Je t’envoie ma 44ème lettre de dialogue exclusif. Le mois de mars n’est pas trop propice au dialogue mais on envisage un dialogue exclusif entre le gouvernement et le diable pardon entre le Mali et Kouffa Ag Agaly Ould FrançAzawad. Oui cher grand-père, le diable en personne.
Oui cher grand-père, après les pourparlers internationaux d’Alger et le dialogue national inclusif, le Mali veut aussi un dialogue exclusif avec les terroristes. Cher grand-père, les questions qui se posent, ce dialogue exclusif est-il possible officiellement ? Quelles seraient ses clauses, ses conditions, ses résolutions et leur application ? La charia n’est pas discutable pour les jihadistes, la laïcité non plus ne l’est pour le Mali. Que seraient nos formes républicaines, nos institutions et leur fonctionnement, nos diversités religieuses et culturelles, notre jeune démocratie? Nos relations avec les autres Etats engagés dans cette lutte ? Quelles seraient les concessions et les accords ? Je n’en vois point. Si ça existe même.
Cher grand-père, la lutte contre le terrorisme rencontre deux grandes difficultés : L’ignorance et la cupidité. Oui cher grand-père, si les terroristes se filment en faisant leur crime et parlent des langues de chez nous, tout homme doté de sens comprendrait, que les terroristes veulent juste que les gens s’en prennent à cette ethnie, afin de leur faciliter de recruter parmi elles. Le second problème, c’est la cupidité. Cher grand-père, sans vous mentir, je pense qu’il y a des gens qui s’enrichissent dans cette guerre. Des gens de mauvaise foi au niveau international et national et dans plusieurs sphères (commerce, politique, militaires…). Des gens qui n’ont pas intérêt à la paix, des Tondjons modernes.
Cher grand-père, je pense que le Mali ne pourrait pas entamer ce dialogue exclusif au regard de nos relations et engagements internationaux. Je ne vois aucune base juridique qui offrira au Mali la possibilité de collaborer avec des hommes protégés pardon recherchés par toutes les grandes puissances. Et vous savez aussi bien que moi dans le nouvel ordre mondial ne tolère pas que les Etats disloqués et faibles comme le Mali, violent sa marche.
Cher grand-père, vu qu’on ne peut ni avancer ni reculer, ce que nous pouvons faire, c’est d’aller vers la paix. Fondons une nation. Seule une nation ou une Afrique unie pourra vaincre ce lourd complot. Pour le Mali, rassemblons-nous au tour de l’essentiel. Faisons appel à tous et à toutes. Respectons les droits humains. Arrêtons les suspicions à base ethnique. Cher grand-père, si la France s’était mise à tuer les musulmans de France pour des simples suspicions d’être terroristes ou pour faire peur ou mal aux terroristes, elle n’aurait pas connu de quiétude à son tour. La paix est un comportement.
Cher grand-père, mieux vaut convaincre que vaincre. Le vaincu n’est pas convaincu or celui qui est convaincu est déjà vaincu. Un Etat doit rassembler pour être une nation. Le retour est toujours possible. Sinon je t’informe que le cordon ombilical est très menacé avec cette frustration et si jamais, si jamais, Azawad se remue de nouveau, avec un Centre aussi affaibli d’hommes et de femmes frustrés, nos chances d’un Mali indivisible sont minimes. La vérité ne doit pas porter de maquillage. A mardi prochain. Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Mali Tribune