( Pour stimuler le tourisme intérieur )
Il est vrai que le Mali est un État laïc, mais 95% de la population sont musulmans et l’Islam occupe une place importante dans l’histoire du pays.
Aujourd’hui, à l’occasion de la célébration de la naissance du Prophète, je voudrais parler du tourisme religieux islamique intérieur. Une secteur qui peine à découler dans notre pays.
Les centres touristiques de la République du Mali sont majoritairement islamiques. On peut citer entre autres, la Grande Mosquée Djingareyber de Tombouctou, le tombeau des Askia , la mosquée d’El Haj Omar Tall à Nioro, la forteresse de Koniakari et les grottes de Dinguiray à Badiangara….
D’où les pertinentes questions posées aux responsables des affaires religieuses, de la culture et du tourisme (officiellement le ministère des Affaires religieuses et du culte), le Haut Conseil Islamique du Mali et autres:
– Quelle est l’apport de ces patrimoines culturels au revenu national?
– Combien de visiteurs affluent par an à ces attractions touristiques?
– D’où viennent-ils? Sont-ils uniquement maliens ou sont-ils d’autres nationalités des pays voisins?
– Quelles sont les infrastructures nécessaires mises en place pour développer ce type de tourisme?
– Quel est l’organisme officiel responsable de l’organisation de ce tourisme?
– L’Etat a-t-il fait l’inventaire de ces lieux ?
– Dispose-t-il des statistiques sur les visiteurs de ces attractions touristiques de l’indépendance à nos jours?
Tant de questions adressées aux autorités concernées, auxquelles nous espérons obtenir des réponses, si possible.
La célébration de l’anniversaire de la naissance du meilleur des hommes, le Messager de la miséricorde, Mohammad, paix et salut sur Lui est une tradition encrée dans l’histoire et la mémoire collective des maliens. Elle représente l’occasion idéale pour stimuler le tourisme religieux. Remontant à des siècles, elle ne cesse de prendre de l’envergure au fil du temps.
Les fondateurs de la Première République, et en particulier le président Modibo Keita, ont vite fait ce constat et ont pris la sage décision de décréter l’occasion de l’anniversaire du Prophète un jour férié dans le pays. Les membres de l’Assemblée nationale, dirigée, à l’époque, par Al-Hassan Osman Haidara, qui était issu d’une famille notable de Tombouctou, ont voté en faveur du décret.
Ainsi, tous les chefs d’Etat qui se sont succédé à Koulouba, ont respecté la tradition en aidant les savants, imams, et familles qui rassemblent les fidèles pour revivifier cette nuit bénie.
Nous citerons ici, à titre d’exemple, certains d’entre eux qui ont laissé leur empreinte dans cette noble tâche :
– Le Président Moussa Traoré (paix à son âme), qui avait l’habitude d’envoyer de l’aide aux familles qui célébraient le Maouloud, à travers l’Association Malienne pour l’Unité et le Progrès de l’Islam (AMUPI).
– Le président Ibrahim Boubacar Keita, qui a accordé la plus grande importance à l’événement, avec sa participation active. Avant de devenir chef d’Etat, il participait à la cérémonie organisée dans famille des deux cheikhs chérifs jumeaux du quartier de Quinzan-Bougou à Bamako. Porté à la magistrature suprême, il continuera sur la même lancée et contribuera, de manière remarquable, à donner à l’occasion une saveur particulière, en assistant personnellement, au stade du 26 mars, à la cérémonie de célébration du maouloud organisée par l’Association internationale Ansar al-Din. Il ira jusqu’à prendre la parole devant plus de 80 000 fidèles rassemblés pour l’occasion.
Parmi les cheikhs et les familles pionnières qui ont eu une longue histoire dans la revivification de cette occasion bénie à travers l’histoire du Mali, l’on peut citer, à titre d’exemple :
– Le Chérif Mohammed Ould Cheikhna Hamahoullah. Chaque année, des délégations de la sous-région (Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mauritanie et Sénégal) affluent à la zawiya hamaliste Tidjanite de la ville sainte de Nioro, pour célébrer le baptême, septième jour de l’anniversaire du Prophète (paix et salut sur Lui).
– Sidi Modibo Kane / Dily. Un descendant du grand poète Cheikh Mohammad Abdallah Souàd, l’auteur de la célèbre qasida en éloge du Prophète: Chawqi li-khaïril baràyà (Mon amour pour le meilleur des hommes).
– La famille de Mohammad Al-Hady (Thierno Hady) Thiam, qui fut la première à célébrer la fête du Mawloud à Ségou, à la fin du XIXe siècle.
– La Mosquée Dar Al Salam, fondée par les Cheikh Sidi Mohamed et son frère Sidi Ahmed (Thierno) Tidjan, en 1922.
– La famille Kane de Kati, la famille jumelle de la famille Thiam.
– Les Cheikhs Mansour et son frère Mohammad Al-Mahi Haidara, à Ségou.
– Le chérif Ousmane Madani Haidara, le guide spirituel de l’Association internationale Ansar al-Din, qui a surpassé tout le monde et qui a su donner à l’organisation de la cérémonie une dimension sans précédent.
– Les familles Touré, Darawé et Koromakan, à Bamako.
– D’autres familles notables dans les villes de Kayes, Mopti, Djenné et Jah.
Suggestions:
Nous ne saurons conclure ce tour d’horizon historique sans prodiguer quelques propositions qui, nous l’espérons bien, contribueront, si elles sont prises en compte par les autorités compétentes, à contribuer à la mise en valeur de cette cérémonie religieuse, et à en faire un vecteur pour l’avancement de la vie spirituelle et économique du pays:
– Coordination du ministère de la culture, du tourisme et des industries locales avec le ministère des affaires religieuses et des cultes pour l’organisation de l’événement.
– Mettre en place un comité chargé de cette tâche, composé de représentants des deux ministères, d’autres ministères et du Haut Conseil Islamique du Mali.
– S’inspirer des modèles marocain et turc dans le domaine du tourisme religieux, et qui sont des expériences uniques et réussies.
– Exploiter cette occasion religieuse et d’autres pour sensibiliser les populations sur les fléaux qui menacent la nation et les guider vers la cohésion et l’entre-aide, et pour cultiver un esprit de citoyenneté et de tolérance solides, pour sortir le pays des crises sociales et politiques.
– Implanter des bases solides pour l’harmonie et la stabilité, en cultivant l’entente et la compréhension entre le peuple et l’élite politique.
– Fournir des masques et les fournitures nécessaires pour se protéger contre la pandémie Corona dans les lieux de rassemblement pour empêcher la propagation de l’épidémie parmi les populations.
– Assurer la sécurité de ceux qui célèbrent l’anniversaire du Prophète dans ce contexte sécuritaire particulièrement difficile.
– Enfin, multiplier les prières pour le pays et le peuple, et implorez Dieu de nous bénir par la baraka du Prophète à qui il a accordé l’intercession. Et qu’Allah soit loué au début et la fin.
Par Thierno Hady Cheick Omar THIAM