Alors que de nombreux demandeurs restent sur le carreau au moment de l’attribution des logements, la vague d’expulsions a démontré que ce ne sont pas forcément les plus nécessiteux qui en bénéficient.
Une situation que déplorent, à chaque programme, les collectifs de demandeurs et qui devrait évoluer avec la mise en place de nouveaux critères.
Près de 10 000 logements ont été construits ces dix dernières années au Mali. Si ces maisons ont permis d’offrir un toit décent à des milliers de familles, elles n’en sont pas moins devenues pour certains des objets de spéculation véreuse. Du processus qui permet à des personnes nanties, possédant même parfois déjà des biens immobiliers, de se voir octroyer un, voire plusieurs logements, à la pratique de mettre en location lesdits logements au bénéfice de familles réellement dans le besoin, l’attribution des logements sociaux « n’est pas quelque chose d’équitable », déplore Aminata Sangaré, multi-postulante toujours bredouille. « Au départ, on devait s’engager par contrat pour le versement des traites. Cela a permis à beaucoup de familles pauvres de consacrer ce qu’elles payaient comme loyer au remboursement de leur maison, qui au final doit leur appartenir. Maintenant, on nous demande un apport personnel, qui est très important, pour les « vraies » familles pauvres », poursuit-elle. Cet apport personnel, variant de 234 000 francs CFA pour les maisons de type F3, à 2 400 000 francs CFA pour les F5, est un frein supplémentaire à l’acquisition des logements, selon le Collectif de demandeurs qui s’est fait entendre à plusieurs reprises depuis l’instauration de ces nouvelles mesures en 2015. « C’est pour sécuriser l’investissement », explique-t-on à l’Office malien de l’habitat (OMH), maître d’œuvre de la politique de logement du gouvernement. « Le fait est que bien des gens ont monté des dossiers pour prendre les maisons, alors qu’ils n’ont pas les moyens de payer les traites. Le caractère social, c’est justement de rendre facile l’accès à des logements décents au plus grand nombre. Mais il ne faut pas oublier que ce ne sont pas des dons, et qu’il faut pouvoir rembourser », explique notre interlocuteur.
Rendre la sélection plus rigoureuse permet de satisfaire ceux qui sont réellement dans le besoin, poursuit-il. Selon lui, nombreux sont les propriétaires qui louent les maisons à des tarifs pouvant aller jusqu’à deux fois la traite due à la banque. « Et pourtant, ils ne paient pas. Parmi les gens qui se retrouvent dehors aujourd’hui, il y a des locataires en règle avec leurs propriétaires et qui ne s’attendaient pas à cette situation ». Par souci de justice, le contrat location-vente des logements récupérés par l’OMH devrait pouvoir être repris par les locataires qui le souhaitent.
Source: journaldumali