A les entendre, pour ceux qui n’ont pas peur de parler, ils ont une mission presque messianique de redresser le pays. Ils parlent du pays comme s’il était dans le néant et qu’il fallait le sortir de l’obscurité pour l’étaler, rutilant, au soleil -, à la face du monde.
Pour ce qui est de l’obscurité, nous en connaissons un rayon maintenant. Force est de reconnaître que pour le moment, hormis les parlottes et l’autosatisfaction devenue leur marque de fabrique, les Maliens attendent toujours de voir le paradis promis. Or pour le moment, ce n’est pas seulement que l’Armée qui monte en puissance: l’insécurité monte en puissance, la vie chère monte en puissance, les grèves montent en puissance dans tous les secteurs, les déceptions montent en puissance, les contre-vérités montent en puissance, les coupures d’électricité montent en puissance, etc. A défaut d’apporter des réponses satisfaisantes aux préoccupations des Maliens, ils se livrent en spectacle. Bien entendu, ils ne peuvent se livrer en spectacle que sur les réseaux sociaux parce qu’ils n’ont aucune proximité avec les populations, ils ne représentent que leur propre personne, un peu leurs amis et parents, et beaucoup leurs intérêts. C’est ainsi qu’on a pu voir tel ministre célébrer son anniversaire soufflant sur les bougies d’un gâteau dans son cabinet entouré de quelques conseillers et de nombreuses chargées de mission dont les compétences restent à prouver hormis leur plastique irréprochable. On a pu voir un autre ministre, toutes dents dehors, avec un teint bronzé, étalant sa joie aux côtés de sa nouvelle épouse. Et puis il y a tous ceux qui, hommes ou femmes, sont invisibles ; ils sont tellement invisibles qu’on peut se demander s’ils sont vraiment membre d’un gouvernement de la Transition ; tellement invisibles et silencieux que rares sont les Maliens qui les connaissent. Celui qui nous intéresse aujourd’hui n’est autre que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui ressemble plus à un primus inter pares. Près de deux ans après sa nomination, les déceptions sont grandes et la grandiloquence est toujours de mise
Source : La Nouvelle République