A la clôture des états généraux du Barreau du Mali, jeudi dernier 27 juillet 2023, le bâtonnier de l’Ordre des avocats n’y est pas allé avec le dos de la cuillère avec ses confrères, qu’il invite à mieux se soucier de leur image et de celle de la corporation.
Après 48 heures de discussions sur les problèmes du Barreau, l’évidence est que la situation n’est pas reluisante et les avocats y ont une très grande part de responsabilité. Ils doivent se conformer aux règles de la profession.
Aussi, avertit le bâtonnier Traoré sous forme d’ultimatum, quiconque déshonore la profession répondra désormais de ses actes. Il prend l’engagement pour que l’accès à la corporation se fasse via l’organisation de concours propres.
En outre, déplore-t-il, le Barreau n’a pas d’argent pour assurer son fonctionnement et devrait disposer de ressources autonomes pour ce faire. Ce qui n’est guère le cas. Son autonomisation financière interpelle tous et, pour ce faire, les avocats doivent aller à l’Assurance maladie obligatoire et rendre la Carpa opérationnelle. Et Me Traoré d’inviter ses confrères à s’y inscrire. A ce jour, seul 168 avocats sur 305 ont formalisé leur inscription à la Caisse.
Au Burkina par exemple, la Carpa apporte au Barreau quelque 320 millions par an, a-t-il révélé.
C’est pourquoi dans une deuxième lettre circulaire, il accorde un délai de deux semaines à ses confrères pour formaliser leur adhésion. Faute de quoi, le Conseil de l’Ordre des avocats refusera ses services à tout avocat qui n’y aura pas souscrit et «le Barreau prendra toutes les sanctions nécessaires». Après un long temps d’usage de la carotte, il est temps de recourir au bâton, a déclaré le premier responsable du Conseil de l’Ordre des Avocats du Mali.
Autre préoccupation exprimée par Me Traoré : le Barreau malien n’a toujours pas une Maison des avocats digne du nom et celle qui leur est destinée demeure en chantier depuis 15 ans, «malgré les promesses des gouvernements successifs».
A en croire le secrétaire général du Conseil de l’Ordre des Avocats, Me Souleymane Soumoutera, les recommandations issues de ces états généraux seront traitées dans une démarche participative et inclusive avec le Secrétariat de l’Ordre et les différents panélistes. Quelques unes seront toutefois mises à la disposition du secrétariat, telles que l’archivage et la numérisation des documents historiques du Barreau, l’application stricte des principes de déontologie et éthique à tous les avocats, l’initiation des formations sur l’éthique et la déontologie, la fixation d’un message du Bâtonnier au début de l’année judiciaire, l’information des avocats des décisions du Conseil de discipline, la mise en place d’une structure de veille sur les cas de corruption au niveau de la justice et d’un observatoire sur les pratiques anormales au sein de la justice.
Le Bureau de l’Ordre des Avocats s’engage à travailler de manière méthodique sur les recommandations et les conclusions de ces états généraux.
Ils ont dit :
Me Fadiala Dembélé, avocat
«Notre profession est victime de comportement»
L’image de l’avocat est tellement atteinte dans certains milieux que j’en suis personnellement gêné. Or, il suffit juste qu’il se conforme aux textes de la profession, à commencer par les textes nationaux, ensuite le règlement de l’Uémoa qui régit l’exercice de la profession d’avocats dans l’espace communautaire. Les débats ont permis de savoir ce qui n’a pas marché, ce qui doit changer, que faire pour se conformer à la législation communautaire, comment mettre fin aux pratiques malsaines.
Me Mohamed Goïta, avocat
«Je suis très satisfait…»
Ces états généraux sont une très grande première. Des thématiques intéressantes ont été débattues. Je pense que le Bâtonnier veillera à l’application stricte des mesures prises et que ce serait un début de solution aux défis auxquels nous sommes confrontés. Je suis très satisfait.
Soundié Koné, stagiaire
Le Challenger