Seuls les plus fous auraient pu y croire. Après onze minutes de jeu à l’Allianz Arena, personne n’aurait misé un kopeck sur les Citizens, menés 2-0 par un Bayern Munich qui n’avait jamais paru aussi fort dans la saison. Alors qu’une correction en bonne et due en forme semblait se présenter pour les hommes de Manuel Pellegrini, lui qui n’avait jamais battu Pep Guardiola, Manchester City a complètement retourné la situation en seconde période en inscrivant deux buts en l’espace de trois minutes par Kolarov (59e, sur penalty) et James Milner (62e).
Le responsable chez le Bayern s’appelle défense centrale : Dante, coupable sur le penalty, et Jérôme Boateng, auteur d’une relance fantôme dans sa surface sur le but de Milner, ont été directement impliqués dans la déroute défensive des Munichois. Leur responsabilité est également engagée sur la réduction du score de David Silva (28e). Clairement le tournant du match. City, auteur de son meilleur parcours en Ligue des champions depuis son retour à la compétition en 2011/2012, a probablement signé son acte de naissance contemporain dans la plus grande des compétitions européennes.
En venant s’imposer à l’Allianz Arena, l’autre club de Manchester, éliminé par deux fois en phase de poules en 2011 et 2012 après un mauvais tirage, a stoppé la série d’invincibilité du Bayern Munich en Ligue des champions (qui était de 10 matches) et infligé sa deuxième défaite de la saison au géant bavarois (après la défaite 4-2 face au Borussia Dortmund en Supercoupe d’Allemagne). Un succès européen gagné à l’anglaise qui rappelle sous certains aspects celui qu’était venu chercher Arsenal au mois de mars dernier, en 8es de finale retour de la dernière édition (succès 2-0 des Gunners après une défaite 1-3 à l’aller).
A l’heure des comptes, Manchester City, jamais réellement dominateur dans cette rencontre assez étrange, peut nourrir quelques regrets. Le club mancunien est passé à côté de la première place du groupe D, seul enjeu sportif de cette rencontre au coup d’envoi, pour un petit but. Cela ne reste qu’un regret car seule une occasion de Negredo (80e) est venue secouer l’Allianz Arena dans la dernière demi-heure de la rencontre.
Manuel Pellegrini a d’ailleurs bien insisté sur le fait que City ne faisait pas du classement une priorité. « Bien sûr, cela aurait été très important de marquer un troisième but, tout comme de finir premier du groupe. Mais nous avons un match important samedi face à Arsenal et nous ne voulions pas trop prendre de risques », assure le technicien aux cheveux poivre et sel.
Une seconde place du groupe, avec 15 points en six rencontres, qui fera du club anglais un véritable trouble-fête pour les têtes de séries lors du tirage au sort des 1/8e de finale, le lundi 16 décembre prochain. S’il n’est pas encore parvenu à devenir un cador européen depuis 2008, Manchester City peut désormais se targuer d’avoir un spécialiste de la question à sa barre. Demi-finaliste en 2006 avec Villareal et quart de finaliste à deux reprises (Villareal en 2009 et Malaga en 2013), le technicien chilien possède plus que jamais le CV parfait pour faire grandir City en Ligue des champions. Le fait que Man City ne soit pas une terreur européenne joue pour lui.
Auteur du troisième but, James Milner, qui faisait parti du large turn-over voulu par Pellegrini (Kompany, Agüero et Negredo étaient sur le banc, Yaya Touré absent) a voulu souligner la force de caractère qui habite désormais le vestiaire, une nouveauté cette saison après une ère Mancini plus contrastée sur ce plan. « On a pris un très mauvais départ et pendant longtemps on a cru que notre adversaire allait s’imposer. Mais notre retour montre que nous avions beaucoup de caractère dans ce vestiaire », a souligné l’international anglais après la rencontre.
D’autres joueurs, pas forcément indiscutables ont également tenu leur rang à Munich : Jesus Navas, excellent sur le côté droit. Fernandinho et Javi Garcia à la récupération et surtout Pablo Zabaleta qui a petit à petit éteint Franck Ribéry, pourtant intenable en début de rencontre. « On les a peut-être pris de haut », a reconnu l’international français au micro de beIN Sport. « On a relâché le pressing et on s‘est laissé faire. Il y a eu un manque de concentration. ».
L’Europe du football est désormais prévenue, City a vaincu ses démons européens et s’annonce enfin comme l’épouvantail de cette Ligue des champions. La jurisprudence Munich est désormais passée par-là.