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Les secrets du charme et de la séduction glanés auprès des chefs d’État

Certaines personnes semblent être la source de lumière vers laquelle tout converge. Aimées, recherchées, entourées d’amis et de serviteurs zélés, elles polarisent l’attention, hypnotisent les foules, captent les regards. Sans surprise, ce pouvoir magnétique doit peu à leur beauté physique. En effet, si celle-ci provoque au départ une émotion forte, comme toutes les émotions, elle s’émousse. L’on est ainsi hypnotisé le plus souvent par quelque chose d’invisible, d’inexplicable. Ne dit-on pas, «il ou elle a un je-ne-sais-quoi»?

Beaucoup s’imaginent que ce don ou ce talent est inné et réservé à quelques élus. Pourtant, tous les prétendants à l’exercice du pouvoir le savent, l’art de la séduction repose sur quelques recettes simples et vieilles comme le monde. Et «pour développer ces qualités, latentes en chacun de nous, il suffit d’analyser et d’imiter les traits de caractère qui excitent naturellement les gens», assure Robert Greene dans “L’Art de la séduction” (Ed. Le Duc).

Quels sont-ils?

 Déréalisez-vous:

En premier lieu, «les séducteurs comprennent que la plupart des gens sont d’une banalité affligeante». Autrement dit, ils sont beaucoup trop réels. La figure charismatique brûle les planches. Elle sait comment se tenir sur une scène encombrée et néanmoins attirer l’attention. Pour éblouir ses sujets, le Roi-Soleil disposait d’une équipe d’artistes chargés de «construire l’image du roi… assurer sa mise en scène, concevoir le théâtre sur lequel il allait se produire», écrit Gérard Sabatier. Napoléon passait des heures devant son miroir à contrefaire le regard d’un grand acteur de l’époque, François-Joseph Talma.

Pour se déréaliser, John Fitzgerald Kennedy cultivait enfin délibérément une image à la James Dean. «La façon dont Kennedy séduisit l’Amérique était consciente et délibérée, analyse Robert Greene. Elle devait plus à Hollywood qu’à Washington, ce qui n’était pas surprenant car le père de Kennedy, Joseph, était un ancien producteur de cinéma. Kennedy lui-même avait vécu à Hollywood, frayé avec les acteurs et réfléchi sur ce qui en transformait certains en stars. Il admirait particulièrement Gary Cooper, Montgomery Clift et Cary Grant, à qui il téléphonait souvent pour demander conseil.» Une semaine après son décès, sa veuve Jackie Kennedy confia à son sujet: «La vie de John tenait davantage du mythe, de la légende, de la magie, de la saga et du récit d’aventure que de la théorie et de la science politique.»

Gardez une part de mystère:

Autre astuce des séducteurs: ils se livrent peu. En d’autres termes, ils comprennent que ce que l’on passe sous silence a l’avantage d’être suggestif et, en définitive, éloquent. «Notre monde est désespérément explicite; trop de gens expriment sans détour ce qu’ils veulent, ce qu’ils ressentent. Pour tenir votre public en haleine, restez une énigme à ses yeux. Gardez vos distances: que le peuple puisse s’identifier à vous, vous contempler, rêver, mais sans jamais vous approcher», poursuit Robert Greene.

Surnommé le «prince de l’équivoque» par Raymond Barre et le «prince de l’ambiguïté» par l’historien Michel Winock, François Mitterrand a toujours entretenu une part de mystère autour de sa personne. Emmanuel Macron, dont le mode de gouvernance est qualifié de «jupitérien», «vous séduit mais vous tient à distance», dit à son égard l’écrivain Philippe Besson. Le chef de l’Etat français reconnaît d’ailleurs avoir pris «la décision de ne pas avoir une présidence bavarde, de ne pas parler tout le temps parce qu’il faut que la parole présidentielle garde de la solennité».

À noter que le mystère s’exprime également par la contradiction. Un chef charismatique est ainsi celui qui est «à la fois prolétaire et aristocrate, tel Mao, ou cruel et bon, tel Pierre le Grand», note Robert Greene. Autre exemple, celui de Margaret Thatcher. Si la Dame de fer cultivait une image austère et martiale, elle n’en travaillait pas moins sa voix avec le comédien Laurence Olivier pour la rendre plus douce et passait un temps démesuré à se faire maquiller. «La plupart des gens sont sans surprise. L’effet de ces contradictions est terriblement charismatique. Elles vous rendent difficile à percer à jour, ajoutent de la complexité à votre personnalité, font parler de vous.» Attention cependant à ne révéler ses contradictions que subtilement, progressivement. «Si vous les divulguez pêle-mêle, on vous prendra pour une girouette.»

Entretenez une cour d’admirateurs

Peu de gens sont attirés par ceux que les autres évitent ou ignorent, mais on s’attroupe autour de ceux qui ont déjà éveillé l’intérêt. Autrement dit, ce que veut autrui, nous le voulons aussi. «Entretenez une cour d’admirateurs, entourez-vous d’une aura de convoitises présentes ou passées, conseille Robert Greene. Faites en sorte qu’on se dispute votre attention et vos faveurs.» Ce n’est ainsi peut-être pas par hasard si les ministres d’Emmanuel Macron semblent shootés aux hormones de l’amour. Le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner ne s’en cache d’ailleurs pas. «Je suis tombé amoureux de ce garçon. J’assume cette dimension amoureuse. Mon niveau d’exigence envers moi-même est tel que si je dois avoir un chef, je dois avoir de l’admiration pour lui. Et Emmanuel est fascinant. Tout l’est chez lui: son parcours, son intelligence, sa vivacité, sa puissance physique même.»

Créez des besoins

Les séducteurs savent qu’un individu parfaitement satisfait est impossible à séduire. Autrement dit, l’on ne peut conquérir sa cible sans avoir d’abord créé un besoin, suscité un manque. «Soulevez chez l’autre l’incertitude de l’avenir, donnez-lui le blues, remettez en cause son identité, invite Robert Greene. Sans angoisse ni sensation de vide, il n’y a pas de séduction.» En 1960, la stratégie électorale de John F. Kennedy consistait notamment à faire naître chez le peuple américain un sentiment de frustration relatif aux années 50. «Quand Kennedy évoquait cette période, il ne disait cependant pas un mot de la stabilité économique des Etats-Unis, ni de son émergence en tant que superpuissance. Il soulignait le conformisme, l’absence de prise de risque, la perte de l’esprit pionnier. Voter Kennedy, c’était s’embarquer dans une aventure collective.»

Orchestrez des spectacles mémorables

Enfin, qu’est-ce que séduire, sinon distraire? «Les peuples se plaisent au spectacle, disait autrefois Louis XIV. Par-là, nous tenons leur esprit et leur cœur.» De nos jours, la formule de Juvénal – panem et circenses – stigmatisant la Rome impériale n’a jamais été aussi actuelle. Et pour cause. «On vous tournera le dos si vous avez le malheur d’ennuyer, le crime social le plus impardonnable», conclut Robert Greene.

Amanda Castillo

Le Démocrate

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