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Lettre à grand-père

Cher grand-père…

Quand les militaires, les démocrates et les dictateurs se réunissent pour mettre en place un régime, ça s’appelle de l’hypocrisie. Oui ! Cher grand-père, ce dont souffre le Mali c’est qu’on a trop de leaders ne craignant pas d’envoyer les jeunes mourir que pour leur propre intérêt. Que cela soit la rébellion, le terrorisme, les conflits communautaires ou les revendications politiques,  nous avons des leaders qui acceptent d’envoyer les jeunes mourir pour assouvir leur envie. Comme les acteurs de Mars 1991, ils acceptent d’envoyer les gens mourir pour leur intérêt, sans aucune conviction démocratique. Juste pour leur intérêt, entre haine, cupidité et colère. Rien de Démocrates !

Oui grand-père ! Je le dis car les haines contre un élu doivent s’arrêter face aux principes démocratiques et l’ordre constitutionnel. Le ras-bol électoral doit s’arrêter à l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Si vous violez cela, votre démarche n’est plus démocratique mais anarchique. Oui on peut tolérer les erreurs des jeunes, mais ceux qui ont envoyé les pauvres à l’abattoir en 1991, jamais ! Leur lutte n’était pas pour la Démocratie. Car la démocratie a des principes qui pour rien au monde, ne sauraient être violés. Leur violation ouvre à l’anarchie et aux désordres. On ne corrige pas les erreurs démocratiques pour soi mais pour l’avenir et cela par des voies et moyens dignes et honnêtes.

Cher grand-père, je peux te dire quelque chose : la vraie vérité, est que le Général Moussa Traoré avait trop duré au pouvoir. C’était seulement ce qui dérangeait bon nombre de soi-disant démocrates. Donc tout moyen qui allait leur permettre de venir au pouvoir ou d’y avoir des proches, était la bienvenue. Pour au moins être ministres ou directeurs. C’est ce même esprit qui continue d’animer, caché sous des mots ‘’rectification’’, ‘’redressement’’ patati patata. Des gens pour qui le changement c’est quand, eux, ils sont au pouvoir.

Oui grand-père, ma lettre est sévère. Très sévère, quand je vois des démocrates qui ont doublement cautionné un coup d’Etat. Ou pire, des démocrates plus affectés par le coup d’Etat contre un Président de transition qu’un Président ayant passé par les élections, voté par une partie du peuple, déclaré par un arrêt constitutionnel et envoyé par la Cour suprême à ses missions. Un Président de la République ! Quelle inculture démocratique ! Quand les émotions et passions violent les principes et la morale chez tous, surement et certainement, nous atterrirons dans le chaos. Que vaut un Président de transition face à un président de la République démocratiquement élu ?

Oui grand-père ! Ce que les Maliens n’ont pas compris, il n’a pas de ‘’bon président ‘’ et n’y en aura jamais. ‘’Un bon Président’’ n’existe pas. Un Président, c’est un Président ! Il y a juste un bon candidat. Une bonne personne pour être Président. Il s’agit de faire le bon choix. Mais une fois Président, c’est le Président. Les moyens de le contrôler sont là. Les parlements, la presse, les grèves, les marches et en dernier recours la désobéissance civile pour le faire revenir à la raison et exécuter la volonté du peuple. Mais jamais de coup d’Etat. Jamais ! Un démocrate n’initierait un coup d’Etat et jamais ne le cautionnerait. Il doit savoir l’anarchie dans laquelle cela nous mènera.

Ce qui est triste grand-père, c’est cette disgrâce malienne à laquelle nous assistons. En août 2020, le pays serait tombé à cause de deux généraux militaires : Moussa Diawara et Kéba Sangaré. En mai 2021, nous aurions chuté pour deux colonels : Sadio Camara et Modibo Koné. En fin, où irons-nous ? S’il faut faire tomber la République à chaque fois qu’on touche à des soi-disant intouchables ? C’est ça un Etat ? J’ai oublié. La plupart des militaires au Mali savent qui a fait d’eux un militaire. En général, ils ne doivent rien à l’Etat mais à des hommes. Raison, s’en prendre à un Président, première institution du pays, pour des hommes ne les humilie pas. De leur part, c’est un devoir de fidélité et de reconnaissance. Une fidélité qu’ils auraient due à l’Etat, la Démocratie et la République. Donc on a du chemin grand-père ! A mardi. Inch’Allah ! J’ai oublié, c’était ma 99e lettre. A mardi pour la 100e Inch’Allah !

Lettre de Koureichy 

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