La démographie galopante en rapport avec le développement est de plus en plus au centre des débats nationaux aussi bien qu’internationaux.
« Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien ». Ce discours de Macron prononcé le 8 juillet 2017 en marge du sommet du G20 à Hamboug a rallumé une brèche dans le débat sur la démographie en Afrique. Beaucoup d’intellectuels africains et occidentaux se sont prononcés sur le sujet tantôt pour donner plus de poids aux propos du chef d’État français tantôt pour montrer son côté défaillant en montrant que la démographie ne constitue pas une menace pour l’Afrique en terme de développement.
La particularité du Mali, une population jeune
Nous situant dans le sillage de cette deuxième tendance, nous sommes amenés à soutenir la même thèse en ce qui concerne le cas du Mali. Un pays où chaque femme peut donner naissance à six ou sept enfants. Selon l’Institut national de la statistique du Mali, en 2014 le Mali comptait 17 227 000 habitants avec 88,8% de personnes de moins de 15 ans. « Le Mali se caractérise par une population jeune », affirme cet institut dans les résultats de son enquête de 2014. Selon PopulationData.net, la croissance démographique du Mali est de 3,36% par an soit un taux de natalité de 38,70‰ en 2013 contre 13,80‰ de taux de mortalité en 2012. L’indice de fécondité est de 6,10 enfants par femme selon la même source.
L’explosion démographique, une chance
La jeunesse de la population malienne ne devrait pas constituer un obstacle pour le développement du pays, au contraire, elle doit être une opportunité à saisir. Il faut juste mettre les moyens matériels nécessaires en place et procéder à une modernisation des outils de production pour mieux exploiter ce capital humain, selon Dr Ladji Siaka Doumbia, spécialiste en Population et développement. Selon celui-ci, il n’existe aucune explosion démographique au Mali qui serait un obstacle au développement de cette nation, il y a juste de la mauvaise gouvernance.
En effet, dans une population aussi jeune, pour un pays à vocation agro-sylvo-pastorale et possédant deux grands fleuves qui le traverse de long en large, il suffit de développer des cadres d’accompagnement de cette jeunesse dans ses différentes entreprises. En outre, il faudrait développer des projets susceptibles de les occuper. Des choses qui ne pourront jamais se faire tant qu’une seule personne ou un clan se permettra de s’accaparer de la part de plusieurs citoyens comme les douloureuses révélations faites par le Bureau du vérificateur général dans son rapport annuel de 2018 sur les irrégularités financières de la mairie de la commune de Baguineda ainsi qu’à l’Aéroport international Modibo Kéita de Bamako-Sénou. « L’office du Niger est laissé pour compte alors que la jeunesse avec l’appui de l’ANPE pouvait faire mieux », déplore Ladji Siaka.
La mauvaise gouvernance constitue tout le problème
De son côté, l’ancien Premier ministre du Mali, Moussa Mara, président du parti Yelema, pense que la démographie peut être à la fois une menace et une opportunité de développement. « Le plus important pour un pays est d’avoir une démographie dynamique permettant le renouvellement des générations sans que cela ne soit pas insupportable pour la collectivité en terme de santé, d’éducation et de formation des jeunes », précise M. Mara.
L’explosion démographique deviendra un obstacle pour le développement du moment où la majorité de la population n’arrive pas à faire face aux besoins naturels et nécessaires pour leur survie (manger, boire, se vêtir voire se loger et se soigner). C’est dans ce sens que PopulationData.net stipule que la « pauvreté extrême d’une partie importante de la population freine clairement le développement du pays ».
Il convient alors de mener plutôt une lutte sans faille contre la mauvaise gouvernance si nous voulons réussir le combat contre le sous-développement sur nos territoires.
Fousseni TOGOLA
Source : Le Pays
