État a promis de faire en sorte que « l’État assume ses responsabilités et reçoive de ce secteur vital ce qui lui est dû ».
Pour lui, l’or du Mali doit briller dans ce pays. « Je suis le serviteur de ce pays, son esclave. Ce fardeau divin, je l’accepte avec fierté et humilité. Dès lors, il est hors de question pour moi que l’or du Mali ne brille pas pour le Mali. L’or du Mali brillera aussi pour le Mali. L’or du Mali brillera surtout pour le Mali », donne-t-il la garantie.
Énième menace contre les voleurs de la République
Le président de la Transition qui a laissé entendre que les recommandations du bureau du Végal sont une instruction pour lui et vaudra une exécution pour le gouvernement, a réitéré sa menace de sanctions contre tous ceux qui sont impliqués dans la corruption et dans l’enrichissement illicite. « Les mots que j’ai eu à prononcer lors de mon discours d’investiture le 25 septembre dernier et que vous venez de rappeler, je les assume entièrement », martèle Bah N’daw. Le président de la Transition semble, en l’écoutant, être plus déterminé dans ce combat. «Et je les réitère ici. Je combattrai l’impunité de toutes mes forces. On réussira parfois, sous le prétexte de l’urgence, à tromper ma vigilance. Et parfois, je serai victime de nos faibles capacités d’investigation », a-t-il indiqué. Selon lui, à chaque fois que la preuve est établie, la sanction va tomber et personne n’y échappera. «Tous ceux qui voudront se servir du Mali, au lieu de le servir, le feront à leurs risques et périls. Qu’ils le sachent ! », a-t-il averti.
Pour le président de la Transition, tout le monde doit se donner la main pour combattre la corruption qui est, selon lui, un cancer pour le Mali. « Nous devons lui barrer la route. Ce combat n’est pas impossible. Il est à notre portée. Si nous ne le faisons pas, c’est à l’avenir de notre jeunesse que nous barrons la route. Cette jeunesse que nous avons le devoir de protéger, ne mérite pas que nous ne lui laissions d’autre choix que le chômage, la drogue et les chemins incertains de l’émigration », a-t-il plaidé à l’union sacrée de tous contre la corruption.
L’heure des actions !
Après les premières menaces du président de la Transition lors de son investiture, nombreux étaient des Maliens qui s’attendaient à des actions les jours ou semaines qui ont suivis. Mais jusque-là, les lignes n’ont pas bougé même si les autorités ont la bonne volonté. Ce qui a encore découragé certains, c’est le fait que celui qui a promis « l’impunité zéro » n’ait pas, jusqu’à présent, déclaré ses biens conformément à la Charte de la transition. Or, cet exercice fait partie aussi des exemples pour une autorité dont l’objectif est une administration clean.
Cette nouvelle menace du président de la Transition contre les corrupteurs et corrompus est encore bien accueillie par bon nombre de citoyens. Mais nombreux sont ceux qui sont impatients de voir les autorités transitoires passer des simples beaux discours aux sanctions contre les personnes impliquées dans la corruption et l’enrichissement illicite.
À ce niveau, le président de la Transition a indiqué, dans sa réponse au vérificateur général que le procureur a été saisi concernant les rapports. «À la date d’aujourd’hui, le procureur est saisi de tous les rapports de contrôle. C’est à lui d’apprécier l’opportunité des poursuites, sur la base du droit. Et tout ce qui doit être fait le sera pour renforcer les moyens de la justice dans la lutte contre la corruption, car là est notre salut », a précisé Bah N’daw.
Toutes ces menaces, si elles sont transformées en actions, les autorités transitoires auront gagné un grand point dans la lutte contre la corruption au Mali.
Boureima Guindo
Source : LE PAYS