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Lettre à mon oncle Bass du 12 février 2019

Bonjour !

J’ai bien reçu ta dernière lettre et te remercie de m’inviter à Dakar pour mes  affaires dans le cadre de l’élection présidentielle qui se tiendra au Sénégal le 24  février prochain.

C’est une excellente nouvelle que tu viens ainsi, de m’annoncer.

Eh oui, Tonton, tout le plaisir est pour moi, de prendre ma plume pour t’adresser cette lettre, (après celle de la semaine dernière) et je m’excuse pour mon long silence sans « sommation ». Mais, toi-même tu sais, (tu me l’as dit plusieurs fois), il faut souvent, savoir mourir… un peu.

Pour être concret, Tonton, je m’étais fait accompagner sur un chantier à quelques kilomètres de Fantambougou-Bamako par  quelques bouches de la troupe familiale.

L’amarda composée de 24 bras a travaillé, (comme manœuvres) 20 jours durant, sur le chantier pour rapporter à la maison à Fantambougou-Bamako, la somme de 80.000 FCFA,  l’équivalent de 200 kg de riz.

C’est vrai que tout cela  n’est pas grand-chose pour 58 ventres, mais, c’est  bien mieux que rien.

Voici là, cher Bass, les raisons de mon silence, ces derniers temps.

De toutes les manières, tu n’auras pas perdu grand chose,  en termes de nouvelles du pays car, ici, rien ne change. Surtout, dans le camp des Maliens d’en bas qui constituent l’écrasante majorité.

C’est te dire que, en bas, nous continuons, de subir les coûts assassins des céréales et des denrées de première nécessité.

La santé ? C’est toujours un luxe pour les petits et les faibles que nous les « en dessous » sommes, malgré la gratuité de la Césarienne (combien sommes-nous à la subir ?), les constructions et équipements de CSCOM et autres…. Pire, nous les ‘’en bas’’ demeurons toujours la proie facile de cette terrible maladie : la misère.

La grave situation de  fatigue  générale dans le Mali d’en bas, demeure, sinon s’empire de jour en jour.

Mais, toi-même tu sais cher oncle, nous les piétinés, les Maliens d’en dessous n’avons jamais connu autre chose que les lendemains incertains, le désespoir, la faim, la soif, la maladie et l’injustice.

Contrairement à cette minorité insolemment nantie, et qui, après avoir emprunté l’ascenseur pour se retrouver “en haut”, nous bloque même les escaliers. C’est te dire que tout ce qui nous arrive, est le fait de ces hommes démoniaques, ces vampires bipèdes, ces vautours, crocodiles et autres prédateurs de la République qui s’abreuvent de notre sang et se baignent dans notre sueur.

Walahi, Bilahi, je jure, si par chance, ces gens-là, arrivaient à échapper au tribunal historique de la honte  ici bas, ils trouveront là-bas, à la « Cour d’Assises de Lahara », les implacables pilons et mortiers qui serviront à les moudre comme du petit mil. Je le dis pian !

Par ailleurs, si après Dakar (aucun malien n’a besoin de visa pour y être) je restais  avec mes poches trouées, je m’embarquerais  (walahi, bilahi !) à bord de ces pirogues qui  tentent de regagner clandestinement l’Europe.

 Je sais tonton, que l’entreprise est extrêmement difficile et très souvent suicidaire, mais, toi-même tu sais, ce sont les vivants qui redoutent la mort.

Or, dans mon cas, le ventre vide, sans emploi, marié de force avec la misère, je suis, depuis fort longtemps… mort. Walahi, bilahi, je jure !

Des nouvelles du Mali d’en haut, et du marigot politique, je t’en servirai la semaine prochaine. Inchallah !

A lundi prochain !                                           

Par ton petit Ablo.

 Le 26 Mars

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