Alors que la Russie a eu recours à sa marine, entrée à son tour en action mercredi 7 octobre pour réaliser des frappes sur le territoire syrien, les ministres de la défense de l’OTAN, réunis à Bruxelles jeudi 8 octobre, devraient longuement parler du conflit en Syrie et du nouveau rôle qu’y joue Moscou.
Car, même si, selon la version officielle, l’alliance « n’est pas directement impliquée en Syrie », elle doit se soucier de la situation dans ce pays, compte tenu notamment des menaces qui pèsent sur la Turquie. Le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a déclaré dès jeudi matin que son organisation était prête à envoyer des troupes en Turquie pour défendre cet Etat membre contre les menaces pesant sur sa frontière sud.
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Mais les ministres doivent encore tenter de déterminer si, en s’impliquant fortement en Syrie, la Russie ne vise qu’à soutenir le régime en place de Bachar Al-Assad ou si elle entend ainsi prendre pied dans toute la zone méditerranéenne.
L’OTAN va, en tout cas, y renforcer ses moyens de surveillance et de renseignement. Et trois pays (la France, l’Espagne et l’Italie) insistent pour que l’augmentation de la réactivité et des capacités de déploiement concernent également cette région.
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Les pays d’Europe centrale d’abord préoccupés par leur sécurité
Initialement, la réunion de jeudi devait toutefois surtout servir à jeter les bases du prochain sommet de l’organisation, qui se tiendra à Varsovie en 2016. Un sujet qui concerne d’ailleurs directement la relation avec Moscou : les pays d’Europe centrale et orientale, moins préoccupés par ce qui se déroule sur le flanc sud que par leur propre sécurité après l’annexion de la Crimée et la guerre en Ukraine, aimeraient que ce sommet désigne sans ambiguïté la Russie comme l’ennemi principal – voire unique.
Le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a déposé un document qui évoque l’adaptation militaire, politique et institutionnelle de son organisation. Il prône une approche plus nuancée, basée sur la dissuasion, et tempère l’idée d’une présence permanente de l’OTAN dans les pays proches de la Russie.
Il rejoint ainsi la position de l’Allemagne, qui entend éviter une escalade militaire, et celle de la France, qui insiste sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec la Russie et réfute toute remise en cause de l’acte fondateur de la relation OTAN-Russie. Signé en 1997, il écartait l’idée d’un déploiement permanent de forces otaniennes dans les pays de l’est de l’Europe.
Protection renforcée
Ces derniers voient toutefois leur protection renforcée. La surveillance aérienne y est augmentée et six structures (NATO Force Integration Units) y ont déjà été installées. Deux autres seront bientôt établies en Hongrie et en Slovaquie. Le principe d’un « plan de déploiement rapide » (RAP) a été adopté ainsi que le lancement d’une « force de haute réactivité » (VJTF) qui serait mobilisable en quelques jours et susceptible d’intervenir sur le territoire de l’alliance, ou hors de celui-ci.
Certaines capitales jugent aussi nécessaire de reprendre langue avec Moscou à propos du système de défense antimissile de l’Alliance, dont la couverture augmente progressivement. Selon elles, il faut répéter aux autorités russes qu’il n’est pas dirigé contre leur pays – il serait d’ailleurs incapable d’intercepter des missiles russes – mais vise notamment à protéger le territoire européen contre d’éventuelles menaces iraniennes.
Source: Le Monde