Malgré toutes les assurances données par le Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maiga sur la tenue du premier tour de l’élection présidentielle le 29 juillet, l’incertitude plane désormais sur l’organisation de cette présidentielle à la date indiquée. Le Nord et le Centre du pays sont toujours embrasés, alors que le Sud attend des signaux tangibles en termes de préparation, tant matériel que financier. Le Gouvernement mesure-t-il les conséquences de la non-tenue de l’élection présidentielle, conformément au délai constitutionnel ?
A moins de trois mois du premier tour, rien ne semble présager de l’organisation du scrutin présidentiel, à part la nouvelle loi électorale en instance d’adoption à l’Assemblée Nationale. Le front sécuritaire est toujours en ébullition au Nord comme au Centre, les nouvelles cartes électorales n’ont encore fait l’objet d’appel d’offres, et les acteurs politiques ne semblent pas accorder leurs violons sur un certain nombre de principes. Ils reprochent même au Gouvernement une certaine lenteur dans la gestion du compte à rebours. C’est en mettant bout à bout toutes ces difficultés que certains sont arrivés à la conclusion que l’élection présidentielle du 29 juillet pourrait être reportée, faute, pour le Gouvernement, d’avoir réuni toutes les conditions d’une élection transparente, crédible.
Quelles pourraient être les conséquences de la non-organisation de l’élection présidentielle à date ?
Première conséquence : le rejet par l’Opposition de tout plan de gestion de la transition par le régime sortant qui serait d’ailleurs frappé par le principe d’illégitimité et d’illégalité constitutionnelle. L’Opposition a déjà donné le ton en demandant au gouvernement de ne pas avoir deux plans ; le plan A seulement, celui de la tenue de l’élection présidentielle au risque de se faire disqualifier pour incompétence.
La deuxième conséquence : La naissance de plusieurs fronts comme en 2012, sous la Transition, après le coup d’Etat de la junte militaire de Kati. Des groupuscules pourront naitre et proposer un plan de partage du gâteau-Mali pendant une transition d’au moins deux ans. Ces groupuscules seront tellement actifs et audibles qu’ils submergeront même les grands partis pour s’imposer face à un organe même consensuel qui sera mis en place pour gérer la transition.
Troisième conséquence : le risque de voir s’inviter sur la scène politique l’armée en cas de désordre consécutif à une mésentente sérieuse entre des acteurs politiques. Et cela en complicité avec certains leaders politiques et de la société civile qui savent, qu’en temps normal, ils ne pourraient rien obtenir par les urnes. Donc ils préfèrent passer par les armes pour l’avoir.
Quatrième conséquence : la non-tenue de l’élection présidentielle conformément à la Constitution pourrait non seulement engendrer une anarchie, mais aussi exposerait le Mali à une véritable partition, car ceux qui n’ont jamais caché leur volonté de se séparer du reste du Mali auront une bonne occasion de réaliser leur dessein.
En somme, le Gouvernement de Soumeylou Boubèye Maiga est condamné à réussir l’élection présidentielle, comme il l’a dit lui-même, car elle demeure pour le Mali la seule clé de la sortie de crise.
Youssouf Sissoko
Source: infosepte