De chauvinisme et de populisme il en fut toujours question tout au long de l’histoire sous tous les cieux. Les marxistes-léninistes de la fin du XIXè et du début du XXè siècle en ont donné des explications trop compliquées et trop savantes qui ne cadrent pas toujours avec nos réalités socio-politiques d’aujourd’hui faites de djihadisme, de narco trafique et même de trafic d’êtres humains. Les révolutionnaires russes et chinois sont allés même à parler de chauvinisme étroit pour qualifier certains de leurs compatriotes qui voulaient maintenir la révolution à l’intérieur des frontières de leur pays au lieu de la voir se répandre sur le prolétariat mondial.
Le chauvinisme est l’attitude spontanée d’un citoyen ou d’un groupe de citoyens qui adorent leur pays jusqu’à la déraison au point de lui attribuer des vertus imaginaires, donc absurdes. Il s’agit d’un sentiment partagé par beaucoup de peuples qui croient en leur destin contrairement à l’apatridie qui consiste à ne se reconnaître aucun pays, aucune nation. C’est une valeur sociale positive quand c’est sous contrôle mais qui peut devenir dangereuse à l’instar du national-socialisme d’Adolf Hitler ou de la Ligue française de Maurras en France dans l’entre-deux -guerres.
Au Mali le chauvinisme primaire a poussé des ailes depuis la chute d’IBK en octobre 2020. Les succès militaires des FAMas sur le terrain sont exploités par des cadres politiques en mal de réussite pour demander aux autorités de la Transition une possible prolongation de celle-ci contrairement à tous les textes en vigueur. Ce chauvinisme s’est enrichi de l’aigreur sociale issue de la mauvaise gouvernance antérieure pour condamner en bloc toute l’œuvre du mouvement démocratique en 30 ans. La particularité du chauvinisme malien du moment est d’être remplie des déchets du système scolaire et de politiciens en mal de popularité et de quelques syndicalistes qui cherchent encore leurs voies.
Le populisme, quant à lui, est terre à terre, la propension à faire la politique du peuple en sachant bien qu’il est dans des aberrations. D’une certaine manière, c’est la lâcheté, voire la peur d’affronter les idées du peuple dans ses erreurs comme le démontre Maxime Gorki dans « La mère ». Le populisme marche sur deux pieds : l’opportunisme et les idées courtes qui poussent ses partisans à faire feu de tout bois en politique. Il prospère dangereusement au moment des crises politiques comme c’est le cas maintenant au Mali où on voit des gens de peu de culture politique se transformer spontanément en tribuns et, combinant à la fois chauvinisme et populisme, croient réinventer la roue.
Mais il ne faut pas s’y tromper ; tous ces politiciens de la 25è heure sont très regardants sur les résultats économiques et financiers immédiats, la longue perspective comptant peu pour eux. Bref, c’est à l’exact opposé du nationalisme et du patriotisme qui demeurent des valeurs positives pouvant aider un pays à se relever en cas de crise politique majeure.
IBK le disait et redisait, il faut savoir raison garder et en temps de déroute politique, éviter de hisser les faux prophètes en héros ou en vrais démocrates car, laissait-il entendre entre les mots, le chauvinisme et le populisme sont dangereux en politique comme les mauvaises herbes le sont pour les labours.
Facoh Donki Diarra
Écrivain
Source : Mali Tribune