Les commerçants détaillants qui occupent les trottoirs des grands artères de la capitale auraient dû plier bagages hier. Ils ont encore jusqu’au 3 mars pour libérer les lieux. Cette prorogation de délai a été accordée par le ministre de Sécurité intérieure sur demande du syndicat national des commerçants détaillants du Mali (SYNACODEM). Le syndicat a en effet jugé nécessaire de procéder à une vaste campagne sensibilisation avant toute opération de force. Rappelons que cette mesure de déguerpissement prise par le ministère de la Sécurité intérieure devrait permettre de rendre plus fluide la circulation routière mais aussi d’accroitre le climat de sécurité dans le District. C’est une opération qui concerne toute la ville de Bamako mais pour le moment l’urgence se situe dans le centre-ville où la situation est telle que les passages piétons se rétrécissent de plus en plus.
Ce lundi matin, une délégation du SYNACODEM conduite par son secrétaire à l’organisation, Abdoul Karim Diallo dit « De Gaulle », s’est rendue sur le terrain pour expliquer aux adhérents le bien-fondé de la mesure. La délégation était accompagnée des services de sécurité du 1er Arrondissement et des agents de la Brigade urbaine de protection de l’environnement (BUPE). L’arrivée de ce groupe a failli créer la panique au marché de Dabanani car l’apparition des agents a fait naitre un début de grogne dans les rangs des vendeurs. Le calme est cependant vite revenu après quelques explications données par les membres de la délégation.
L’opération concerne non seulement les détaillants dont les marchandises débordent sur la chaussée, les vendeurs ambulants, les pousse-pousse, mais aussi les occupants de grands magasins qui exposent leurs marchandises au delà des limites autorisées.
D’un stand à l’autre, au milieu de petits regroupements de vendeurs, les responsables du syndicat expliquent les dangers liés à cette occupation illégale des artères. « Nous devons comprendre et accompagner les autorités dans leur volonté d’assainir notre cadre de vie. Il ne faut pas qu’on en arrive à utiliser la coercition, cela n’est pas à notre avantage », explique « De Gaulle ».
La méthode « douce » fait son effet jusqu’à un certain point : les occupants disent comprendre le bien fondé de la mesure même s’ils ne semblent pas prêts à libérer les lieux. Hamadi Diarra, un détaillant, nous explique qu’il opère là depuis environ 13 ans : « Cette mesure du ministre est salutaire, mais si j’abandonne ma place, je risque de perdre l’essentiel de ma clientèle habituelle, alors que je dois prendre en charge ma famille. Sans cette activité, je ne sais vraiment pas comment m’y prendre ».
Comme solution de remplacement, le syndicaliste « De Gaulle » indique que le ministre de la Sécurité a enjoint aux autorités municipales de trouver dans les meilleurs délais des zones pour recaser ceux qu’il faudra déplacer.
Déjà la campagne d’explication donne quelques résultats positifs puisque quelques commerçants ont entrepris de démonter leurs stands.
Lougaye ALMOULOUD