” Le rôle de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem) dans la lutte contre la violence en milieu scolaire ” était le weekend dernier au centre des échanges du Carrefour d’opinion Faso Baro, organisé par le Réseau des jeunes pour la paix au Mali (Rjpm). Une occasion mise à profit par le secrétaire général de l’Aeem, Abdoul Salam Togola, de dire ses quatre vérités sur les causes de la violence en milieu scolaire, tout en faisant des propositions.
Autre le représentant du maire de la commune V, Mme Coulibaly Oumou Coulibaly et le président du Rjpm, Tiéoulé Djigui Sidibé, ils étaient très nombreux à prendre part à cette conférence qui s’est déroulée devant le siège de l’Aeem à Badalabougou. Ils, ce sont les membres du bureau de Coordination de l’Aeem et du Rjpm.
A travers l’instauration de ce débat, il s’agissait pour le Rjpm d’apporter sa pierre dans la pacification de nos espaces scolaires. C’est pourquoi, dans son exposé liminaire, le premier responsable des élèves et étudiants du Mali a touché du doigt les difficultés dont souffre l’école malienne. Après avoir fait un bref rappel historique de leur association qui a vu le jour en 1990, M. Togola de poursuivre que cette association s’est donné pour mission de défendre les intérêts des élèves et étudiants et donner leur avis sur les grandes orientations concernant les études.
C’est dans ce cadre qu’il s’est réjoui de la vulgarisation des établissements scolaires et des infrastructures adéquates. “C’est grâce au combat de l’Aeem que les nouveaux bacheliers n’ont plus de soucis par rapport à leur orientation. Auparavant l’Etat avait mis un système de quota, toute chose que nous avons jugée injuste. Maintenant, tous les étudiants parviennent à s’inscrire” s’est réjoui Abdoul Salam Togola.
Ce n’est pas tout, il a rappelé aussi que c’est l’Aeem qui se bat chaque année pour que les étudiants puissent avoir les trousseaux et les bourses à temps.
S’agissant de la violence en milieu scolaire, le premier responsable des élèves et étudiants du Mali s’est dit outré par le fait que leur association est accusée à tort, tandis que ce sont ses membres qui sont surtout victimes de ces actes ignobles. “Les difficultés que nous avons sont énormes. Nous sommes en train de faire de notre mieux pour que ces difficultés dont la violence puissent être résolus, sauf que le tout n’est pas à notre niveau. C’est vrai que chaque acteur a une part de responsabilité, mais nous le disons haut et fort, l’Aeem a fait de son mieux pour lutter contre ces actes de violence. Nous avons demandé de mener des sensibilisations sur les dangers de la prolifération des armes légères en milieu scolaire et bien d’autres activités, mais malheureusement nous n’avons pas été écoutés” a soutenu Willy.
Il a aussi souligné que leur regroupement a fait des campagnes de sensibilisation, invitant les élèves et étudiants à ne pas porter d’armes dans les établissements. A l’en croire, l’Aeem est partie jusqu’à mettre sur place une commission de sécurité chargée d’épauler les forces de l’ordre dans la sécurisation des espaces. “Car contrairement à ce beaucoup pensent, l’Aeem n’est pas responsable de ces violences, mais elle est plutôt victime car ce sont les étudiants qui sont dépouillés de leurs biens, blessés, des jeunes filles ont été même violées” a fait savoir le secrétaire général de l’Aeem.
“Si on ferme les lieux de vente d’armes, il n’y aura plus d’armes dans les espaces scolaires”
S’agissant toujours des causes de la violence en milieu scolaire, il a pointé également un doigt accusateur vers les parents d’élèves et les autorités. “Les armes qui sont utilisées dans les espaces scolaires ne sont pas fabriquées dans nos écoles. Ceux qui disent qu’il n’y avait pas d’arme à feu dans les espaces scolaires dans les années 1990, je leur réponds qu’à cette période aussi les armes à feu ne circulaient pas facilement. Aujourd’hui, les gens sont tués à longueur de journées pour leur moto. Est-ce la responsabilité de l’Aeem ? Si on ferme les lieux de vente d’armes, vous ne verrez plus aucune arme dans les espaces scolaires ou dans nos rues” a fait savoir le conférencier.
Il a par la même circonstance invité les parents d’élèves à faire en sorte que leurs enfants puissent être des modèles dans la société. Pour le patron de l’Aeem, leur effort a permis aujourd’hui de faire en sorte qu’il y ait moins de violence dans les espaces scolaires. “On peut faire cinq à six mois sans parler de violence dans nos écoles. Tout cela grâce à notre effort. Par contre, il y a des cas isolés de violences comme ce fut récemment le cas sur la colline de Badala dans une université où un étudiant a perdu la vie. Pour rappel, le jour où cet étudiant a été tué dans une faculté, une semaine plus tard, une autre personne a perdu la vie à Koulouba par des faits de violence. Tandis que tout le monde sait que Koulouba c’est l’extrême sécurité. Sans oublier qu’une personne a tué aussi sa sœur avec une arme à feu à Faladié “ a rappelé le conférencier.
“C’est l’Aeem qui a épaulé les forces de l’ordre pour découvrir les caches d’armes”
Il a saisi cette occasion pour remercier les élèves et étudiants du Mali qui ont joué, selon lui, un rôle central lors de la découverte de caches d’arme après la mort récente d’un étudiant. “Ce sont nos camarades qui guidaient et épaulaient les policiers pour trouver ces caches d’armes. Je pense que notre bureau doit être même félicité pour la simple raison que c’est la première fois que les étudiants se soumettent entièrement à des fouilles, ce qui marque notre bonne volonté dans la sécurisation de nos espaces scolaires. C’est à l’issue de ces fouilles que les forces de l’ordre ont même su que beaucoup de personnes étaient sur la colline, mais ne sont pas des étudiants. Nous, nous ne sommes pas des policiers ou des juges” a-t-il soutenu. En tout, pour Willy, ce n’est pas en déployant des milliers de policiers qu’on parviendra à mettre fin à la violence en milieu scolaire. C’est pourquoi, il a préconisé davantage que chaque acteur de la chaine, élèves et étudiants, parents d’élèves et autorités jouent leur partition, chacun en ce qui le concerne.
“Excepté les quêtes, l’Aeem n’a aujourd’hui aucune source de revenu”
Cette rencontre de Faso Baro a permis aussi aux responsables des élèves et étudiants de démentir les liens entre leur association et les hommes politiques. “Ceux qui nous taxent d’être avec les hommes politiques, pour eux, quand tu n’es pas avec eux, tu es contre eux. Certains vont jusqu’à dire que ce sont les hommes politiques qui élisent nos bureaux” a fait savoir Willy
Lors des débats, il a démenti d’un revers de la main les informations, selon lesquelles, tout le problème de l’Aeem se résume au contrôle de ses sources de revenus. “Je démens catégoriquement ces informations. Excepté les quêtes, l’Aeem n’a aucune source de financement aujourd’hui car depuis 2010, l’Aeem et l’Etat malien ont signé un contrat qui permet à notre association de rétrocéder tout ce qu’on gérait au Centre national des œuvres universitaires” a précisé Abdoul Salam Togola dit Willy.
S’agissant des parkings au niveau de certaines universités, il a ajouté que ces parkings ont été aménagés par l’Aeem et non par l’Etat. Cela, dans le souci de sécuriser les motos des étudiants. “Par contre, certains font comme si ce sont des millions de Fcfa que nous gérons dans ces parkings qui ne rapportent que 50 Fcfa par moto” a indiqué le conférencier.
Pour ce qui les a motivés pour ne pas participer au forum sur la violence en milieu scolaire, Abdoul Salam Togola de souligner que “cette rencontre était un folklore qui n’a servi à rien d’autre qu’à gaspiller les ressources financières. Sinon l’argent englouti à cette rencontre pouvait résoudre certains problèmes de l’école malienne. Aussi, depuis des années, nous avons fait aussi des propositions pour résoudre ces problèmes, mais sans succès car nos préoccupations n’ont pas été prises en compte ” a -t-il répondu.
Il faut ajouter que du représentant du maire de la commune V, au président du Rjpm, Tiéoulé Djigui Sidibé, tous ont salué les propos “responsables” du secrétaire général de l’Aeem quant à sa détermination de lutter contre la violence en milieu scolaire. Aussi, le président du Rjpm a salué la disponibilité du nouveau ministre de l’Education, Housseyni Amion Guindo, qui s’est dit disponible à les accompagner dans leur combat d’un espace scolaire sans violence. Il sied de préciser que le Rjpm avait lancé un projet de sensibilisation et d’information sur la lutte contre la violence en milieu scolaire et qu’avant Willy, des personnalités comme Moussa Mara, Oumar Mariko… ont été les conférenciers de Faso Baro du Rjpm.
Kassoum THERA
Source: Aujourd`hui mali