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L’ŒIL DE LE MATIN : Changeons dans nos habitudes pour construire le Malikura

Malikura ! Un nouveau Mali ! Le Mali de nos rêves ! Le Mali digne de notre ascendance ! Il en est question depuis des mois, surtout depuis la démission forcée d’Ibrahim Boubacar Kéita et la prise du pouvoir par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) le 18 août 2020. Ce nouveau Mali, presque tout le monde en parle. Mais, combien sont prêts à payer le prix de son émergence ? Combien de Maliens sont-ils prêts à sacrifier leurs intérêts personnels ou claniques pour que ce rêve collectif se réalise ? Finalement ce désir est comme celui d’une personne qui veut aller au paradis alors qu’elle a peur de mourir. Une équation dont la résolution relève donc de l’illusion.

 

On ne change par une nation avec une baguette magique. Il en est de même d’une gouvernance corrompue. Le changement souhaité doit être programmé d’abord à l’échelle individuelle. Comme le disait une web-activiste, tant que nous ne changerons pas et que nous n’adopterons pas des attitudes positives, l’actuelle transition sera une fois de plus une montagne qui va accoucher d’une souris.

Chacun doit alors se programmer mentalement pour ce changement tant désiré. Ensuite, nous devons apprendre à nous connaître afin de se faire confiance. Cette confiance est indispensable pour bâtir le Malikura. Elle est indispensable entre les décideurs et le peuple ; entre la justice et les justiciables ; entre la classe politique et les citoyens… Et cela d’autant plus que sans cette confiance, il n’y a pas de relance économique ; il n’y a pas de sacrifice politique pour obtenir une cohésion sociale indispensable à un sursaut national ; il n’y pas de moral pour avancer vers un état soudé et émergent.

Restaurer cette confiance nécessite une remise en cause à tous les niveaux afin de repartir sur de nouvelles bases dans les relations humaines, socioprofessionnelles, politiques et économiques. Cela exige qu’on accepte de se parler, de s’écouter  et de se dire la vérité aussi amère fut-elle.

 

Cultiver la patience et la persévérance

Rebâtir le Mali et le sauver des maux (corruption, délinquance financière, médiocratie, injustices…) qui hypothèquent son développement, c’est aussi prendre conscience que nous avons tous intérêt à cultiver l’excellence, à en faire un critère fondamental dans notre jugement, de nos critiques… Nous devons aussi faire preuve de patience aussi bien avec notre jeunesse qu’avec les autorités de la transition dans la construction de ce nouveau Mali dont nous rêvons tous (nous l’espérons).

Les édifices les plus solides se construisent avec patience et persévérance. Et comme on le dit souvent «Paris ne s’est pas construite en un jour». Et pour paraphraser notre amie Sonia Duchesse, il faut laisser le temps au temps, autrement le peuple malien doit davantage cultiver la patience et la persévérance. Il doit avoir la clairvoyance de ne pas céder aux tentations de fausses révoltes afin de ne pas anéantir les efforts et sacrifices de ceux qui luttent pour un Mali meilleur, un Etat soustrait des griffes de la corruption et de toutes les mauvaises pratiques qui le poussent lentement mais sûrement vers le précipice, vers le chaos.

Nous devons alors nous méfier de ceux qui sèment la pagaille pour ensuite mieux nous exploiter ; de ceux qui surfent sur la vague du trouble pour nous éloigner de la vérité. Certes, une vérité difficile à entendre et à admettre, mais pourtant indispensable. Que des aventuriers ne nous poussent pas à diaboliser ceux qui savent que «c’est ensemble que nous avancerons et que le chemin sera difficile et laborieux. Mais, c’est le seul qui existe si l’on veut sortir de ce marécage nauséabond».

Et pour qu’il soit durable il faut que ce changement soit porté par la jeunesse. Pas une jeunesse manipulée comme on l’a vu dans les rues de Bamako entre juin et août 2020. Mais des jeunes conscients que les intérêts particuliers ne doivent pas hypothéquer le destin commun. Pour ce faire, cette jeunesse doit être capable de réfléchir par elle-même, d’analyser et d’agir par intime conviction.

Depuis l’avènement de la démocratie, nos jeunes sont infantilisés, instrumentalisés par des pyromanes et mégalomanes pour généralement contrer des projets ou s’opposer à des décisions quelles que soient leur pertinence et leur utilité. S’ils aspirent réellement au changement, ils ne doivent plus accepter de jouer ce rôle pour personne, surtout sans connaître sa vraie motivation. Il est temps que les jeunes de ce pays arrêtent de sacrifier leurs rêves pour servir d’ascenseurs à des ambitions qui se réalisent le plus souvent à leurs dépens ; aux dépens de leur avenir, donc de celui du pays.

Comme l’a dit une talentueuse blogeuse qui n’a pas sa langue dans son portefeuille, «on t’utilise pour mobiliser, on t’utilise aussi pour démobiliser… A la fin, l’utilisateur (le manipulateur) se retrouve sous 1clim et toi sous l’arbre à faire son thé… Étudie, prend ton destin en main…» ! En effet, la grande majorité des patriotes autoproclamés ne pensent qu’à leur confort personnel.

 

La nécessité d’un changement radical de mentalité

Autrement, un changement radical de mentalité doit s’opérer au sein des couches juvéniles de toutes les forces vives de la nation. Et cela pour qu’elles se réconcilient avec les valeurs devant servir de briques au Malikura ; qu’elles cultivent l’excellence en se remettant au travail, en renonçant donc aux gains faciles et à la courte échelle qui font qu’elles sont toujours à la merci de n’importe quel aventurier capable de les manipuler pour réaliser ses ambitions personnelles. Cette remise en cause met aussi en exergue la nécessité de se former. Pas seulement une formation professionnelle, mais aussi politique (civique), mentale et psychologique. Cette génération qui doit être la cheville ouvrière pour bâtir ce nouveau Mali doit refuser d’entrer dans le cercle vicieux de la méchanceté gratuite, de l’hypocrisie, de l’égoïsme… que  nous les aînés voulons lui imposer comme un joug pour mieux la tirer par le nez.

Elle doit faire sienne des valeurs comme la fraternité et la solidarité. Si l’un d’entre eux a une bonne idée, un bon projet…  les autres doivent se battre avec lui pour le concrétiser, pour le réaliser. Et cela même si visiblement ils n’y ont rien à gagner directement. On construit un bâtiment solide avec des briques bien faites. Et chaque idée concrétisée, chaque projet réalisé est une brique de plus posée pour l’émergence de ce «Malikura». Tous les success stories, individuels ou collectifs, permettent au pays de faire un pas de plus vers son émergence ; donc le Mali qui gagne

En tout cas, si nous aspirons réellement au changement et à un Mali nouveau, il est temps que nous arrêtions d’aimer ce pays dans nos propos pour l’adopter dans nos cœurs et le chérir par nos actes !

Bonne et heureuse année 2021 ! Qu’Allah nous fasse grâce de sa Miséricorde en 2021 !

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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