La Chine a investi beaucoup d’argent en Afrique pour remporter la compétition féroce autour des importantes ressources naturelles du continent. Déjà la Chine est le partenaire commercial le plus important de l’Afrique, après avoir dépassé les États-Unis, en 2009.
Que cherche la Chine en Afrique ?
Alors que c’est à chacun des pays africains de choisir des partenaires économiques dans l’offre potentielle actuelle, il est erroné de supposer qu’un partenaire spécifique résoudra en quelque sorte les problèmes économiques et politiques de l’Afrique. Le Président sud-africain, Jacob Zuma, exprimant l’optimisme dans les liens Chine-Afrique a déclaré : « Nous sommes heureux que, particulièrement dans nos relations avec la Chine, nous sommes égaux et que les accords conclus génèrent un gain mutuel ». La Chine fournit une sorte de soulagement à la relation paternaliste et inégale de l’occident avec l’Afrique depuis les indépendances.
« L’Afrique » devrait savoir qu’il n’est pas vraiment important de savoir qui sont nos partenaires ou quels sont leurs plans pour nous en matière de développement économique ; il importe plutôt de savoir quels sont les plans et les stratégies que nous avons pour eux. Ce que la Chine veut de l’Afrique est tout à fait clair : les matières premières pour alimenter son boom économique. Et sa stratégie ? Plus de prêts et d’aide pour l’Afrique pour inciter davantage de pays à se tourner vers l’Orient.
L’Afrique, un champ de bataille par procuration
Ce qui n’est pas clair en revanche, c’est la stratégie de l’Afrique. Les 54 pays de l’Afrique, avec une économie combinée, plus de quatre fois plus petite que la Chine, sont probablement chacun trop petit pour réussir dans la compétition économique moderne de la mondialisation. Ils ont besoin de s’intégrer davantage et de se présenter comme une seule entité économique. Avec une croissance économique forte et soutenue, l’Afrique intégrée constituera une destination d’investissement plus attrayante pour les capitaux et la technologie étrangers qu’une collection de petites économies individuelles. Et l’intégration signifie aussi un poids et un pouvoir de négociation accrus.
Le développement économique est le résultat de la création de richesses et de valeur ajoutée aux ressources naturelles – pas du fait de savoir qui sont nos partenaires ! Tant que les plans et stratégies des économies africaines individuelles ne reflètent pas cette prise de conscience, les nations les plus puissantes continueront à acquérir les ressources naturelles de l’Afrique à des tarifs défiant toute concurrence. Alors que les perspectives économiques de l’Afrique s’éclairent, le continent ne devrait pas se permettre de devenir un champ de bataille par procuration lié à un déplacement de l’équilibre des pouvoirs entre les grandes économies du monde.
La Chine confrontée aux mêmes problèmes de gouvernance
La seule différence entre la Chine et l’Occident, en tant que partenaires pour le développement économique de l’Afrique, est l’absence dans l’esprit des Chinois d’une Afrique associée à la pauvreté, aux guerres et aux maladies (des fantômes toujours présents dans l’imaginaire occidental) en dépit du fait que l’Afrique abrite six des dix économies à la croissance la plus rapide au monde et une population jeune qui peut changer les choses, si elle est correctement guidée.
Alors que l’observation du Président chinois Hu Jintao, selon laquelle « la Chine soutient sincèrement les pays africains dans la poursuite de leurs propres voies de développement, et veut sincèrement aider les pays africains à renforcer leur capacité à se développer de manière indépendante » ne doit pas être mise en doute, les actes comptent plus que les paroles. L’Afrique n’est pas étrangère aux engagements solennels qui ne sont pas suivis d’effets.
Ce n’est pas l’affaire de la Chine de promettre d’aider l’Afrique à se développer de manière indépendante. Un engagement à se développer de manière indépendante devrait être l’objectif des États de chaque pays africain. L’ironie est que la Chine est confrontée aux mêmes problèmes de gouvernance qui menacent la réussite de l’Afrique à long terme. Alors, avouons-le, les motivations des pays étrangers ne sont jamais si pures au point qu’ils souhaitent « sincèrement » que les autres se développement de manière indépendante, sans tenir compte de leurs propres intérêts.
L’Afrique doit plutôt se tourner vers elle-même
La Chine n’est pas en Afrique par charité – ce n’est pas son but de toutes manières. A l’inverse, l’Afrique a été charitable à l’égard de beaucoup, en fournissant des matières premières depuis un certain temps. C’est une folie de croire que l’Afrique peut négocier des ententes mutuellement bénéfiques avec les Chinois, quand elle n’a pas résolu les problèmes qui ont conduit à l’exploitation de ses ressources par d’autres partenaires.
L’Afrique ne doit pas trop se tourner vers l’Orient, ni vers l’Occident, mais plutôt vers elle-même. C’est en Afrique que toutes les réponses se trouvent. Mettre en place des institutions transparentes, en investissant dans le capital humain, en favorisant un environnement propice à la création de richesses et qui permet l’ajout de valeur aux ressources. Voilà ce qui doit être l’objectif principal de l’Afrique. Dans ces domaines aussi, aucune aide n’est nécessaire, en particulier venant de la Chine. Comme le dit un proverbe est-africain : « l’aide extérieure vient toujours après la pluie ».