Notre compatriote Hammou Haïdara, consultant international et spécialiste des questions de développement et des entreprises, vient de publier un ouvrage intitulé « les micro-entreprises en Afrique de l’Ouest ou le développement par la petite porte ». Dans l’ouvrage publié aux éditions L’Harmattan, il diagnostique les maux de nos économies et propose une méthode de financement alternatif et innovant des entreprises.

Le lancement officiel du livre a donné lieu à une conférence-débat jeudi dernier, dans la salle de conférence du Conseil national du patronat du Mali. Dans cet ouvrage de 216 pages, Hammou Haïdara analyse de façon globale, les contours de cette économie souvent méconnue ou ignorée. L’auteur s’efforce, dans le même temps, de cerner les causes du sous-développement de l’Afrique et propose des solutions. Considérant ces micro-entreprises comme la base de nos économies, Haïdara avance des stratégies innovantes de financement en vue de « sortir des logiques de lutte contre la pauvreté pour s’engager dans des stratégies de lutte pour la richesse ».
« Pour ce faire, nous devons, à partir de nos réalités, bâtir notre propre plan de développement économique et social. Plus besoin de s’évertuer à entretenir le mythe de très grandes entreprises ou de très grandes exploitations familiales mécanisées qui en réalité n’existent pas dans nos pays », préconise le spécialiste du développement et des entreprises.
Persuadé que nous sommes « dans une logique où les gens ont besoin d’avoir des idées pour soit les utiliser, soit partir d’elles pour faire autres choses », il propose de formaliser, d’accompagner, de soutenir, de développer les micro-entreprises comme base du Mali industriel de demain.
Expliquant le titre de l’ouvrage, Hammou Haïdara estime que nos pays peuvent « entrer par la petite porte des micros-entreprises à partir desquelles ils créerons de vraies et grandes entreprises industrielles ». Cette démarche, précise-t-il, ne vise nullement à opposer micro et grandes entreprises.
L’idée d’écrire cet ouvrage est partie, selon l’auteur, de la crise politique et sécuritaire qui a frappé notre pays en 2012. Une crise, estime-t-il, qui a des fondements économiques tel le système de gouvernance, le mode de financement de l’activité économique.
La présentation du livre a mobilisé une belle assistance essentiellement constituée de spécialistes en économie, de critiques, de hauts cadres, de représentants d’institutions internationales et d’organisations non gouvernementales.
Au nombre des personnalités présentes, l’ancien ministre de l’Education nationale, Adama Samassékou, qui a marqué son désaccord avec l’auteur quand il parle « d’afro-pleurnichards ». De son point de vue, Hammou Haïdara semble minimiser la responsabilité véritable du colonisateur dans le retard économique de l’Afrique. « Toutes les initiatives de ruptures politiques et économiques avec l’ancienne Métropole ont été mortellement interrompues », a soutenu l’ancien ministre citant le cas de l’ancien président burkinabè, Thomas Sankara.
D’autres intervenants ont reproché à l’auteur son « penchant ultralibéral », en référence à sa conception et aux solutions qu’il propose dans son ouvrage. Hammou Haïdara a objecté qu’il refusait d’entrer dans des oppositions de courants économiques qui ne résoudrons rien aux problèmes de l’Afrique ». Il s’est plutôt défini comme « réaliste et pragmatique ».

Cheick Moctar TRAORE

source : L Essor