Cette semaine, un nouveau groupe armé a été créé au nom de l’ethnie peule dans le centre du pays. Chacun est parti de son commentaire. L’idée la plus radicale est que l’État malien doit toute de suite dépêcher une unité de l’armée pour tuer le mouvement dans l’œuf. Curieusement, c’est cette même armée que les responsables de ce nouveau mouvement accusent d’exactions. Pire ou mieux encore, au même moment le gouvernement reçoit d’autres groupes armés à Koulouba pour croquer des pattes de poulets. Quel paradoxe !
Cependant, personne n’a estimé nécessaire de s’interroger sur la véracité des reproches faits à l’armée. Au risque de ne pas la démoraliser sur le terrain ou parce qu’il s’agit des déclarations “sans fondement d’un jeune écervelé” ? Pourtant, associations peulhes, organisations de droits de l’homme et journalistes ont longtemps dénoncé l’amalgame dont des bergers et des talibés sont victimes dans la région de Mopti. Déjà, dans son rapport de 2015, la FIDH dénonçait de violations graves de la part de l’armée lors de ses opérations antiterroristes. Cela, depuis qu’elle a subi les multiples attaques meurtrières des hommes d’Amadou Kouffa.
Ce ne sont donc pas des accusations banales et les autorités doivent éclairer cette situation.
Pour revenir au jeune Oumar Aldianna, il est évident que la création d’un groupe armé contribue à la détérioration de la situation au Mali. Mais l’État paie sa faillite. Sa faillite d’assurer ses missions régaliennes. Celle de ne pas pouvoir sécuriser ses citoyens, de ne pas être en mesure de distribuer équitablement la justice. Et dans ces conditions, il est bien normal que touaregs, peulhs, sonhrai, bozos, mianka ou toute autre ethnie s’arme pour surveiller ses arrières. Tout simplement parce qu’il s’agit d’une question de survie.
Il est aussi d’une évidence absolue que la multiplication des mouvements armés traduit tout simplement l’incapacité de l’État, d’une part, à assurer la sécurité de ses citoyens et d’autre part l’impunité qu’il a toujours accordée aux responsables de ces groupes. Cherchez à savoir ce que sont devenus les différents chefs rebelles du Mali !
Tant que cet État n’arrive pas à se renforcer, à exprimer son autorité pour assurer ses missions régaliennes, ce sera une utopie de continuer à croire au retour de la stabilité.
Ce pays ne peut plus être dirigé sur la base de la culture de l’injustice, du favoritisme et de la corruption. L’Etat doit accepter ce fait-là et retourner auprès de ses citoyens. Mais cette fois pour vraiment assouvir leur soif de justice, de sécurité et de bonne gouvernance.