L’inquiétante coalition religion et État au Mali

Selon le dictionnaire de la langue française  le Larousse, l’État c’est:

La “société politique résultant de la fixation, sur un territoire délimité par des frontières, d’un groupe humain présentant des caractères plus ou moins marqués d’homogénéité culturelle et régi par un pouvoir institutionnalisé.

(En droit constitutionnel, l’État est une personne morale territoriale de droit public personnifiant juridiquement la nation, titulaire de la souveraineté interne et internationale et du monopole de la contrainte organisée.)

Éléments centraux de l’Administration, ensemble des pouvoirs publics, par opposition aux citoyens.”

Donc le concept de l’État fait référence à un pouvoir institutionnel exercé sur une population avec une certaine homogénéité culturelle vivant sur un territoire déterminé.

C’est donc une histoire de pouvoir institutionnel, de population et de territoire.

Le même dictionnaire Larousse définit la religion comme étant:

L'”ensemble déterminé de croyances et de dogmes définissant le rapport de l’homme avec le sacré.

Ensemble de pratiques et de rites spécifiques propres à chacune de ces croyances.”

En religion on est donc sur le terrain du rapport entre l’homme et le sacré qui est en général désigné par Dieu ou par un être suprême.

Ce rapport est basé sur des croyances et des dogmes.

Au Mali nos populations ont plusieurs croyances religieuses.

Elles sont musulmanes, chrétiennes et animistes pour la plupart.

L’homogénéité culturelle qui caractérise l’exercice du pouvoir institutionnel de l’Etat ne se manifeste donc pas par une seule croyance religieuse au Mali.

Elle se caractérise par une croyance diversifiée au sacré même si cette croyance est majoritairement musulmane ou se réclame comme telle.

Les deux principales religions monothéistes exercées par les maliens (l’islam et le christianisme) se basent sur des livres saints: le coran et la bible.

Les pratiques religieuses et les interprétations des différents courants de pensées dans ces deux religions font qu’elles sont loin d’une pratique homogène dans les rapports des maliens avec le sacré.

Alors que l’exercice du pouvoir institutionnel incarné par l’État tire sa base juridique dans la constitution du pays.

Celle-ci édicte de manière claire et sans équivoque la laïcité de l’État au Mali.

Nous sommes donc dans une dichotomie claire entre le religieux et la politique publique incarnée par l’Etat car ces deux concepts tirent leurs essences dans des sources totalement différentes.

La religion est du domaine public mais elle est loin d’être officielle car elle est principalement personnelle et appelle aux rapports entre un individu et Dieu.

L’Etat est aussi du domaine du public mais il est officiel et n’est jamais personnel.

IBK, l’actuel président du Mali, et son premier ministre Moussa Mara, veulent apporter leurs rapports personnels à Dieu tirés de la religion musulmane sur le terrain public et officiel du domaine de l’Etat malien.

Ils le font en s’impliquant dangereusement dans le renouvèlement du bureau du Haut Conseil Islamique du Mali qui n’est ni une institution de la république du Mali ni un projet public et officiel du Mali en tant qu’État souverain.

Il y a un risque d’empiéter sur la liberté religieuse des maliens par ceux-la mêmes qui ont actuellement en possession de la puissance publique au Mali.

Or la liberté de culte est un droit fondamental et constitutionnel des citoyens maliens.

C’est pour cette raison que nos Ayatollah des “Inchala” dans les discours officiels de l’Etat du Mali doivent se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard et exercer leur religion dans leur cadre personnel et très loin du cadre officiel de notre État.

La religion est publique mais n’est pas officielle au Mali car aucun dirigeant malien n’est élu ou nommé sur la base du Coran ou de la bible mais par la volonté du peuple malien et elle seule.

Et le peuple malien est loin d’avoir une seule croyance religieuse.

source : maliactu