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L’esclavage chez les Soninkés du Mali à Paris !

C’était un jour d’avril 2015. Pendant que les femmes préparaient le   repas de midi, une colonne de 4 à 5 voitures de la gendarmerie fit  irruption dans le village de Sansangue  (Guidimakha,  région  de  Kayes).

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L’ACDM(Association contre les  discriminations au Mali) avait, quelques jours auparavant, porté plainte contre le chef du village, Djadié Soumaré et certains «nobles» pour esclavage,  discrimination et menaces de mort.

En  effet,  cette  association,  ayant  un  bureau   à  Paris  et  à  Kayes,  avait décidé de s’élever contre le système esclavagiste des  Soninkés, appelé  «komarou».  Après  avoir  passé  plusieurs  jours  en  garde- à-vue,  le  chef  du  village,  Soumaré, les  ‘’nobles’’  et  les Imam  ont  été  déférés  au   tribunal  de  Kayes. Ceux-ci  ont  reconnu  leurs  pratiques   esclavagistes et se sont engagés devant le Procureur à cesser  définitivement ces  coutumes rétrogrades et humiliantes envers leurs concitoyens de ‘’seconde zone’’.

Chez les Soninkés, à quelques exceptions près, si vous avez un nom d’origine  bamanan, voire peulh comme Touré,  Coulibaly, Dembelé, Traoré, Diallo, Cissokho,Sidibé, Diarra… vous êtes, de facto, considéré comme un «esclave», un «komé». Vous, vos pères, vos mères,  vos  enfants et descendants… Ainsi, en marchant avec votre  père ou mère au village, vous pourriez être interpellé en  des termes  insultants  :  n’komolémé  li  yéré (mon  esclave,  vient  ici  !).  Dans  certains  villages,  si  vous  ne  répondez pas à votre maître ou refusez  une  injonction, vous pouvez être battu à sang. Dans cette condition  d’asservissement,  vous  ne  pourrez  jamais  prétendre  à  un  poste  de   dirigeant  (chef,  maire,  député,  ministre…),  diriger la prière en tant  qu’Imam, prendre la parole lors des réunions ayant trait aux décisions  du village ou  pis,  vous  marier avec la personne de votre choix. Si bien  que beaucoup de jeunes filles ou  femmes soninkés se retrouvent seules  ou se résignent à se marier à une personne non-africaine.

S’il arrive qu’un ‘’noble soninké’’ fasse un enfant hors mariage avec une  ‘’fille soninké d’origine bamanan’’, la ‘’famille noble’’ refuse de  reconnaître  la  paternité  de   l’enfant  et  paie  une  personne  «komé»,   esclave,  qui  va  reconnaître  son  enfant  et  l’élever  loin  de  sa  famille  biologique, sans jamais lui révéler sa véritable identité, ni son  ascendance.

Ni l’Islam, ni les lois maliennes ne permettent ce genre de  pratiques. Cette coutume, appelée «lada» chez les  Soninkés, est un  non-sens de la part des gens qui se disent fervents pratiquants. Cette  domination de l’homme par l’homme tend à faire régresser les Maliens dans  leur   ensemble. Pour être un dirigeant d’un groupe ou d’une collectivité ou d’une association, on ne regardera ni votre CV, ni votre  parcours  professionnel, encore moins votre savoir-faire. On se contentera de votre «Jamou» (nom).  Si  celui-ci est ‘’noble’’, vous  serez  élu. Même si vous ne savez ni lire, ni écrire.

À l’inverse, un ‘’komé’’ instruit et intelligent sera perçu comme une menace aux «lada» (coutumes) et ne sera jamais placé à un poste-clé. Tel est le monde caché des Soninkés du Mali à Paris. Nous y reviendrons avec des témoignages d’esclaves à Paris.

SOKONA de Montreuil

Source : Le Reporter

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