Le réseau APEM a toutefois déploré la faible mobilisation des électeurs
Le réseau d’ONG-Appui au processus électoral (Réseau APEM) et ses partenaires ont mené une observation du second tour des législatives qui a eu lieu dimanche dernier dans le cadre du Pôle d’observation citoyenne électorale (POCE). Lundi lors d’un point de presse à l’hôtel Radisson, les responsables du Pôle ont livré leurs conclusions. Les données recueillies par la chambre technique à partir des informations émanant des observateurs, superviseurs, coordinateurs et points focaux, analysées par la chambre intermédiaire, ont permis à la chambre politique de se faire une opinion sur le déroulement du scrutin et d’intervenir en temps réel auprès des autorités en charge des élections en vue de corriger les dysfonctionnements constatés.
Le réseau APEM, dans le cadre du POCE, rappelle-t-on, a déployé 3300 observateurs, 200 superviseurs, coordinateurs et points focaux (dont 33,33% de femmes) dans les 45 circonscriptions électorales concernées par le second tour. Selon le constat des observateurs, 92,9 % des bureaux de vote couverts ont ouvert à l’heure. 95,5 % des présidents étaient présents. Pour l’essentiel, le matériel était en place. Tout cela a permis un déroulement effectif des opérations de vote. Le premier constat important à faire est que dans l’ensemble, les électeurs ne se sont pas mobilisés pour ce second tour. Il faut aussi saluer le fait qu’il n’y a pas eu d’incidents majeurs sur le terrain même si quelques petits échauffements ont été signalés par endroits (à Doumanzana, au centre Mamadou Konaté, à Niamakoro, à Kati Diré). Il s’agit cependant d’incidents mineurs qui ont été vite contenus. Les observateurs du POCE ont fait le constat d’une fermeture à l’heure indiquée pour l’essentiel des bureaux (89,6% des bureaux ont fermé à 18 heures) et un taux urbain et péri urbain de 29,4 % de participation. Le POCE constate aussi une sécurisation satisfaisante des bureaux, un respect des dispositions du code de bonne conduite, une pro activité constante des autorités et une participation active des délégués des partis politiques.
TROIS CHAMBRES DE TRAVAIL. Au nombre des insuffisances, le porte-parole du Pôle, Ibrahima Sangho, a relevé le faible niveau de formation de certains délégués des partis, le retard observé dans 7,1 % des bureaux de vote ou le désordre dans d’autres bureaux. D’autres insuffisances découlent de l’application de certains textes relatifs au processus électoral, ou encore à l’enlèvement de 16 urnes par le préfet de Ber dans le cercle de Tombouctou qui a empêché les délégués et mandataires d’une candidate d’assister à la centralisation des résultats.
Globalement, le Pôle estime que le second tour des élections s’est passé dans de bonnes conditions d’organisation, que les incidents et dysfonctionnements constatés n’ont pas entaché la régularité, la sincérité, la transparence et la crédibilité du scrutin. Toutefois, il déplore la faible mobilisation des électeurs. Il se réjouit de la franche collaboration entre les structures d’organisation des élections et les observateurs.
Comme recommandations, le POCE préconise la relecture de textes fondamentaux de la République, notamment la Constitution, la loi organique concernant l’élection des députés, la Loi électorale, la Charte des partis et les textes subséquents. Il prône la mise en place d’une structure pérenne de gestion des élections, la pérennisation du POCE, l’intensification des activités de formation, de sensibilisation/éducation électorale pérenne pour une appropriation véritable de la démocratie par les citoyennes et citoyens du Mali.
Le POCE, selon son porte-parole, souhaite une relecture de la législation sur les médias et la poursuite du renforcement de leur capacité en matière électorale. D’autres recommandations sont relatives à la moralisation de la délivrance des procurations, au renforcement de capacité des agents électoraux et délégués des partis politiques.
Samedi déjà, dans une conférence de presse organisée au même endroit, Ibrahima Sangho avait dressé les objectifs visés par le POCE. Il avait notamment fait état de la mise sur pied de trois chambres de travail (technique, intermédiaire et politique) pour mener à bien l’observation. Il avait aussi indiqué l’envoi sur le terrain par l’APEM de 3300 observateurs, des coordinateurs et de superviseurs.
Ibrahima Sangho avait regretté la faible représentation des femmes et fait état de recommandations au gouvernement, à la CENI, à la DGE, aux candidats et à société civile pour une amélioration de l’organisation de ces élections et un relèvement du taux de participation.
A. LAM