Le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale, Tièman Hubert Coulibaly s’est entretenu hier jeudi 19 avril à son département, avec la presse suite à la présentation du rapport de la Minusma au conseil de sécurité de l’ONU la semaine dernière.
Plusieurs sujets ont été abordés lors de cette rencontre avec la presse notamment la situation sécuritaire du pays à trois mois de l’élection présidentielle. Il s’agit des difficultés liées à l’application de l’accord, la sécurité et le renforcement des capacités des casques bleus, la demande faite par l’opposition pour la certification des élections par les Nations Unies et la CEDEAO.
Selon le ministre Tièman Hubert Coulibaly, le rapport du secrétaire général de la Minusma est présenté au conseil de sécurité de l’ONU de manière périodique sur la situation du Mali. Et le dernier exercice a eu lieu la semaine dernière à New York auquel il a participé. Selon lui, au cours de cette séance de travail, la parole a été donnée au Mali pour donner son point de vue et faire le point de la situation sur la mise en œuvre de l’accord pour la paix.
«Nous avançons normalement, si tout se passe bien, le 30 avril, le MOC de Kidal et de Tombouctou pourront être opérationnels. Cela permettra d’avoir un dispositif de sécurisation conjoint entre l’armée malienne, la CMA et la Plateforme pour que le DDR puisse commencer mais aussi, pour que toutes les opérations y compris électorales puissent se dérouler dans les conditions de sécurité optimisée », rassure le ministre Tièman Hubert Coulibaly.
Avant de poursuivre : «à chaque fois que nous avons eu l’occasion de nous retrouver au conseil de sécurité de l’ONU ou à l’Union Africaine, nous faisons en sorte que le point de vue du Mali sur la question de l’accord puisse être entendu et au-delà, obtenir plus d’adhésions en notre faveur. Le rapport du secrétaire général a reconnu des avancées positives malgré la lenteur du processus que regrette le gouvernement et les autres groupes signataires».
Et de préciser :«On ne peut pas parler de la caducité de l’accord étant donné qu’on est en train de le mettre en œuvre depuis sa signature. Nous avons connu beaucoup de difficultés, notamment sur le volet défense et sécurité à travers l’opérationnalisation du Mécanisme Opérationnel de Coordination(MOC) et le début du processus de DDR entre autres. L’accord n’est pas caduc, si tel était le cas, ça veut dire que nous repartons dans les conflits alors que de nos jours, force est de constater que les séquences de violences que nous avons connues jusqu’en 2015 sont derrière nous. Il n’y a plus d’affrontements entre l’armée malienne et les groupes signataires et ni d’affrontements entre les mouvements signataires eux-mêmes ».
A en croire Tièman Hubert Coulibaly, à un moment donné, l’un des obstacles était la mésentente qui a conduit à des affrontements entre les mouvements signataires. Mais grâce aux efforts du gouvernement et du dialogue inter-Maliens, ils sont arrivés à mettre un terme à ces affrontements.
«La mission de la Minusma a fait l’objet de beaucoup d’attaques, elle a perdu beaucoup d’hommes de la part des groupes terroristes qui refusent la mise en œuvre de l’accord. Tant que l’accord progresse, l’insécurité diminue et les activités des terroristes et narcotrafiquants diminuent de la même manière. C’est la raison de ces attaques contre les Famas, Barkhane et la Minusma. Tombouctou, la semaine dernière et avant il y a eu d’autres attaques », a-t-il déploré. Avant de préciser que la doctrine des Nations Unies ne prévoit pas la lutte contre le terrorisme, or malheureusement, le terrorisme représente la grande menace sur le territoire du Mali.
«Nous avons dit au conseil de sécurité qu’il est nécessaire que la Minusma soit équipée et organisée de manière adéquate pour qu’elle puisse accomplir sa mission aux côtés de l’armée malienne et les forces du G5 Sahel. Nous saluons les pays qui ont apporté leur aide à la Minusma et à Barkhane sur le plan humain et matériel. Nous sommes favorables à ce que les pays qui en ont les moyens, l’intention et la volonté politique puissent appuyer la Minusma afin de combler les faiblesses capacitaires », a-t-il déclaré.
Pour Tièman Hubert Coulibaly, la communauté internationale joue pleinement son rôle parce qu’elle est impliquée dans la crise. Il a rappelé que c’est le Mali qui a demandé au conseil de sécurité des sanctions contre ceux qui piétinent la mise en œuvre de l’accord.
Concernant la demande de certification des élections par les Nations Unies et la CEDEAO faite par l’opposition, le ministre Coulibaly dira qu’il n’en a été informé par personne.
Sur la question, il est formel : «Nous avons appris que l’opposition a écrit à certaines organisations concernant le processus électoral. Nous n’avons été saisis par personne. Je crois qu’il faut être clair, le processus électoral malien ne saurait être soumis à une quelconque certification de qui que ce soit. Nous avons une pratique électorale qui est très ancienne, nous avons eu des périodes difficiles en matière électorale et le Mali a un dispositif ( la DGE, la CENI) ouvert aux observateurs internationaux. Notre processus avec la communauté internationale est basé sur la sécurité et la stabilisation. Chacun est libre d’envoyer un courrier à qui il veut, à mon avis, ces élections font l’objet d’une préparation sérieuse, crédible et transparente. Nous n’avons pas besoin d’avoir une quelconque certification», a martelé Tièman Hubert Coulibaly.
Moussa Sékou Diaby
Le Tjikan