Tout a été dit et écrit sur la marche en arrière de la démocratie au Mali avec ses conséquences désastreuses sur le plan de la sécurité et du banditisme, à tel point qu’à partir de Ségou, l’Etat cesse d’exister.
La gestion chaotique des affaires nationales par la classe politique a fait douter du patriotisme de celle-ci ; néanmoins il existe une poignée de patriotes qui fut d’ailleurs ignorée par les régimes précédents et qui pourrait servir de terreau fertile pour les prochaines échéances électorales. Ils ne sont pas légion ces cadres sur lesquels on peut compter pour les prochaines élections générales mais au fur et à mesure que l’échéance approchait, des voix mûres se feront certainement entendre.
Il faut rappeler que si au temps du parti unique constitutionnel UDPM, on pouvait parler de bourrages d’urnes, sous les démocrates, le vocabulaire changea de ton et de forme pour faire place à l’achat des voix par la faute de la classe politique qui se préoccupa plus de son enrichissement que du progrès social et économique du peuple. Et si maintenant il y a comme un petit air de guerre aux sorcières par les arrestations de caciques au pas de charge, c’est qu’il y eut effectivement des crimes de lèse-république commis par ceux-ci au nom probablement de l’impunité.
La décomposition du paysage politique commença en 2002 avec l’élection d’ATT qui s’installa avec son fameux consensus qui, en dépit de son contenu vide, eut le mérite de phagocyter toute la classe politique au nom de l’unité de la nation. Et cela à la barbe des professeurs de sciences po qui pouvaient lui enseigner l’art politique pendant 10 ans encore !
Le système politique malien se métamorphosa progressivement jusqu’à l’élection d’IBK en 2013 qui par la ruse essaya de promouvoir sa propre famille mais fut stoppé par le CNSP qui avait bien compris son jeu. Tout cela démontre à suffisance la médiocrité et l’immaturité de notre classe politique habituée à considérer son peuple comme une joyeuse bande de paysans, de bergers et d’artisans.
En dépit de ce complot bien compris par les citoyens, les élections à venir les verront refaire les mêmes discours et tenir les mêmes promesses pour la simple raison qu’en démocratie aucune consultation électorale ne peut se tenir sans leur participation. Il faut se souvenir du cas du Maghreb qui était à peu près dans la même position que nous en 1991 et qui arriva néanmoins à renouveler partiellement sa classe politique en mettant dans les placards les vieux fossiles de la politique.
Des hommes d’affaires existent chez nous qui ne demandent qu’à accompagner les hommes politiques désargentés aux élections car la plupart de ces fortunés n’ont pas d’ambition politique par manque de culture dans ce domaine bien précis. En tout état de cause, un Donald Trump au Mali n’est pas pour demain, vu le contexte. Nos hommes d’affaires, en dépit de leur montagne d’argent ne peuvent être chez nous que de simples accompagnateurs des candidats des partis politiques en dépit de leur vénalité et de tous les maux dont on peut les accuser.
Le règne d’IBK fut catastrophique pour ce pays en raison du tonus qu’il donna aux religieux sur l’échiquier politique. Dans un pays dit laïque par la constitution de 1992, pareille situation peut paraître comme un complot contre le peuple en dépit de son extrême religiosité. On peut être sûr qu’aucun marabout ne sortira comme en Iran de la mosquée pour prétendre diriger le Mali ; tel n’est pas d’ailleurs l’ambition des leaders musulmans qui cherchent simplement à disposer d’un pion au sommet de l’Etat et non d’y être eux-mêmes. Pour ce qui est des membres de la transition y compris ceux du CNT, la charte de la transition leur interdit formellement toute participation aux prochaines élections. Il est vrai que, dès que par un coup de force, une transition politique se met en place, qu’elle marche ou pas, il se trouve toujours des gugusses pour la soutenir et en demander la prolongation pour des intérêts personnels, de même que des partis politiques croupions pour la même raison, et même des religieux auxquels on voudrait dire de s’en tenir aux livres saints.
Facoh Donki Diarra
(écrivain Konibabougou)
Source: Mali Tribune