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Les religieux doivent-ils accepter de sieger au senat ?

Proclamée par les défenseurs de la loi de révision constitutionnelle mais nullement écrite dans cette dernière, la nomination de senateurs issus des milieux réligieux et celui des légitimités traditionnelles suscite un débat fort intéressant.

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Il est légitime que les religions, qui proposent de grandes options ultimes, se préoccupent de la vie des hommes sous tous ses aspects : culturels, moraux, sociaux, économiques. La religion doit parler sur la place publique, mais elle n’a pas à agir comme un parti politique en vue de reconquérir ou participer à l’exercice du pouvoir.

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Les rapports entre réligion  et politique, au mali, sont en partie régis par le principe constitutionnel de la laïcité, dont les piliers sont la liberté de croyance et d’exercice du culte. La constitution du 25 février 1992 déclare dans son préambule et dispose article 25 : « Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale », cet article est la reproduction exacte de l’article 1erde la constitution française du 27 octobre 1947.

Plus loin l’article 118 de la constitution du 25 février 1992 dispose : «  La forme républicaine et la laïcité de l’Etat ainsi que le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision ». Cette laïcité  insérée entre une indivisibilité aujourd’hui écornée et une  démocratie sociale qui en a de fort indécis est donc un acquis irréversible dans notre pays.

En lui rendant les honneurs constitutionnels, les uns  affirment le caractère définitif d’une conquête menée ailleurs, les autres se résignent à un sacrifice déjà accompli. La pleine application de la laïcité ne demande pas le recul des religions de l’espace public : affirmer cela, c’est confondre laïcité et sécularisation. Notre constitution ne dit pas que réligion  et République n’ont rien à se dire. Bien au contraire, la réligion  ne peut pas se désintéresser de l’humanité, elle  défend certaines grandes options ultimes : elle peut et doit participer au débat dans la sphère publique.

Mais cette intervention légitime pervertit son sens dès lors qu’elle se transporte sur le terrain du combat politique pour ou contre le pouvoir, ce qui est l’affaire des partis en démocratie. Dans les journaux, les causeries, les sermons, la classe politique est dénoncée avec une violence verbale étonnante.  L’échec des politiques dans la mise en œuvre de l`impartialité de l`état, de l`égalité des chances, de la protection des plus faibles de la justice sociale, expliquent en partie l’occupation spectaculaire de la place publique par la religion ; cela ne nous permet pas d’écarter une certaine appréhension.

Souhaiter formellement une désignation des forces réligieuses et des légitimités traditionnelles comme membres du sénat est une véritable fausse idée pour deux raisons : La première est  la perte de  neutralité des leaders réligieux parce que désignés par le Président de la république, issu le plus souvent d’un parti politique. La seconde raison c’est qu’  en  siègeant au sénat, les forces réligieuses descendent dans l’arène politique marquée par les débats d’idées, les violences verbales  et l’émission d’opinions à meme de heurter les préceptes de base de la réligion et des légitimités traditionnelles.

En définitive, les forces réligieuses doivent participer au débat public sans pour autant se transporter sur la scène du combat politique et les légitmités traditionnelles ont vocation à rester traditionnelles, ce n’est pas le sénat qui leur a conféré leurs légitimités, bien au contraire, il ne pourra que les affaiblir.

Maitre Abdourahamane Ben mamata TOURE

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