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Les mutins, lors de leur rencontre avec le ministre de la Défense (SBM) : «Nous aussi, nous avions des chars et des BRDM ! »

C’est dans la même veine (quelques heures plus tard après leur entretien avec le Général Sanogo), que les mutins se sont rendus au ministère de tutelle pour y rencontrer le chef du département, M. Soumeylou Boubeye Maïga. On notera qu’ils ont été désarmés avant leur entretien dans le bureau du ministre. Le groupe était dirigé par un adjudant-chef… Suite à d’âpres négociations, il  fut décidé que six personnes seront introduites dans le bureau. Accordé ! Mais, selon toute évidence, la sérénité n’était pas mise dans les rangs des visiteurs… Ouvrant le débat avec les mutins, le ministre a prononcé un discours pour le moins bref et apaisé avant de laisser le porte-parole du groupe s’exprimer :

 ministre Défense Soumeylou Boubèye Maïga mali

Le porte-parole des mutins (en français)

« Par rapport à la situation d’aujourd’hui, c’est compte-tenu de beaucoup de facteurs que nous avions décidé de prendre nos responsabilités… Pour la circonstance, on a rédigé six points de revendications que nous allons porter à votre connaissance.

 

–          Le  1er point porte sur  la situation du soldat de 1ère classe Moussa-Ba Keïta. Nous voulons qu’il soit entièrement gracié… C’est lui qui a tiré sur le colonel… Il est de l’infanterie. Qu’il soit totalement gracié !

–           

–          2ème point de revendication : la création d’une coordination de sous-officiers militaires des forces armées et de sécurité…  Un bureau de coordination des sous-officiers.

–           

–          3ème point : L’amélioration des conditions de vie des militaires des  forces armées et de sécurité à savoir : une augmentation des salaires et l’octroi de primes de logement.

–           

–          – 4ème point : L’avancement automatique de tous les militaires, à savoir, soldats et sous-officiers et cela, dans l’immédiat.

–           

–          5ème point : La réintégration des 7 éléments de la garde nationale radiés suite aux événements de Gossi. Et cela aussi, dans l’immédiat.

–           

–          6ème et dernier point : La réparation des dommages et  préjudices causés aux militaires des forces armées et de sécurité lors de l’occupation des trois régions du nord par les groupes terroristes ».

–           

n  Un  second intervenant [en bamanakan] :

« On m’a chargé de vous dire  de remplacer Haya [Général Sanogo] par un autre officier à la présidence du comité de suivi. Il a trahi les gens…

 

Par rapport à la situation de nos éléments à Gao et Kidal, les mettre dans les conditions… Avec l’interposition des forces étrangères,  nos militaires sont cantonnés alors que les rebelles ne le sont pas.

 

Toujours par rapport à Haya, depuis plus de deux ans,  les gens n’ont rien perçu du tout. Il a tout fait pour lui-même et rien pour les autres. Il faudra faire quelques choses autrement si l’on retourne [à Kati] dans ces conditions, ca ne marchera pas ce soir ou demain. On exige un décret signé dans ce sens et diffusé sur les antennes de télévision nationale… Nos gens sont Kati en position, avec des chars et des BRDM… Ils voulaient tous venir ici vous rencontrer et parler. Mais je les ai dissuadés et promis, dès mon retour, de leur faire un compte-rendu fidèle. J’ai dit la discipline ou rien !

 

(…)  Haya a même menacé de mettre l’opération SERVAL en branle contre nous… Nous savons que c’est du bluff… S’il le fait, nous aussi nous avons des chars et des BRDM… Nous exigeons donc  qu’il se mette en dé hors de tout çà… Aussi, il est en train de diviser l’armée… Lui, est avec ses hommes d’un côté et les autres avec les leurs de l’autre… Je trouve personnellement que nous sommes les mêmes. On ne peut bouger dans ces conditions… Qu’il quitte donc et soit remplacé par quelqu’un d’autre… Il est devenu un Général de domicile. Nous, on ne comprend pas… Qu’il y ait donc un bureau de coordination des sous-officiers à Kati et qu’Haya soit remplacé…

 

(…) Gao et Kidal ne sont pas libérés, les gens sont au courant… Cette question [la libération des régions du Nord]  était d’ailleurs à l’origine profonde du coup d’Etat [de Mars 2012]… Mais les événements nous ont dépassés… On ne peut pas comprendre aujourd’hui que nos éléments soient cantonnés et que les rebelles en fassent t à leur guise et nous maltraitent… Les français aussi… Voyez-vous-mêmes : le gouverneur est à la mairie et les rebelles au gouvernorat… Tous ces constats sont à l’origine de notre colère aujourd’hui. Il faut prendre  des dispositions…

 

 

Bref, nous ne pouvons par retourner [à Kati] sans rien de concret… Nous détenons en ce moment  le colonel blessé en otage. Voilà ce que je voulais dire, monsieur le ministre ! Je vous remercie !

 

n

n  Un autre intervenant [adjudant-chef (en bamanakan)]

« Au jour d’aujourd’hui, nous ne savons plus les raisons de la mise en place du comité [de suivi]… Qu’on se le dise : nous n’avions aucune intention, à travers les événements d’aujourd’hui, de mener  quelconque coup d’Etat. Tout sauf un coup d’Etat !  

Propos traduits et transcrits par B.S. Diarra

 

 

N.B : La plupart des personnes ayant intervenu  lors de la rencontre avec le Général Haya et le ministre Soumeylou Boubeye Maïga, sont mortes et/ou portées disparues. II s’agit, entre autres des nommés « Ganda-Koy », «Lassine Keïta» dit «Rougeaud»….», «Youssouf ». On évoque également la mort d’un «adjudant-chef », Le gouvernement a promis l’ouverture d’une enquête sur ces cas de  disparitions et décès.

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Ce que nous en pensons

La farce malienne !

Dans le souci de ne pas jeter de l’huile sur le feu, nous avions délibérément choisi d’éviter tous commentaires des faits ici relatés (Dieu sait que ce n’est pas l’envie qui nous manque). Mais alors pourquoi les avoir publiés, serait-on tenté de demander ?

 

Eh bien, parce que tout simplement, les événements sont en passe de prendre une tournure pour le moins périlleuse d’où l’impérieuse nécessité d’alerter l’opinion publique nationale et internationale.

 

 

Voyez-vous : le Général Sanogo prétend qu’il a à sa disposition, «l’Opération Serval, la MINUSMA, la Police, la Gendarmerie »… Et les mutins rétorquent qu’eux aussi possèdent des«chars et des BRDM». Le ministre lui, nous apprend que l’opération «SANIYA » a fait le ménage… Mais les tueries et disparussions forcées n’ont pas cessé pour autant. Que croire donc ? A la version d’un gouvernement qui, faut-il le rappeler, communique peu ou prou à sur cette affaire? A celle des forces internationales en présence,  désormais passées maîtresses  dans l’art de la rédaction de communiqués laconiques et surtout, avares en actes concrets ? A celle de mutins désabusés et s’estimant trahis, et dont «les problèmes sont loin d’être réglés » (sic) ou, enfin, à la version d’un Général désormais au centre des controverses ? A qui donc se fier ?

 

Le dindon de la farce, semble bien être vous et nous… Le citoyen lambda… Vous qui avez voté pour le retour à la normale, en vue d’une loi pour tous, pour le changement, pour la réinstauration de l’autorité de l’Etat… Vous qui aspirez à la paix, à la sécurité et à la libération de vos régions… Des points, hélas, n’apparaissant nullement comme absolues  priorités aux yeux des différents protagonistes beaucoup plus préoccupés à s’intimider entre eux, pendant que, tenez-vous bien, les forces du mal reprennent du service, plus virulentes que jamais ! Alors, à qui donc profite le crime ?

 

 

Souvenez-vous donc des événements du 22 mars 2012, à savoir, la mutinerie ayant conduit au coup d’Etat militaire. Ils sont survenus en plein milieu de la crise sécuritaire au nord du pays et ayant, par conséquent, abouti à la débâcle de nos soldats et par devers, à  la partition du pays. Encore les  9 et 10 janvier 2013, des troubles à Kati  et Bamako coïncidaient ce jour, avec la percée des jihadistes à Konna. Et celles liée à la mutinerie et à ses corollaires du 30 septembre derniers et jours suivants, ont, elles aussi, étrangement coïncidé avec la résurgence des attaques  jihadistes à Tessalit, Gao et Tombouctou. On eut dit qu’un cordon ombilical lie les événements entre eux. Malédiction, conspiration ou inconscience des différents acteurs?

 

Le dindon de la farce, disions-nous, c’est bien cet occupant de la vallée de l’ignorance surplombée par cette colline dite du pouvoir, ce citoyen désormais susceptible de succomber sous le feu de  «l’opération Serval, de la MINUSMA, de la police, de la Gendarmerie…», des «chars et BRDM» des mutins, ou encore, sous le sabre et les bombes des jihadistes, ou tout bêtement, par désespoir consécutif à l’irresponsabilité chronique des pouvoirs publics.

B.S. Diarra

SOURCE: Maliba Info

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