Le maintien de la date du 1er tour, par le Président de la République dans son adresse à la Nation du 25 mars, n’est pas la seule surprise de ces législatives puisqu’il faut y ajouter le taux de participation communiqué par le Gouvernement (35,75%), légèrement ajusté par la Cour Constitutionnelle (35,58 %) qui tranche nettement avec les taux de ces 25 dernières années. C’est le Dr Choguel Kokalla MAIGA, Président du MPR, qui relève cette loufoquerie dès la proclamation des résultats définitifs du 1er tour des législatives par la Cour constitutionnelle.
Le 9 avril 2020, la Cour Constitutionnelle a rendu publics les résultats du premier tour des élections législatives du 29 mars 2020. Pour l’essentiel, comme il fallait s’y attendre, la haute juridiction a reconduit les résultats provisoires communiqués le 2 avril 2020 par le Gouvernement, responsable de l’organisation desdites élections. Ils appellent, de la part du MPR, les observations suivantes qui portent aussi bien sur les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin que sur le taux de participation annoncé officiellement.
Selon M. MAIGA, ‘’la surprise est suscitée par la précision portant sur le taux de participation communiqué par le Gouvernement (35,75%), légèrement ajusté par la Cour Constitutionnelle (35,58 %)’’. Et il justifie sa surprise : ‘’l’on ne peut comprendre ni accepter que, de 1992 à 2020, en temps de paix, le taux de participation officiel au premier tour des élections législatives au Mali ait oscillé entre : 22 % (en 1992) ; 21,6 % (en 1997) ; 23 % (en 2002) ; 33 % (en 2007) ; 38,62 % (en 2013) pour atteindre, contre toute attente, 35,58 % (en 2020). L’on ne peut justifier ni accepter, de bonne foi, que dans le District de Bamako, capitale politique, administrative et économique, siège des Directions nationales des Partis politiques et de toutes les Institutions chargées de la gestion des élections, où le Gouvernement prétend avoir pris toutes les dispositions et mesures sanitaires contre le COVID-19, le taux de participation soit de 12,85 % et que, dans les Régions où sévissent l’insécurité, la guerre civile, le terrorisme, l’absence totale ou partielle de l’Administration, ce taux oscille entre 36 % et 85,86 %’’. Pour Choguel MAIGA, ce paradoxe, à lui seul, devrait suffire pour remettre en cause la crédibilité et la validité de ces élections.
Cependant, poursuit-il, cela s’éclaire à la lumière des faits suivants:
– l’achat à grande échelle des consciences et des votes, souvent sur les lieux mêmes des opérations et cela, à ciel ouvert et en toute impunité ; le bourrage des urnes à grande échelle dans la plupart des localités, notamment du Nord et du Centre ; l’intervention directe au cours du scrutin de certains groupes armés et milices dans le processus du vote ; un fait nouveau et qui n’est pas sans susciter davantage d’appréhension sur la santé d’une démocratie déjà très fragile : la remise en cause du sacro-saint principe de la neutralité de l’Administration avec la vente à grande échelle des bulletins de vote à des candidats par certains agents de l’Etat chargés de l’organisation des élections ; la falsification par endroits des documents électoraux.
De tout ce qui précède, le Président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau tire les conséquences suivantes : plusieurs députés, « élus » dans ces conditions, seraient loin d’être représentatifs de la volonté librement exprimée des Maliens car ils doivent plutôt leurs mandats à la corruption et à la violence armée ; à l’Assemblée Nationale, institution-clé de la République, siégeront, cote à-côte, d’honorables représentants des populations et les grands corrupteurs ou leurs complices, les alliés ou complices des mouvements terroristes, des mouvements séparatistes et des milices armées, les narcotrafiquants et leurs obligés ; cette nouvelle Assemblée aura, comme principale mission, la révision de la Constitution de la République du Mali pour y inscrire les instruments politiques et juridiques de l’organisation, à terme, de la partition programmée du Mali.
Ainsi, déduit Choguel Kokalla MAIGA, avec une telle situation, l’État, sous la responsabilité du Chef de l’État, vient de franchir une étape nouvelle dans le processus de décadence et de démantèlement de l’État et de la République unitaire du Mali. ‘’Pour cette raison, plus que jamais, la RÉSISTANCE PATRIOTIQUE du Peuple est de mise. Il nous appartient, de quelque bord politique que nous soyons, de nous dresser, comme un bloc sans couture, face aux tentatives de partition et de désintégration du Mali afin que demeure concrète sa devise : un Peuple, un But, une Foi’’ professe-t-il.
PAR BERTIN DAKOUO
INFO-MATIN