Quatre paysans de Tienkoungoba sont actuellement en détention suite au différend qui oppose leur village au Président de l’APCAM, Bakary Togola. Ce dernier est prêt à tout pour s’accaparer plus de 200 hectares de terres cultivables dans cette localité.
Le 22 octobre 2018, la brigade de gendarmerie de Koumantou a procédé à l’arrestation de trois personnes à Tienkoungoba. Les conditions d’interpellation de l’une d’entre elles, Souleymane Togola, étaient plus qu’humiliantes. Au sortir de sa douche, ce chef de famille en culotte, sans chemise, a été aspergé d’une pluie de gaz lacrymogène par les gendarmes avant d’être embarqué pour Koumantou comme un vulgaire criminel.
Ses parents qui lui ont apporté des habits ont été arrêtés puis relâchés le soir après différentes interventions. Quelques jours après, à Bougouni, une quatrième personne a été arrêtée à la fin d’une audience au tribunal.
Avec la même promptitude que les gendarmes de Koumantou ont procédé à ces arrestations, les autorités administratives de cette localité devraient se signaler dans la prévention des incidents. Comment comprendre que le préfet et le gouverneur ignorent qu’un tel drame est en train de se produire dans leur circonscription ? Informés le 16 septembre de la présence sur la zone litigieuse des jeunes du village de N’Tjila Maro mobilisés par Bakary Togola, les habitants de Tienkoungoba ont alerté le sous-préfet et le commandant de brigade de Koumantou.
« Malheureusement, aucune autorité n’a réagi même pour demander à Bakary Togola d’arrêter ces actes provocateurs », nous a confié Amadou Togola, ressortissant de Tienkoungoba. Pis, en mi-octobre, le commandant de brigade a été averti sur la base d’informations fiables que les envoyés de Bakary Togola venant de Niamala et de N’Tjila Maro, s’apprêtent à descendre sur le terrain. Ce jour-là, ils ont trouvé sur place la population de Tienkoungoba décidée à défendre ses terres cultivables.
Faute de réaction, les deux camps se sont violemment affrontés au bout du compte. Ce qui a occasionné des blessures graves de part et d’autre et des motos endommagées. Il n’y a pas eu de pertes en vies humaines, heureusement. Après constat, il aurait été demandé à chaque partie de soigner ses blessés.
Lors de cet incident, plusieurs personnes venues de Niamala, le village natal de Bakary Togola, situé à plus de 22 Km de Tienkoungoba, ont été blessées.
Le Président de l’APCAM reste sourd à tous les appels à la raison, y compris celui de l’ancien Président de la République, Pr Dioncounda Traoré.
Les autorités du Mali continueront-elles à rester passives face à de tels agissements qui risquent de déboucher sur des affrontements meurtriers entre des villages ? Comment une seule personne peut-elle s’octroyer impunément plus de 200 hectares aux dépens des pauvres paysans ? Les autorités administratives et judiciaires ont-elles perdu leur latin devant le richissime président de l’APCAM ? Pourquoi la gendarmerie procède-t-elle à des arrestations dans un seul camp ? Le Préfet, le gouverneur, les ministres de la République attendent-ils qu’il y ait mort d’hommes pour réagir?
Chiaka Doumbia
Le Challenger