Après l’ONU jeudi dernier et la France samedi 9 juin, le département du Trésor américain a sanctionné lundi 11 juin, six chefs de réseaux de trafiquants de migrants africains qui sévissent en Libye depuis des années. Il s’agit de quatre Libyens et de deux Erythréens. Les sanctions consistent à geler les avoirs potentiels de ces trafiquants qui ont multiplié les départs de migrants vers l’Europe via la Libye. Le bureau de contrôle des avoirs étrangers au département du Trésor américain (OFAC) donne des détails impressionnants sur les activités et le rôle de ces personnes dans le développement de ce phénomène.
Pour le département du Trésor américain, le trafic d’êtres humains est devenu en Libye « une activité lucrative qui alimente l’instabilité en fournissant un financement aux milices et aux réseaux criminels ».
Sigal Mandelker, la sous-secrétaire au terrorisme et au renseignement financier de ce département considère que ces réseaux « exploitent les populations vulnérables pour s’enrichir personnellement ».
Tous les biens, les comptes et les transactions de ces personnes aux États-Unis seront bloqués ; mais les sanctions américaines, tout comme celles de la France et de l’ONU n’auront qu’une portée symbolique. Elles sont d’abord destinées à exercer une pression.
Révélations sur les réseaux
Le communiqué américain livre cependant des détails étonnants sur les méthodes et les réseaux de ce trafic. Mossab Abou Grain, l’un des libyens impliqué, surnommé « le roi du trafic » a réussi à envoyer en Europe, à lui seul, 45 000 personnes au courant de l’année 2015.
Quant à l’Érythréen Ermas Germai, il est à la tête d’un réseau international pour le trafic d’êtres humains entre l’Europe et l’Afrique. Actif depuis 10 ans, on lui impute la responsabilité en octobre 2013 de la noyade de 366 personnes.
Le communiqué souligne les connections multiples en Libye de ces trafiquants avec les politiques, les militaires et avec les milices. Plusieurs responsables sécuritaires sous ordre du gouvernement d’union nationale sont impliqués.
Le communiqué mentionne enfin la concurrence qui existe entre trafiquants. Cette concurrence a mené jusqu’à tirer sur les migrants en pleine mer pour se venger d’un concurrent.
RFI