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Lobsang Sangay : “La Chine peut contrôler l’Afrique”

Paris Match. Vous avez invité à Dharamsala une délégation d’opposants du Congo-Brazzaville. Pourquoi ? 
Lobsang Sangay. J’ai rencontré Andréa Ngombet lors d’une conférence internationale à l’étranger. Il n’était jamais allé à Dharamsala, donc j’étais très heureux de l’inviter pour le 29e anniversaire de la réception du prix Nobel de la paix par Sa Sainteté le dalaï-lama, en décembre dernier.

Vous partagez une expérience commune avec ces activistes : l’exil forcé. Existe-t-il d’autres liens entre votre lutte contre l’occupation du Tibet par la Chine et ce qu’il se passe sur le continent africain ?
En février 2018, j’étais invité à donner une conférence à faculté de droit de Stellenbosch, en Afrique du Sud. Les organisateurs ont subi d’énormes pressions de la part de l’ambassade de Chine, qui a menacé de retirer ses investissements dans le pays. Devant l’université, une foule brandissait des panneaux “Une seule Chine” ou “Pas de portes ouvertes pour les séparatistes tibétains” ! C’est un signe clair de l’influence grandissante de la Chine dans les pays africains et en particulier dans les affaires intérieures. La Chine est déjà en Afrique. Et nous, Tibétains, disons aux Africains : “Ce qui se passe au Tibet se passera chez vous.” L’occupation du Tibet est le prototype de l’invasion d’autres pays.

Il est temps de se rendre compte que les prétendus “programmes de développement” se paient au prix fort

Pensez-vous que la Chine soutienne des régimes autoritaires ? Et qu’elle puisse, d’une manière ou d’une autre, en prendre le contrôle ?
La Chine ne fait pas que soutenir les régimes autoritaires. Elle fournit les ressources nécessaires pour que ces pays assoient leur pouvoir. De nombreux think tanks sont de plus en plus inquiets de la manière dont la Chine procure à certains Etats, en Afrique et ailleurs, la technologie de surveillance très avancée qu’elle utilise sur son propre territoire. Par ailleurs, les pays les plus fortement endettés auprès de la Chine risquent de perdre leur souveraineté, et de se révéler incapables de prendre des décisions, même au niveau intérieur, sans l’aval de Pékin. Il est temps de se rendre compte que les prétendus “programmes de développement” se paient au prix fort. Certains s’imaginent que la BRI [Belt and Road Initiative, une nouvelle route de la soie, NDLR] est un simple projet d’infrastructures. Ce n’est pas le cas ! Avec ses initiatives économiques, la Chine peut contrôler ce que l’Afrique fait ou dit.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Bolton, a récemment déclaré que les projets d’investissements chinois en Afrique étaient “remplis de corruption”. Y voyez-vous un parallèle avec la manière dont la Chine opère dans d’autres parties du monde ? 
Oui. La stratégie d’investissement de la Chine en Afrique, particulièrement le projet BRI, ressemble beaucoup à la manière dont le Tibet a été occupé. Dans les années 1950, les dirigeants chinois ont promis aux Tibétains une route reliant nos deux pays qui apporterait “paix et prospérité”. Une fois que la route a été construite, les troupes chinoises sont arrivées avec armes et blindés, et le Tibet était occupé.

Certains pays asiatiques, comme le Japon ou la Malaisie, tentent de contrer l’influence de la Chine en Afrique. Avez-vous des liens avec eux ?
Le Parlement japonais compte l’un des plus importants groupes de soutien au Tibet dans le monde. Nous avons aussi des liens étroits avec nos amis taïwanais. Mais ces liens ne sont pas fondés sur un sentiment anti-chinois, mais plutôt anti-communiste et pro-démocratie.

Face à l’avancée de la coopération Chine-Afrique, le Japon défend sa vision

Le Burkina Faso n’est plus en affaires avec Taïwan

Le 24 mai 2018, le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, annonçait la rupture des relations diplomatiques avec Taïwan, après vingt-quatre ans de coopération, pour renouer avec Pékin. « Le Burkina Faso était automatiquement exclu des projets et programmes partiellement ou entièrement financés par la République populaire de Chine, a justifié le ministre dans une interview à “L’Observateur Paalga”. […] Ces relations avec l’île de Formose constituaient un boulet, à la fois pour nous-mêmes et pour nos voisins. » En juillet, la Chine a inauguré en grande pompe son ambassade à Ouagadougou. Aujourd’hui, les commerçants de la capitale burkinabé sont mitigés quant à l’impact de ce changement diplomatique. Certains s’en réjouissent, c’est le cas de Mikael Sandwidi, directeur général de l’enseigne de produits électroniques Fasotech. « J’attendais ça depuis longtemps ! dit-il. On ne peut pas continuer à traiter avec Taïwan alors que la Chine est partout ! Cette décision va aussi faciliter les démarches administratives des commerçants qui veulent s’y rendre. » Pour d’autres hommes d’affaires, l’inquiétude domine. « Dans certains pays africains,
les Chinois observent et analysent les marchés, puis ils repartent chez eux et obtiennent les marchandises moins chères que nous et ce dans tous les domaines », explique Christophe Yaméogo, directeur d’une agence de publicité. Comme lui, plusieurs commerçants s’inquiètent de la concurrence chinoise dans leurs secteurs d’activité. « S’ils voient que la vente des galettes dans la rue rapporte, s’inquiète l’un d’eux, ils n’hésiteront pas à le faire ! » Olympia de Maismont

parismatch

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