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Les Etats- Unis d’Amérique et la France réaffirment leur opposition au projet de modification de la Constitution du Burkina Faso

Plusieurs centaines de milliers de personnes pour certains, plus d’un million pour d’autres, l’acte 1 de la campagne de désobéissance civile lancée par l’opposition pour empêcher le vote de la loi modifiant l’article 37 de la constitution du Burkina Faso aura été « un franc succès », de l’avis de nombreux observateurs. A peine s’est- on mis au bilan de cette première journée que deux pays et pas des moindres se sont invités au débat : Les Etats- Unis d’Amérique et la France.

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« Les Etats-Unis sont inquiets par l’esprit et les objectifs visés par un projet de loi de l’Assemblée Nationale du Burkina Faso modifiant la Constitution afin de permettre au Président sortant de se présenter aux élections pour un mandat supplémentaire de cinq ans. Au moment où l’Assemblée Nationale du Burkina Faso se prépare à examiner les amendements constitutionnels proposés, les États-Unis soulignent que la limitation des mandats prescrite par la loi fondamentale assure un mécanisme important afin de tenir les Chefs d’Etat responsables, garantit une alternance pacifique et démocratique du pouvoir, et donne aux nouvelles générations la possibilité de présenter leurs candidatures pour des postes politiques et d’élire de nouveaux dirigeants. Nous exhortons toutes les parties concernées, y compris les forces de l’ordre du Burkina Faso, d’adhérer au principe de la non-violence, et de débattre ce sujet de manière apaisée et consensuelle. » Le communiqué est de Jen Psaki, la porte- parole du département d’Etat américain.

La position des Etats- Uns d’Amérique n’est pas nouvelle. On se rappelle que par diplomates interposés, le pays de l’Oncle Sam n’a jamais fait mystère de son hostilité à toute tentative de modification de Constitution. « Deux mandats et c’est fini », avait même clamé Linda Thomas-Greenfield, Sous-secrétaire d’Etat aux Affaires africaines de l’Administration Obama. Le président Barack Obama himself avait déjà donné le ton lors de sa première sortie sur le continent africain quand il a lâché cette formule dans sa déclaration dite d’Accra : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». Et lors du sommet Etats- Unis Afrique d’août dernier, il n’aurait pas manqué l’occasion de le rappeler aux chefs d’Etats invités.

Paris de plus en plus précis

Elle semble s’éloigner l’époque ou la France préférait la carte de la prudence. Alors que le débat avait déjà cours sur la modifiction ou non de la constitution, alors que l’Ambassadeur américain au Burkina Faso réaffirmait l’opposition des Etats- Unis à toute modification de Constitution, l’Ambassadeur de France au Burkina Faso renvoyait le 14 juilet dernier les protagonistes au dialogue, tout en conseillant de ne pas franchir “la ligne rouge”. Les lignes ont bougé depuis. Le 22 octobre dernier, alors que le gouvernement avait décidé la veille de soumettre le projet de loi au vote des députés, le Quai d’Orsay, par la voix de son locataire Laurent Fabius, disait son attachement au respect des règles démocratiques. Notant au passage que le Président français François Hollande avait adressé un courrier à son homologue burkinabè en ce sens le 07 octobre dernier. Dans cette après- midi de mardi, juste après la manifestation officielle, Paris s’est elle aussi fendue d’une autre déclaration.

Par la voix du porte- parole du Ministère des Affaires étrangères Romain Nadal, la France a rappelé : « Nous sommes attachés au respect des principes définis par l’Union africaine sur les changements constitutionnels visant à permettre aux dirigeants de se maintenir au pouvoir. L’article 23 de la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance précise en effet que « tout amendement ou toute révision des constitutions ou des instruments juridiques qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique » constitue un « changement anticonstitutionnel de gouvernement ». « Ne pas respecter la charte pourrait entraîner des sanctions », a- t- il ajouté.

Autant dire que Paris et Washington sont désormais sur la même longueur d’onde sur la question. Du moins pour la cas bukinabè. Reste à savoir si les deux capitales auront une oreille attentive du côté du palais de Kosyam. Il y a de légitimes raisons d’en douter quand on sait que le locataire de Kosyam, Blaise Compaoré, confiait il a quelques jours à un confrère de BBC : « Vous ne verrez pas le Burkina aller se mêler de comment on organise la vie politique en France, aux USA. Ce que nous souhaitons, c’est la liberté d’organiser la vie politique de notre pays. On ne va pas se mêler des lois américaines, françaises et autres, nous Africains. Je comprends difficilement qu’on soit toujours prompt à nous dire où il faut aller, où il ne faut pas aller, qu’est-ce qu’il faut faire ». Le vote de cette loi c’est ce jeudi à 10 heures précises, et tout le Faso semble retenir son souffle…politique.

Samuel Somda
Lefaso.net

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