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Les États-Unis veulent punir les pays africains jugés pro-Russie

Un projet de loi américain vise à contenir certaines activités de la Russie en Afrique. Sur le continent, des voix s’élèvent pour protester contre cette tentative d’ingérence.

 

C’est au moment où le fossoyeur de la guerre froide Mikhaïl Gorbatchev disparaît que s’esquisse à nouveau une épreuve de force entre les États-Unis et le cœur de l’ancienne Union soviétique. Un bras de fer particulièrement tendu dans la gestion de la crise ukrainienne. De même que certaines nations africaines accédant à l’indépendance ont été ballotées, entre 1960 et 1989, entre les enjeux stratégiques des blocs du Nord, les membres du Conseil de sécurité des Nations unies scrutent et cataloguent, aujourd’hui, les régimes du continent.

Longtemps interventionniste dans des pays sud-américains, Washington entendrait aujourd’hui réguler, voire contenir, certaines activités jugées malintentionnées de la Russie en Afrique. Pour ce faire, la Chambre des représentants américains a adopté, par 415 voix contre 9, le « Countering Malign Russian Activities in Africa Act », une Loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie en Afrique.

Possibles rétorsions commerciales

Le Congrès américain se réserverait le droit d’évaluer régulièrement l’ampleur et la portée d’activités de la Fédération de Russie en Afrique, afin de vérifier que celles-ci ne compromettent pas les « objectifs et les intérêts des États-Unis ». Pourraient suivre des « demandes de comptes » aux gouvernements africains suspectés de déloyauté, d’éventuelles « condamnations » politiques et de possibles rétorsions commerciales, dans le cas où ceux-ci « financeraient la guerre », par l’achat de pétrole russe ou de céréales « volées à l’Ukraine ».

Cette réactualisation de la politique américaine de « l’endiguement » n’est pas nouvelle. En 2021, bien avant le conflit ouvert entre Moscou et Kiev, le Sénat américain avait publié une liste de 20 pays jugés sous influence russe, certains concernés par un recours aux mercenaires du groupe Wagner. La nouvelle loi, rendue publique dès le mois d’avril, doit encore être votée par le Sénat et ce n’est qu’en août que l’attention du grand public africain a été attirée par la ministre sud-africaine des Affaires étrangères.

Souveraineté nationale

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken était en déplacement au pays de Madiba. Lors d’une conférence de presse commune, son homologue Naledi Pandor a alors ouvertement condamné le projet de loi américain qui, selon elle, « punirait les nations africaines pour ne pas avoir fait preuve d’une déférence suffisante envers l’Occident ». Un manque de déférence qui se traduirait par des relations poussées avec la Russie, que ce soit par la coopération, notamment militaire, ou par un positionnement calqué sur celui de Moscou. En mars dernier, dix-sept pays africains s’étaient abstenus lors du vote visant à condamner l’invasion russe en Ukraine…

Ainsi va le jeu des influences géopolitiques, l’Afrique étant tout à la fois un enjeu économique et diplomatique. Au milieu de ces rivalités stratégiques mondiales, le continent ne saurait parler d’une voix unique, chaque pouvoir ayant sa sensibilité, ses analyses et ses priorités. Les dissensions dans des organisations à amplitude géographique bien plus modeste, comme la Cedeao, démontrent bien l’attachement de nombreux pays à une définition très stricte de leur souveraineté nationale.

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