C’est un Général amoindri, amaigri et affaibli, en costume noir et cravate qui se présenta, mardi dernier aux environs de 10 heures, au juge d’instruction Yaya Karembé. Pour cause de forte chaleur consécutive à la coupure d’électricité, ses avocats – une dizaine- demandèrent un nouveau report. En réponse, le juge fit ouvrir porte et fenêtres. L’interrogatoire put alors commencer.
L’accusé, nous signale-t-on, s’est montré très conciliant, voire docile lors de l’interrogatoire. « Il n’avait plus cette attitude révoltée et indignée», nous précise-t-on. Son transfèrement à Sélingué n’est certainement pas étranger à cette nouvelle posture. Il a presque supplié le juge pour être ramené à Bamako ; car a-t-il, Selingué serait aussi dur que Taoudéni à ses yeux.
Par ailleurs, il argua avoir été trahi. Et par qui ? D’abord par des politiques dont Ibrahim Boubcar Keïta avec lequel, il avait, semble-t-il conclu un deal : soutenir sur ce dernier qui, une fois élu, le nommerait ambassadeur du Mali en Chine. Mais selon toute évidence, a-t-il reconnu, le candidat IBK aussi avait son propre plan. Une fois aux affaires, ce dernier le convainc de venir habiter dans la cité de l’ex-base aérienne pour ensuite mettre ensuite le grappin sur lui.
La seconde trahison, a-t-il soutenu, émane de Mahamoud Dicko, actuel président du Haut Conseil Islamique. Ce dernier n’a pas levé le petit doigt, reproche-t-il, quand même qu’il ait convenu un deal avec dernier aussi.
« Les troisièmes traitres», dira-t-il, ce sont les militaires. Le prévenu a reconnu avoir naïvement cru que ses partisans au sein de l’armée se soulèveraient après son arrestation. Mais face au silence et à l’inaction de ceux-ci, avoue-t-il, il a fait diffuser un enregistrement audio laissant croire que l’ex-garde de corps d’ATT était présent sur le théâtre des opérations. L’histoire a montré que ce dernier (Abdine Guindo), était en retraite dans le pays dogon au moment des faits.
Interrogé par rapport au charnier de Diago, le prévenu affirma n’être ni près, ni de loin lié à cette affaire. Ce sont les gendarmes qui assuraient la garde des prisonniers (les Bérets-rouges). Et lui, martela-t-il, n’était ni président ni ministre de la défense. En clair, suggéra-t-il, il faudra interroger les gendarmes. En somme, il a tout nié.
Mais pourquoi alors le magistrat instructeur a-t-il requalifié les faits en complicité d’assassinat et autres ? C’est suite aux aveux faits par les autres accusés et exécutants, précisent les sources généralement bien informées. Et d’ajouter qu’en matière pénale, le complice est considéré comme le véritable cerveau d’une opération puisque c’est de lui qu’émane le plan, les ordres et instructions. L’auteur n’est généralement «qu’un exécutant». Les deux encourent cependant les mêmes peines.
Signalons que malgré la demande insistance des avocats de transférer leur client à Bamako, le juge n’a, en tout cas, aux dernières nouvelles, donné une suite favorable.
B.S. Diarra