Le sentiment anti-gouvernement français aurait contribué à la réalisation des putschs au Burkina-Faso, en Guinée, au Mali et au Niger.
Les pays francophones d’Afrique de l’Ouest, ex-colonies françaises, sont secoués ces deux dernières années par des coups d’Etat. Le sentiment anti-gouvernement français aurait contribué de manière significative à la réalisation des putschs au Burkina-Faso, en Guinée au Mali et au Niger.
Depuis 2020 les putschs ont pris de l’ampleur dans les pays francophones ouest africains. De la Guinée au Niger en passant par le Mali et le Burkina-Faso, des militaires ont renversé des chefs d’états démocratiquement élus. Le sentiment anti-gouvernement français semble y avoir contribué.
“La perception qu’ont les Français de nos citoyens n’a jamais changé. Ils nous considèrent toujours comme des citoyens de seconde zone. Ils ont toujours traité les Africains, en particulier les Africains francophones, d’une certaine manière. Et l’Afrique de l’Ouest, en particulier l’Afrique francophone, souhaite que cette situation change”, estime Ibrahima Kane, avocat sénégalais spécialisé dans les droits de l’Homme et membre de l’Open Society Fondation.
Si les coups d’Etat existent en Afrique de l’Ouest francophone, cela pourrait ne pas avoir de lien avec le sentiment anti-gouvernement français. Ce que d’autres spécialistes ne l’entendent pas de cette oreille.
“Il y a eu un problème colonial avec les Français et les Britanniques en Afrique de l’Ouest. Mais cela ne signifie pas que chacun des Etats membres prend les armes avec des soldats. Vous verrez que les pays anglophones n’ont pas pris les armes et pourtant nous sommes dans la même sous-région”, a expliqué à la DW, Emmanuel Bensah, analyste des affaires africaines et spécialiste du bloc régional de la Cédéao.
Divisions au sein de la classe politique
Contrairement à l’Afrique anglophone, qui jouit d’un climat politique relativement stable, la démocratie dite occidentale ne s’est pas solidement implantée en Afrique de l’Ouest francophone.
Dans les pays ouest africains, la France est souvent accusée de se ranger du côté des régimes en place qu’ils soient populaires ou non. Ce qui explique en partie la multiplication de renversement des régimes.
“Même dans les cas où le gouvernement est toujours en conflit avec sa population, la France se range du côté du gouvernement. Cette perception est très, très élevée. Et ils voient toujours les Français comme l’oppresseur, ou comme l’ami de l’oppresseur”, a précisé l’expert Ibrahima Kane.
Cette situation a provoqué des divisions au sein de la classe politique et des troubles populaires dans certains pays, quelques fois influencés par des campagnes russes sur les réseaux sociaux, selon des experts.
Le récent événement en date est le coup d’Etat du 26 juillet dernier à Niamey qui a renversé Mohamed Bazoum.
DW