l’ex président du aut conseil islamique a lancé ce samedi la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam Dicko. Ce mouvement est fortement soupçonné de servir les visées politiques prêtées à ce tenant d’un islam rigoriste et bête noire du pouvoir. A l’occasion, l’imam a dénoncé «la gouvernance catastrophique» du pays. Ce constat de Mahmoud DICKO a fait le buzz sur la toile. Ainsi, l’épineuse question sur l’islam et la politique refait surface et occasionne un débat houleux entre pro et anti Dicko. Voici votre Facebookan du jour.
Kadiatou Touré : Franchement le Mali excelle dans la reculade. Qu’il fasse de la politique à visage découvert, no problem ; mais s’appuyer sur la religion pour embrigader le peuple est peu orthodoxe. Ils ont et sont les partenaires des hommes politiques qu’il pointe du doigt aujourd’hui. Les Maliens croient-ils vraiment à un changement positif avec un parti d’obédience religieuse ? On n’a donc encore compris de ce dont souffre le pays.
Lamine Savané : Justement le problème c’est que c’est un acteur politique déguisé en leader religieux. Quand le religieux interfère dans la sphère politique dans un pays ça signifie absence de l’État, discrédit des élites politiques, mais surtout une poudrière pour le pays.
Larmes des pauvres : Le Mali est sérieusement menacé par la montée du courant wahhabite. Kouffa et Iyad ont choisi la lutte armée pour imposer cette idéologie de l’islam radical. Jusqu’où iront ceux qui veulent l’imposer dans le jeu démocratique ?
Issa Konaré : Pour le peu que je puisse dire, c’est que la religion doit faire honte à tous ceux qui pensent que la raison et la justice existent uniquement entre les êtres humains. Vouloir un pouvoir théocratique, ce n’est pas seulement la faillite de l’Etat, mais aussi sa réussite la plus négative. Je vois Dicko comme un terroriste potentiel qu’il faut aider, sinon l’entretenir afin que tous les autres en tirent une leçon de vie. Notre pays n’est pas né dans l’Alcoran ni la Bible. Nous sommes à la base des Mécréants, et cela il va falloir vous préparer pendant 500 ans pour tenter de transformer le vrai en faux.
Haïdara Chérif : Le F.I.S. (front islamique pour le Salut) en Algérie avait été admis sur l’échiquier politique algérien au nom du jeu démocratique quand bien même un parti politique ne peut être constitué sur des bases confessionnelles. La suite est connue de tous. L’Algérie, avec sa puissance militaire ne vint à bout des différents mouvements armés qu’une décennie plus tard et pas totalement jusqu’à maintenant. Le FIS fut disloqué à la fin. Au Mali, la déception des hommes politiques a fait naître le sentiment que les religieux peuvent être une alternative aux politiques. Analyse erronée, si elle en était une. La politique ne se fait que par les politiciens. Elle a la magie de transformer tous ceux qui s’y approchent et les écarte de ce qui les y a introduits.
Bréhima Mamadou Koné : Quand il mobilisait le peuple en 2009 pour la contestation et l’échec du Code des Personnes et de la Famille; nous l’avions applaudi en héros et personne n’a osé dire que les religieux devraient rester dans les mosquées et les monastères pour se mettre à l’abri de la scène politique !Quand il mobilisait le peuple en 2013 pour faire relire le Président IBK à la magistrature suprême du pays; nous l’avions applaudi en héros et personne n’a osé dire que la place des religieux était dans les mosquées !
En 2019, quand il mobilisait le peuple à la place de l’indépendance pour demander la démission du Premier ministre qui devenait de plus en plus encombrant pour le peuple et la majorité par rapport à sa lenteur dans la gestion de la crise malienne; nous l’avions applaudi en héros et personne n’a osé dire que la place des religieux était dans les mosquées et dans les monastères, parce que nous avions besoin de lui et, n’eût été sa capacité de mobilisation, SBM serait toujours à la station Primatoriale, et ce, parce que les hommes politiques étaient incapables de le faire partir. En 2019 quand des citoyens, musulmans, non musulmans, décident de créer des mouvements politiques de soutien à l’Imam Dicko, c’est en ce moment que nous pensons que sa place est dans les mosquées ou dans les monastères. Est-ce un problème de mémoire? Quand il avait réussi à libérer nos 160 militaires maliens des mains des forces du Mal; nous l’avions applaudi en héros. Tout le monde a dit qu’il était dans son rôle en tant que Président du Haut Conseil Islamique, parce que ça nous arrangerait. Pourtant, il n’a dit à personne qu’il serait candidat pour la présidentielle de 2023 ou les législatives à venir. Et pourquoi tout cet acharnement ? Si vous vouliez qu’il reste dans la mosquée, que les hommes politiques sortent dans la médiocrité pour se mettre au travail. Est-ce un problème de mémoire ?
Koné Alassane : Lors de l’assise qui a précédé les évènements de 1991, quand il prenait le «fatiya» de l’assise, personne n’a dit que ce n’était pas une affaire religieuse. Il faut qu’on laisse les gens se mobiliser, voire s’organiser en leur manière. Le pays va mal et nul ne connaît celui qui pourrait conduire le bateau malien à bon port. Ainsi vivent les mouvements du mali et vive le mouvement de Dicko.
Bruce Diop : Il ne faut pas confondre un porte-drapeau à la puissance derrière le drapeau. L’homme a été le porteur de la cause des religieux. A ce titre, il apparaissait comme une force. En bon opportuniste, il a surfé sur le mécontentement d’une population en quête d’un jour meilleur, il est apparu comme puissant. Une élection à la tête du HCI montra que sa puissance supposée n’était rien comparativement à d’autres qui ne donnaient pas la voix autant que lui. Qu’à cela ne tienne, vouloir créer un parti religieux dans un pays dont les lois en interdisent l’existence, démontre à souhait la propension de ce monsieur à n’en faire qu’à sa tête. Allons-nous, nous contenter de prier qu’il ait une tête démocratique ?
Leh Kone : Nous avons besoin des actes concrets. Au lieu de créer des mouvements politiques ; il faut des organisations capables de faire des preuves telles que: construire des hôpitaux, construire des écoles, créer des institutions de microfinance, contribuer au développement économique du pays, j’en passe. Nous reconnaissons une organisation au Mali qui va faire des preuves palpables.