«L’Art du protocole au Mali, enseignement et savoir-faire», c’est le nouveau livre publié et se trouvant dans les kiosques pour le bonheur des amoureux de la lecture. Il est l’œuvre de Mathias Diarra, fonctionnaire à la retraite du Ministère des Affaires étrangères du Mali, détenteur d’un DESS en relations internationales, qui a voué sa carrière à la promotion du protocole du Mali pendant 40 ans dont 14 ans à Paris. Comme tout au long de son parcours, l’auteur continue de transmettre ses connaissances. Edité avec le concours de Cauris Livres, «l’Art du protocole au Mali, enseignement et savoir-faire», selon Mathias Diarra, compte 153 pages. Fruit d’un travail acharné, patient et documenté, le présent ouvrage, de l’avis de l’auteur, servira incontestablement de repère et de guide à tous ceux qui sont intéressés par le métier de protocole. Mathias Diarra, rompu aux bonnes mœurs de la société malienne, tente et réussit dans le livre, à allier leprotocole traditionnel malien et le protocole moderne de manière impeccable.
L’auteur que nous avons rencontré n’a pas manqué de justifier les raisons qui l’on poussé à écrire le présent livre. «A ma retraite, j’ai nourri l’idée d’apporter une contribution aux pratiques protocolaires de mon pays. Je voudrais m’acquitter aussi d’un devoir de reconnaissance envers mon pays, le Mali, qui m’a formé, pour partager le capital d’expériences que j’ai accumulé au cours de mes années de services, en mettant à la disposition de la jeune génération et l’ensemble des acteurs intervenant dans le domaine du protocole, un livre qui puisse leur servir de guide et de repère », a déclaré d’entrée Mathias Diarra. Et d’ajouter : « Ce livre prolonge la passion particulière que je ne cesse de nourrir pour le protocole que j’ai servi pendant 40 ans. En somme, la décision d’élaborer un document sur ce sujet répond donc pour moi, à un devoir d’apporter ma pierre à l’amélioration de l’édifice de protocole, au besoin de donner plus de visibilité aux actions à mener dans le domaine du protocole, et de faire ressortir les éléments fondamentaux qu’un agent de protocole devrait maîtriser pour réussir sa carrière ». Ce livre, étale Mathias Diarra, invite au débat sur les grands défis auxquels le protocole est confronté et vise à donner une meilleure compréhension du protocole dont le niveau et l’image doivent être rehaussés. Nous essayons aussi dans l’œuvre de prôner un protocole de type nouveau en Afrique afin de lui donner ses lettres de noblesses. Mathias va plus loin dans sa justification. «Le protocole étant plus ou moins mal connu, nous n’avons pas voulu écrire un livre sans espoir. Mais nous avons surtout tenu à mettre à disposition un document pédagogique dans lequel les agents de protocole trouveront de repères, des informations pratiques pour les aider dans leurs rôles et fonctions respectifs», a-t-il dit.
En théorie, il a fait savoir que le récit fait ressortir les grandes parties qui s’articulent autour de la formation qui est un élément fondamental pour un agent de protocole. Il y a également, dit-il, l’environnement socioprofessionnelle pour faire comprendre à ceux qui liront le livre, qu’appelle-t-on directeur de protocole, chef de protocole, agent de liaison, agent de plateforme, agent porté, hôtesse, chauffeur de maître. L’on parle aussi de la pratique du protocole au quotidien. Ensuite, ajoute Mathias, le livre parle de l’organisation des repas protocolaires, de placement qui est très important et qui amène généralement des incidents diplomatiques. «Par exemple, éviter de placer deux pays antagonistes côte à côte pour ne pas créer des problèmes. J’ai fait ressortir trois formulaires de protocole pour pouvoir éviter tout ça. Il y a un premier correctif qui concerne des organisations comme la CEDEAO, l’UA où quelqu’un est désigné pour présider. A partir de là, on place les gens. Le deuxième correctif consiste à placer les délégations suivant l’ordre alphabétique. Et le troisième correctif consiste à placer les gens par ordre d’ancienneté au pouvoir», a narré l’auteur. Et de poursuivre : «Nous avons aussi parler de l’usage du tapis rouge que beaucoup de personnes ne savent pas que c’est régi par un décret. Il y a aussi la courtoisie et les obligations protocolaires. On parle également de la prise de parole en public. Comment se conduire en public. Je parle aussi de la gestion du temps qui est considéré comme l’ennemi fort du protocole. Il y a également les tenues vestimentaires. Il y a l’échange des cadeaux. Ce livre vous dira qu’est ce qu’il y a lieu de faire, à qui il faut donner, quel cadeau il faut donner. Je parle aussi des outils protocolaires (le drapeau qui est un symbole de haute importance représentant un pays, une nation, une histoire. Il faut éviter donc de voir le drapeau délabré, lacéré, et déchiré. J’expliquela façon de prendre le drapeau, comment se tenir devant un drapeau, comment être devant un drapeau. Je parle des décorations que les gens portent sur les vestes, boubous, etc. », a explicité Diarra.
Dans ce livre, ajoute Mathias, on fait ressortir trois cas pratiques. La premièrepratique pour un protocole, dit-il, c’est l’investiture d’un président de la République. «Là, le protocole doit agir et bien agir. Il y a aussi la présentation des lettres de créances des ambassadeurs, des étrangers. Et pour finir, l’organisation d’un sommet où on a 57 pays à recevoir. C’est ce que j’ai fait, lors des deux sommets Afrique-France ici à Bamako ». J’ai parlé ensuite de lexique protocolaire, parce que ce sont des mots et des langages propres au protocole et qui sont peu connus du public. J’en ai cité beaucoup pour qu’on sache ce que c’est», préconise Diarra
Le livre, indique, Mathias Diarra, parle de quelque chose de nouveau. « J’ai voulu allier le protocole traditionnel malien au protocole moderne. Pour ça, je me suis servi de la case des griots qui contribue beaucoup depuis des temps (royaume Bambara de Ségou, etc.), où les griots exerçaient le rôle du chef de protocole. Ensuite, j’ai parlé de la sagesse africaine en me servant des proverbes africains qui disent au protocole comment il faut faire dans tel ou tel lieu. Bref, on peut se servir de notre propre sagesse pour mieux travailler aussi le protocole. Ce sont les règles modèles et savoir vivre qui sont liés au protocole», a fait savoir Diarra. Il y a également la tradition de l’hospitalité, qui est une touche malienne aux grands évènements. «Ça symbolise l’ensemble des valeurs, de savoir vivre, d’hospitalité et de convivialité. Le protocole s’en sert beaucoup pour pouvoir travailler », appuie Diarra. J’ai parle aussi des qualités du protocole. « Il faut aimer le protocole, être à la merci du protocole pour pouvoir faire son travail. Quand on ne l’aime pas, on ne peut pas. L’agent de service de protocole doit servir son prochain sans contre partie, il doit être nourri de la conviction qu’il faut un don de soi et une très bonne éducation pour exercer ce métier. Un agent de protocole doit être une personne discrète, efficace, rigoureuse, tenace face à tout problème. Il doit aussi savoir développer une capacité d’anticipation, avoir un esprit d’adaptation, de crédibilité», a conseillé Mathias Diarra.
Par honnêteté intellectuelle, l’auteur a porté un regard critique sans complaisance sur les forces et faiblesses des deux sommets Afrique-France qu’il a dirigés au Mali. C’est à dire relever les fautes commises pendant qu’il dirigeait ces deux sommets de haut niveau pour que la jeune génération ne répète pas les mêmes fautes qu’on aurait pu éviter et qui auraient pu aussi aller jusqu’ à des incidents diplomatiques.
A la fin du livre, Mathias a insisté sur la formation. Parce que, dit-il, le protocole n’est pas une matière figée. « Il faut une formation continue des agents du protocole.
En plus, il a demandé à la jeunesse malienne de lire le livre qui est déjà une formation. Du coup, ajoute Diarra, ça peut permettre de bien faire les choses. Car on ne peut rien faire d’intéressant, de correct dans la vie sans protocole. Le protocole étant un instrument des relations internationales, dit-il, a pour objectif de faire respecter les règles de courtoisie nationales et internationales. Il sert aussi à réguler les rapports des individus, des autorités, des corps constitués, des groupements, des pays en la personne de leurs représentants, de telle manière que chacun sache quel doit être son comportement sans heurter la sensibilité de ceux qu’il rencontre. C’est ce que les agents de protocole doivent appliquer à la lettre : faire en sorte que tout se déroule bien, qu’il n’y ait pas d’incident, que les gens savent ou se placer, ou se mettre sans créer de problèmes.
Hadama B. FOFANA
Source: Le Républicain