Les manifestations antigouvernementales au Mali le mois dernier ont été “brutalement réprimées”, les manifestants étant abattus par les forces de sécurité et les gardes du corps du plus haut juge du pays, a déclaré mercredi Amnesty International.
Dans un rapport, l’organisme de surveillance des droits a déclaré qu’il disposait de preuves provenant de dizaines de sources sur ce qui s’est passé pendant un week-end qui a dramatiquement intensifié la crise politique de l’État fragile.
Les manifestations avaient commencé le vendredi 10 juillet, appelées par une coalition connue sous le nom de Mouvement du 5 juin, qui réclame la démission du président Ibrahim Boubacar Keita.
Le lendemain, des rumeurs ont circulé selon lesquelles l’imam Mahmoud Dicko, figure de proue de la protestation, devait être arrêté, ce qui a incité les manifestants à se diriger vers son domicile à Badalabougou, un quartier de la capitale Bamako, a déclaré Amnesty.
Certains se sont dirigés vers la maison voisine de Manassa Danioko, le président controversé de la Cour constitutionnelle, selon le rapport.
“Cela a conduit à des tirs à balles réelles par les gardes de sécurité et par la police, sur les manifestants, causant la mort de quatre personnes au cours de cet incident”, a déclaré le spécialiste ouest-africain d’Amnesty, Ousmane Diallo.
un gros plan d’une carte: Mali© STF Mali
D’autres décès ce week-end ont été causés par les forces de sécurité et comprenaient des personnes qui n’avaient rien à voir avec les manifestations, a-t-il déclaré.
L’un était Faycal Cissé, 25 ans, un ancien élève religieux qui a été touché alors qu’il se trouvait dans une mosquée à quelque 300 mètres de l’Assemblée nationale, et Halidou Bouare, 21 ans, qui a été touché par deux balles alors qu’il travaillait sur une voiture. lavage.
Selon l’estimation d’Amnesty, basée sur des entretiens avec 41 personnes, dont des témoins, des manifestants, des journalistes et des responsables publics, au moins 11 personnes sont mortes pendant trois jours de troubles ce week-end, et des dizaines ont été blessées.
L’opposition estime le bilan à 23 morts et plus de 150 blessés, tandis que le Premier ministre Boubou Cissé et l’ONU donnent respectivement 11 et 14 morts.
C’était le plus grand bilan des troubles civils du pays depuis des années.
Amnesty a également appelé à des “enquêtes approfondies” sur les activités de ce week-end d’une unité spéciale antiterroriste du gouvernement appelée FORSAT.
Lors d’une réunion du Mouvement du 5 juin ce samedi, “des hommes cagoulés en tenue lourde soupçonnés d’appartenir à FORSAT sont arrivés lourdement armés dans deux bus publics banalisés pour perturber la réunion”, selon des témoins.
Le même jour, ont déclaré d’autres témoins, des membres du FORSAT ont été déployés pour arrêter les dirigeants des manifestations et ont lancé une attaque contre la mosquée de Dicko, selon le rapport.
Le ministère de la Justice n’a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire de l’AFP.
– Week-end clé –
L’effusion de sang de ce week-end a fortement intensifié les tensions au Mali, conduisant à un sommet de crise des dirigeants du bloc régional de 15 pays de la CEDEAO.
Ils se sont tenus aux côtés du dirigeant malien Keita et ont appelé à la création d’un gouvernement d’union nationale qui inclurait l’opposition.
Mais le groupe a snobé le gouvernement d’unité et a programmé une nouvelle série de manifestations dans tout le pays mardi prochain.
Le Mouvement du 5 juin a été en grande partie déclenché par la colère suscitée par le résultat des élections législatives de mars et avril.
La Cour constitutionnelle a annulé les résultats provisoires pour environ 30 sièges – une décision qui a vu plusieurs membres du parti de Keita élus.
Mais le mouvement de protestation s’est également nourri du mécontentement de longue date à propos de la gestion par Keita d’une révolte djihadiste de huit ans et d’une économie moribonde, et des perceptions d’une corruption généralisée.
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AFP