Les cheminots du Mali ont animé un point de presse le mardi 17 avril dernier à la gare ferroviaire, pour exprimer leur déception face au non-respect des engagements pris par l’Etat. Ils exigent le paiement de leurs arriérés de trois mois de salaire avant le 27 avril prochain. A défaut de quoi, ils promettent de prendre leurs responsabilités.
Les cheminots, à travers le Groupement des Syndicats et Associations des Cheminots du Mali, demandent à l’Etat, le minimum de considération à leur égard en les mettant dans leurs droits.
«Le paiement des salaires de février et mars avant le 27 avril 2018, la prise en charge des salaires par l’Etat jusqu’à la mise en œuvre du nouveau schéma institutionnel, le paiement des indemnités de départ des agents à la retraite de 2017, l’acquisition des locomotives, des wagons et la réhabilitation de la voie, enfin, la tenue de toute urgence, de la réunion du comité inter-Etats». Ce sont les doléances que le Groupement des Syndicats et Associations des Cheminots a soumis à l’Etat.
«Nous prenons à témoin le peuple malien et particulièrement la population de Kayes et toutes les villes et villages riverains des rails que si des dispositions urgentes et concrètes ne sont pas prise, nous prendrons toutes nos responsabilités», a prévenu Mahamane Thienta, le coordonnateur du Groupement des Syndicats et Associations des Cheminots.
Avant de rappeler que l’Etat avait pris trois engagements lors de la réunion des experts sur la situation de la convention de concession de l’activité ferroviaire sur l’axe Dakar-Bamako, tenue depuis le 6 décembre 2015 à Bamako. Parmi ces engagements dit-il, figure la garantie des salaires et des emplois des travailleurs pendant 6 mois et qui peut aller au-delà dû à certains aléas. Le coordinateur du Groupement des Syndicats et Associations des Cheminots ne trouve pas normal que le Sénégal soit en train d’honorer ses engagements en payant ses travailleurs contrairement à l’Etat du Mali.
« On est confrontés à un problème de locomotion. Aujourd’hui, ce sont les locomotives qui posent un véritable problème, on n’en a pas! DBF est une entreprise binationale (le Mali et le Sénégal), on ne dispose que d’une seule locomotive en circulation. Les deux États ont pris des engagements lors de la résiliation de la convention de concession. Ça nous fait déjà trois mois qu’on est sans salaire. Nous sommes au nombre de 480 pour le Mali, les ressources générées par le train voyageur frôlent les 29 millions par mois dont 15 millions pour les carburants seulement or la masse salariale des travailleurs maliens s’élève à 180 millions. C’est insignifiant! », a déclaré Mahamane Thienta.
Qui n’admet pas que le chemin de fer traverse les pires moments de son existence alors que les deux états se sont engagés non seulement à prendre des dispositions nécessaires pour assurer la continuité des activités sur la ligne ferroviaire Dakar-Bamako, mais aussi, ils ont pris des mesures adéquates pour préserver les emplois des travailleurs et payer régulièrement les salaires pendant toute la phase transitoire.
«Nous invitons le gouvernement à honorer ses engagements sinon les moyens ne font pas défaut à notre niveau. Les bras valides existent, nous sommes prêts à relever le défi. Nos attentes non pas été à la hauteur. Le gouvernement nous a déçus. Le président IBK a tenu un engagement qui n’a pas été honoré. Il nous a promis 4,6 milliards pour l’achat de deux machines et la rame voyageur. Nous n’avons reçu aucun centime jusqu’à la date d’aujourd’hui. Or la machine qui circule présentement est une vieille machine qu’on a colmaté pour faire face à l’essentiel en attendant la concrétisation de sa promesse. Pire, en cas de détresse, nous n’avons même pas le moyens de secourir les passagers», a révélé Modibo Sidibé, secrétaire administratif du syndicat des travailleurs du rail.
«On n’est pas d’accord, l’Etat a pris l’engagement que tant que la transition va durer, il va prendre la charge des travailleurs. Nous demandons aux responsables du gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer les salaires des travailleurs», a-t-il ajouté.
«Cette lutte doit être celle de toute la région de Kayes. Le chemin de fer est l’âme de cette contrée. Les populations riveraines vivent du train. C’est la manifestation d’une mauvaise volonté sinon, ce ne sont pas les moyens qui font défaut. La région de Kayes donne trop au Mali et elle ne mérite pas d’être marginalisée», a déclaré Boubacar Diabaté, président du FARK.
«La volonté politique commence par les députés de la première région, les présidents de conseils de cercles et le président du conseil régional. Aucun député de la cette région n’a interpellé le ministre des Transports. On n’est pas sortis de l’ornière, bientôt la campagne va commencer, les cheminots, vous allez attendre encore. Nous, en tant qu’anciens cheminots, pour la sauvegarde des rails, le partenariat avec le Sénégal ne marchera pas, un gouvernement ne peut pas prendre à 100% le chemin de fer. Le chemin de fer du Mali œuvre pour la stabilité et pour le social», a souligné pour sa part, Hamaty Diallo, un ancien cheminot.
Moussa Sékou Diaby
Le Tjikan