«Je veux faire de la jeunesse, la grande cause de ce mandat et je veux être jugé sur cela. Elle constitue la majorité silencieuse qui souffre et peine à trouver repères, opportunités et perspectives. J’engagerai un pacte national pour la jeunesse à travers des investissements considérables dans la refondation de notre système éducatif et de formation, ainsi que la promotion de l’emploi », déclarait le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta dans son discours d’investiture pour un second mandat. C’était le 4 septembre 2018 au Palais de la culture.
En consacrant cette partie de son premier discours à la jeunesse, en qualité de Président réélu, Ibrahim Boubacar Kéïta était loin d’imaginer que 2019 serait déjà une année d’inquiétudes et d’incertitudes pour ses enfants et ses petits enfants. Le mandat de la jeunesse démarre mal avec une menace d’année blanche. Les ordres d’enseignements fondamental et secondaire au niveau des écoles publiques sont paralysés par une grève répétitive des syndicats signataires du Protocole d’accord du 15 octobre 2016.
De négociations en négociations, le gouvernement et les syndicats n’arrivent pas à trouver un terrain d’entente afin que les enfants reprennent le chemin des classes. L’année pourra-t-elle encore être sauvée ? En cas d’accord entre les parties, quelle stratégie sera mise en place pour assurer les cours et tenir les différents examens ? A quel moment? Les vacances, pendant la saison des pluies?
Plus que déplorable est la situation qui paralyse nos écoles publiques. C’est une véritable tragédie nationale. Comment des responsables censés être compétents pour se trouver aux commandes de l’Etat et d’autres à la tête des syndicats peuvent-ils prendre en otage l’avenir d’innocents enfants ? Pourquoi tant d’indifférence vis-à-vis de l’école publique ? Autorités, parents d’élèves, enseignants, nous sommes tous coupables de cette descente aux enfers de l’école malienne, dont l’effondrement impacte négativement tous les secteurs de la vie publique.
La fonction d’enseignant est un sacerdoce. Mais nous assistons depuis quelques années à une sorte de surenchère qui semble caractériser l’action syndicale dans notre pays. Un phénomène certes détestable voire condamnable, mais paradoxalement ‘’légitimée’’ par le train de vie des plus hauts responsables du pays. Lesquels, comme s’ils n’avaient cure de la situation dramatique du pays, se sont installés dans une démesure totale. Les histoires d’argents de plusieurs responsables du régime continuent de susciter la colère auprès de nombreuses couches de la société, notamment les partenaires sociaux.
Le Président IBK a eu tort de ne pas prendre en main ce dossier brûlant noircit déjà son second mandat, surtout après avoir tenu un tel discours. Le chef de l’Etat aurait dû recevoir depuis longtemps les enseignants grévistes pour discuter avec eux dans un langage franc et sincère. Une telle démarche de la part du Président aurait permis de décrisper la situation. Le mandat de la jeunesse ne saurait s’accommoder avec une année blanche ou une année facultative, dont les autorités maliennes ont le secret.
Monsieur le Président, vous serez sur votre engagement de faire ce mandat celui de la jeunesse. A l’heure du bilan, nul ne saura se glorifier d’une année blanche. Faites en sorte, Monsieur le Président, que l’année scolaire 2018-2019 ne soit pas blanche et que l’opinion commence à percevoir les premiers signes de vos promesses d’investissements considérables dans la refondation de notre système éducatif et de formation. Et cela pour le bonheur de la jeunesse et l’honneur du Maliba.
Chaka Doumbia
Le challenger