Le président nigérian Bola Tinubu est le nouveau président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao. Dès son élection, il a annoncé sa priorité qui est l’instauration et la consolidation de la démocratie dans l’espace Cédéao.
Pour Bola Tinubu, les juntes au Mali, au Burkina Faso et en Guinée doivent respecter l’agenda de sortie de crise qu’ils ont élaboré. Si le temps imparti pour la transition dans ces trois pays n’est pas respecté, des sanctions majeures pourraient tomber, a averti la Cédéao.
Interview de Francis Kpatindé, journaliste et maitre de conférences à Sciences-Po Paris :
Francis Kpatindé : Il y a eu un bon point pendant ce sommet, qui a été attribué au Mali suite á la tenue du référendum. Pour eux, cela marque un pas important vers le retour de l’ordre constitutionnel. Donc le Mali a plutôt été bien traité par le sommet de Bissau. En revanche, il n’en a pas été de même pour le Burkina Faso où les choses traînent en longueur ou la Guinée qui propose 2025. Ce qui est bien, c’est que la Cédéao traite ces trois pays de la même manière : les transitions doivent se terminer, elles ne peuvent pas durer un quinquennat.
Interview de Francis Kpatindé
DW : Le président de la Commission de la Cédéao a été très clair : si le temps imparti pour les transitions n’est pas respecté, il y aura des sanctions majeures. A quoi peut-on s’attendre ?
Par le passé, il y a déjà eu des sanctions contre le Liberia ou la Sierra Leone à des moments où ça n’allait pas du tout. Le Nigeria pesait de tout son poids pour faire plier ces régimes à l’époque. Donc les régimes du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée doivent prendre toute la mesure des mutations en cours au sein de la Cédéao. Avec un président nigérian qui connaît bien la région, je pense qu’il faut prendre au mot ce qu’il dit, les menaces qu’il profère.
DW : Toujours à Bissau, les chefs d’Etat de l’UEMOA ont annoncé la levée de la suspension du Mali de ses organes. Ces sanctions avaient été prises en 2022 suite au coup d’Etat des militaires à Bamako. Comment expliquer que ces deux institutions agissent différemment ?
Chacun joue sa partition. C’est normal. Ces Etats [de l’UEMOA] disent que le Mali a fait des efforts : il y a eu ce référendum constitutionnel, la mise en place de l’organe chargé des élections, donc il y a des indications qu’il y a un peu de bonne foi.
Le problème du Burkina, c’est l’amateurisme. Rien n’avance vraiment. Et cela fait peser des menaces sur des pays comme la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin.
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