Une force multinationale mixte composée d’éléments fournis par les pays de l’Afrique de l’Ouest et certainement bientôt par ceux de l’Afrique centrale commence progressivement à voir le jour. En témoignent les premières dispositions visant à sa mise en place, qui ont été prises lors d’une réunion de quatre jours dont les travaux se sont achevés samedi à Yaoundé au Cameroun.
La rencontre a regroupé des experts des Nations unies, de l’Union européenne, de la Commission du Bassin du lac Tchad et de l’Union africaine (UA). Elle a permis de fixer les modalités d’intervention et de fonctionnement d’une force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram. La création de cette force interrégionale africaine forte de 7500 hommes a été décidée à Addis-Abeba, en Ethiopie, lors du 24e sommet de l’organisation panafricaine.
Même si elle est tardive, la prise de conscience en Afrique face à une véritable menace du groupe Boko Haram est maintenant de mise. L’UA estime que « le groupe armé représente une menace pour toute l’Afrique.» C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a appelé à la mise en œuvre d’une force interrégionale pour le combattre.
Lors de cette réunion, le ministre camerounais, délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense, Edgard Alain Mebe Ngo’o, a appelé à « une urgence de l’action tant les défis sont nombreux ». « Les experts de l’UA et les experts militaires des États membres de la CBLT vont travailler avec une feuille de route bien précise afin d’élaborer le concept d’opération, élaborer le concept de soutien logistique et les lettres d’engagements », a-t-il déclaré.
L’homme d’État camerounais a insisté sur la nécessité de « l’opérationnalisation effective de la force sur le terrain ». Pour y parvenir, experts présents ont été amenés à définir clairement la chaîne de commandement pour s’assurer de l’efficacité de la mission.
Pour faire face aux violences de Boko Haram, le président camerounais Paul Biya avait lancé un appel à ses voisins et aux pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale. Le Tchad est le premier pays à avoir répondu à cet appel. Depuis le déploiement de ses troupes au Cameroun, l’armée tchadienne bombarde à l’aide d’hélicoptères le groupe terroriste à partir de la frontière camerouno-nigériane.
Les soldats tchadiens à la traque des éléments de Boko Haram sont désormais passés à l’offensive terrestre et ont mis pied au Nigeria. Ils s’emploient à empêcher ce groupe armé à progresser vers la ville stratégique de Maiduguri. De même, ils s’efforcent de déloger les terroristes de la ville de Baga où ils ont massacré sans vergogne plus de 2000 civils.
Le Tchad sera bientôt suivi par le Niger dont le Parlement doit statuer lundi sur l’envoi de troupes au Nigeria pour lutter contre le groupe islamiste. Le Bénin avait déjà pour sa part annoncé l’envoi de 700 hommes pour combattre la secte islamiste.
Rappelons que depuis 2009, Boko haram a tué plus de 13 000 personnes et poussé des milliers d’autres à se déplacer. Connu pour sa férocité, ce groupe armé veut s’imposer dans le Nord du Nigeria, tout en tenant à déstabiliser le pouvoir central en créant une instabilité permanente. Et jusqu’à présent, l’armée nigériane n’a pas réussi à mettre un terme aux violences meurtrières du groupe, doté d’équipements militaires impressionnants et qui a montré sa capacité de combattre sur plusieurs fronts.
Source: adiac-congo.com