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L’option Mali séduit les experts canadiens

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Le comité d’experts mandaté par le gouvernement Trudeau pour proposer un plan de réengagement auprès des Casques bleus favoriserait un déploiement au Mali, selon des informations recueillies par Le Devoir. Une mission dangereuse, mais qui présenterait plusieurs avantages stratégiques.

 

Pour le moment, il s’agit là d’un scénario, au même titre que celui évoqué par Le Devoir la semaine dernière et qui faisait état d’un intérêt marqué pour Haïti. Le plan définitif n’est pas encore établi, et différentes options sont sur la table, dit-on. « Mais l’option Mali semble vraiment la plus plausible, et pour de nombreuses raisons diplomatiques, historiques, sécuritaires et stratégiques », soutient une source impliquée dans le dossier.

 

Le gouvernement consulte actuellement différents experts pour « élaborer les modalités de réengagement du Canada auprès des Nations unies quant aux opérations de paix », indique Affaires mondiales Canada. D’après nos informations, c’est l’ancien ambassadeur du Canada en Haïti et aux Nations unies, Gilles Rivard, qui dirigerait les travaux du groupe. Affaires mondiales Canada a confirmé mercredi que M. Rivard« s’est joint à titre d’expert-conseil à l’équipe responsable ».

 

La réflexion en cours pourrait déboucher sur une variété de propositions, allant d’un engagement concentré dans un pays à une offre plus dispersée — plusieurs scénarios sont envisageables. En clair : agir au Mali ne voudrait pas nécessairement dire de ne pas s’engager aussi en Haïti. Il faudra également arrimer les conclusions aux besoins et demandes de l’ONU.

 

Terrains minés

 

Mise sur pied en 2013, la mission des Casques bleus au Mali — la MINUSMA — opère en terrain miné. « Nous avons perdu près de 70 Casques bleus à la suite d’attaques ou à cause d’engins explosifs improvisés, indique au Devoir la porte-parole de la mission, Radhia Achouri. Le niveau du risque est élevé, car nous sommes la seule opération de maintien de la paix déployée dans un environnement où le terrorisme est actif. »

 

À l’heure actuelle, 10 600 soldats sont déployés, de même que 1080 policiers. Ces Casques bleus sont issus de 44 pays, mais le Canada ne figure pas dans la liste. Le Bangladesh, le Burkina Faso, le Tchad, le Togo et le Niger sont les principaux contributeurs.

 

Depuis la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, en juin 2015, le mandat de la mission a été renforcé et réorienté pour que la MINUSMA travaille au respect du cessez-le-feu, précise Mme Achouri. Cet accord lie le pouvoir central de Bamako et les groupes armés rebelles du Nord (surtout touaregs). Mais au-delà de ce foyer de tensions, le pays est plus largement soumis à des pressions de plusieurs groupes djihadistes — notamment al-Qaïda au Maghreb islamique.

 

S’exprimant depuis le siège des Nations unies mercredi à New York, le premier ministre Trudeau n’a pas voulu donner de détails sur la réflexion en cours à Ottawa au sujet des Casques bleus. « Ce sont des conversations que nous sommes en train d’avoir, mais nous n’avons rien à annoncer pour l’instant par rapport [au lieu de] notre engagement et à combien [de soldats il y aura] », a-t-il dit en conférence de presse.

 

Mais Justin Trudeau a réitéré que « le Canada a beaucoup à offrir », évoquant la question francophone (« un atout que peu de pays occidentaux ont ») et la présence de spécialistes avec une « expertise très sophistiquée ». « On sait que par notre modeste taille, ce n’est pas par le poids des chiffres qu’on va faire une différence massive. C’est par la qualité et le sérieux de l’engagement », a-t-il dit.

 

Choix logique

 

Selon le directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire, François Audet, le choix d’investir principalement au Mali serait « tout à fait à propos », notamment à cause du fait français. Mais pas seulement ça. « Le Canada est un important donateur pour le Mali, et nous avons une longue relation diplomatique avec le pays », rappelle-t-il.

 

Surtout, M. Audet remarque que le Mali « devient une plaque tournante très stratégique pour le maintien de la paix dans toute la région. Ce serait une base régionale [idéale], dit-il. Les frontières dans cette région sont poreuses et les groupes islamiques radicaux utilisent le territoire dans son entièreté comme zone d’influence. »

 

Il ajoute que contrairement à Haïti, où la mission de la MINUSTAH est en fin de parcours, celle de la MINUSMA amorce ses activités.

 

Même constat chez David Morin, membre de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent et ex-directeur adjoint du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix (qui a contribué aux activités d’une école de maintien de la paix à Bamako). « Le Canada a des liens forts avec le Mali, dit-il. Sur le plan sécuritaire, avec la question du djihad, c’est une mission très importante et intéressante. Dangereuse, aussi. Mais elle marquerait un réengagement du Canada à la fois auprès de l’ONU, de la francophonie et de l’Afrique. Dans le contexte où le pays espère un siège au conseil de sécurité de l’ONU, ce serait un message important pour tous les pays de la région. »

 

Atout

 

À la MINUSMA, la porte-parole souligne que « la langue [française] est certainement un atout, puisqu’elle facilite la communication avec les communautés et les contreparties maliennes sur le terrain ».

 

L’intérêt présumé du Canada pour le Mali est autrement fort bien accueilli, dit Mme Achouri. « Nous souhaitons voir le Canada et tout autre pays qui a les moyens humains et matériels de renforcer les capacités de la MINUSMA apporter leurs contributions pour que la Mission puisse s’acquitter de ses responsabilités, surtout face aux défis qui menacent le processus de paix dans le pays. »

 

Le Canada compte présentement 115 militaires ou policiers déployés au sein des missions de maintien de la paix de l’ONU, dont 90 en Haïti, 12 au Soudan du Sud et 9 en République démocratique du Congo.

Source : ledevoir

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