La phrase peut paraître anodine, mais elle constitue un éclairage de taille dans la situation de confusion qui règne au sommet de l’Etat depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012. Ces propos émanent du directeur adjoint de l’information et des relations publiques de l’armée, lors de la désormais traditionnelle conférence de presse régulièrement animée par cette structure.
Il est de coutume désormais que la Grande muette, à travers sa direction de l’information et des relations publiques, organise des points de presse hebdomadaire à l’intention de la presse nationale et internationale. Cette bonne initiative vise à informer officiellement l’opinion nationale et internationale sur les sujets brûlants de l’heure, notamment la situation sur le théâtre des opérations ainsi que tout ce qui relève des domaines militaire et sécuritaire du pays.
Lors de sa dernière sortie, répondant à une question d’un confrère relativement à ce qu’il convient d’appeler l’exception de Kidal, le porte-parole de l’armée a été on ne peut plus clair : « La question de Kidal ainsi que le sort du MNLA, seront exclusivement réglés par l’armée malienne de façon souveraine ». Le lieutenant-colonel Souleymane Dembélé précise à ce sujet que « l’armée répondra impérativement aux instructions faites par les politiques en ce qui concerne la libération totale du territoire national. Il ne saurait y avoir de traitement de faveur vis-à-vis d’aucun groupe armé quelconque à cet effet ».
Est-ce à dire que désormais le politique a la mainmise totale sur « son armée » ? Ou serait-ce déjà l’impact de la formation en cours à Koulikoro dispensée par les instructeurs de l’Union européenne (EUTM) afin que l’armée malienne devienne véritablement républicaine ? S’agit-il aussi de la confirmation de l’influence de moins en moins prononcée de l’ex-junte sur la gestion des affaires politiques comme cela a été exigé par la communauté internationale, notamment les présidents français, François Hollande, et nigérien, Mahamadou Issoufou, tout récemment ?
Quoi qu’il en soit, la crise actuelle a démontré que le politique n’a pas toujours pris les bonnes décisions en matière de défense et de sécurisation du territoire national. Une armée républicaine au service du politique, d’accord ! Mais que chacun joue réellement son rôle sans aucune interférence inopportune et mercantile.
Que le politique définisse les grandes orientations et donne effectivement les moyens pour leur réalisation et que les militaires honorent également le serment fait à la nation, qu’ils ont juré de défendre en tout lieu et circonstance au prix de leur vie, s’il le faut.
C’est à ce moment-là que le Mali disposera d’une armée performante, disciplinée et résolument engagée au service du peuple dans l’accomplissement de ses missions régaliennes de défense de l’intégrité territoriale et de protection des populations et de leurs biens.
Bréhima Sidibé